Entre les lignes Vol.6 : Critiques

Asa a fait son deuil, en ayant enfin réussi à pleurer la mort de ses parents. La voici alors prête à retourner au lycée, après une dizaine de jours d'absence pendant lesquels il s'est passé pas mal de choses, notamment du côté du club de musique pop où, en vue d'un concert des première année, on lui demande si elle se sent apte à écrire des paroles pour une chanson originale. Et il ne s'agit là que d'une des petites épreuves de l'adolescente, qui doit aussi se confronter à ses difficultés à parler à la psy du lycée, à la question de l'orientation scolaire la poussant à commencer à s'interroger sur ce qu'elle veut devenir, ou encore à l'arrivée de la Saint-Valentin qui la fait se questionner sur les sentiments amoureux, ces sentiments qui animent nombre de personnes alors qu'elle-même n'en ressent toujours pas

Dans le même temps, la démotivation se fait sentir chez Makio, qui est tout simplement en panne d'inspiration dans son travail d'écrivaine. malgré les conseils des uns et des autres, elle peine actuellement à aligner les mots par écrit. Est-ce dû à son côté solitaire et donc à son possible manque d'échanges avec autrui, alors que l'on dit souvent que discuter avec les autres et les observer est une excellente source d'inspiration ?

"Est-ce que si je continue à donner de l'eau à ma solitude, il est possible qu'elle fasse naître une fleur au coeur de la nuit ?"

D'un côté, une Makio qui se confronte aux affres de sa vie professionnelle. De l'autre côté, une Asa qui, entre autres, doit faire un pas vers ce que l'on appelle la vie adulte, au vu de ses interrogations sur ce qu'elle veut devenir et sur les sentiments. Tomoko Yamashita aborde ici des sujets tout à fait classiques puisqu'ils sont de ceux qui animent la vie de n'importe qui, mais une nouvelle fois elle aborde l'intimité de ses héroïnes avec une grande qualité d'écriture, où divers événements poussent Makio et Asa à s'interroger sur un paquet de choses sur lesquelles la mangaka reste très réaliste et nuancée, tant ses personnages apparaissent complexes et n'ont jamais des facettes totalement tranchées. Et c'est aussi quelque chose que l'on ressent avec beaucoup de puissance chez un autre personnage: Emiri, figure centrale de tout un chapitre, dont on entrevoit subtilement les sentiments, et dont on découvre avec intérêt une partie du regard qu'elle pose sur son amitié avec Asa. Le tout reste, également, soigneusement ponctué par les souvenirs persistants sur les défunts parents d'Asa, les focus sur les liens désormais indéfectibles entre elle et Makio, et les vertus que pourrait avoir l'écriture, en particulier ici via les paroles que la lycéenne doit écrire pour la chanson du club. Ressentira-t-elle le besoin de s'y exprimer, d'y glisser un message, ou pas du tout ?

On se régale toujours à la lecture d'Entre les lignes, tranche de vie qui continue de sonder à merveille les interstices de ses personnages à travers une réelle finesse d'écriture.