Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 04 Octobre 2024
Asa est déjà en troisième année de lycée, avec tout ce que ça peut impliquer concernant son avenir. D'un côté, l'adolescente, tout en se décidant sur ce qu'elle souhaite faire après le lycée, reste dans le doute quant à la poursuite de son quotidien chez sa tante Makio: celle-ci accepterait-elle qu'elle reste encore un peu chez elle, ou doit-elle prendre son indépendance dès la fin de ses années lycéennes ? Et de l'autre côté, l'écrivaine aux difficultés relationnelles se demande jusqu'où elle peut intervenir dans la vie de sa nièce, ce qu'elle peut faire pour elle... Mais une chose est sûre: au contact l'une de l'autre pendant ces quelques années, elles ont mutuellement bouleversé leur façon de vivre. Si bien que l'heure est peut-être venue, à leur manière, d'essayer de mieux exprimer leur ressenti profond, par la parole, ou par l'écriture si la parole n'est pas suffisante.
"Dis Minori... Est-ce que je peux m'attacher à ta fille chérie ?"
Avec ce onzième tome, l'heure est venue pour la profonde tranche de vie de Tomoko Yamashita de tirer sa révérence, au fil de dernières dizaines de pages où la mangaka ne perd jamais l'essence de son oeuvre: à travers les introspections et, surtout, les diverses discussions, sans céder aux ficelles émotionnelles habituelles, la mangaka sonde jusqu'au bout ses personnages et en particulier, bien sûr, Asa et Makio, non sans évoquer encore le lien à la fois difficile et impossible à effacer qu'elles avaient avec les défunts parents de la lycéenne. Et à l'heure où leur vie commune pourrait connaître un tournant, il est temps pour elles d'essayer de faire le point sur ce qu'elles représentent l'une pour l'autre.
L'écriture de la mangaka reste vraiment le grand point fort de la série, jusqu'au bout, tant Tomoko Yamashita maîtrise sa plume, y compris quand il s'agit de nous montrer en retenue une Makio qui craque enfin. Et en plus de s'arrêter au bon moment, après avoir abordé tout ce qui lui tenait à coeur autour de ses héroïnes, la mangaka sait toujours distiller un grand nombre de sujets aptes à toucher tout le monde: l'amour familial, les relations et leurs difficultés, le rapport à la mort ou à la solitude, la dureté d'exprimer ce que l'on ressent exactement et réellement... sans oublier les vertus de l'écriture, permettant souvent d'évacuer et de transmettre ce que l'on n'arrive pas à dire par la parole, chose que les dernières pages abordent très joliment.
Il s'agit donc d'une dernière ligne droite très réussie pour cette oeuvre tout en subtilité. Jusqu'au bout, Tomoko Yamashita excelle quand il lui faut sonder avec réalisme les interstices des relations humaines, quitte à être parfois éprouvante. On dit ici au revoir à Asa, à Makio et à leur entourage avec une certitude: Entre les lignes restera l'une des plus fortes merveilles d'écriture de ces dernières années.