Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 18 Septembre 2024
Continuant petit à petit d'affirmer certaines choses en elle au gré de ses nombreuses interrogations, Asa semble dans une bonne phase, en étant même assez inspirée pour l'écriture des paroles de sa chanson, comme si elle se découvrait ce qu'on appelle un talent, et tout en se questionnant sur cette notion de talent en observant les "gens intelligents" (encore une étiquette) comme Minori ou Chiyo. Mais hélas, à l'heure où l'été s'installe, l'inspiration est justement tout ce qui manque à Makio: l'écrivaine est en panne sèche d'inspiration pour son nouveau roman, qu'elle ne sait pas du tout comment démarrer, comme si son talent s'était éclipsé. Et en voulant l'aider quitte à demander quoi faire à Kasamachi et aux autres, la lycéenne, nourrie par ses expériences récentes, s'interroge alors de plus belle sur de nouveaux sujets. Qu'est-ce que le talent ? Qu'est-ce qui différencie les gens qui baissent les bras de ceux qui s'accrochent ? Et pourquoi écrire des romans ?
Si elles occupent pas mal le volume, ces questions et leurs possibles réponses sont loin d'être les seules à être au coeur de ce tome, tant chaque expérience, chaque discussion pousse en premier lieu Asa à réfléchir et à tirer des leçons pour mieux avancer sur sa propre voie. Ainsi sera-t-il question de nombreuses choses. Une nouvelle fois les relations humaines, bien sûr, notamment via l'envie d'éviter de déplaire aux autres (c'est le cas de Kasamachi, qui préfère éviter de déplaire à Makio plutôt que de se faire aimer d'elle), où via l'impossibilité de partager avec autrui certaines émotions car elles n'appartiennent qu'à nous. Mais aussi l'identité, entre l'idée d'avoir conscience de la personne qu'on est, et le désir de devenir la personne qu'on veut être. Ou encore la question de l'avenir, entre le sentiment de ne pouvoir aller nulle part à un moment donné, le besoin d'avancer, et l'idée que l'on pourra toujours comprendre plus tard, en évoluant, des choses que l'on ne comprend pas dans l'immédiat. Sans oublier, tout simplement, l'acte d'écrire et de laisser des romans et autres témoignages derrière soi.
Tomoko Yamashita emballe tout ça dans une nouvelle merveille d'écriture, où chaque réflexion est bien agencée et nuancée. Mieux encore, la mangaka livre quelques bijoux de mise en scène, à l'image de l'entièreté du chapitre 42 se centrant sur Asa puis sur Makio au fil des cases identiques, et a aussi la bonne idée de se recentrer un peu plus sur ses deux héroïnes et sur leur lien.