Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 01 Octobre 2021
Voici désormais quelque temps qu'Asa, suite à la disparition brutale de ses deux parents, a trouvé refuge chez Makio, sa tante, écrivaine trentenaire qu'elle n'avait quasiment jamais vue tant elle s'entendait mal avec sa propre soeur. Makio n'a pas sa langue dans sa poche, a parfois de mots pouvant paraître durs envers la jeune fille... mais derrière ces mots se cachent surtout une certaine maladresse mêlée de franchise et, surtout, des paroles pouvant parfois résonner fortement en l'adolescente. C'est ainsi que ces deux êtres meurtris tâchent, petit à petit, de vivre ensemble... en arrivant bien vite à une inévitable étape: aller ranger la maison où habitait l'adolescente, cette maison où se trouvent encore tant de traces des deux défunts...
Tout le passage dans la maison des Takumi, ouvrant le volume, a quelque chose d'assez fort, ne serait-ce qu'en soulignant la manière dont la vie s'y est arrêtée si abruptement. Une serviette qui n'a jamais pu être rangée, une chemise qui n'a jamais pu être apportée au pressing, des plantes mortes car elle n'ont plus pu être arrosées... Des objets du quotidien pour lesquels tout s'est soudainement arrêté, en même temps que la vie des parents d'Asa. Et pourtant, les sentiments ressentis par l'adolescente et, plus encore, par Makio, sont hautement contradictoires par rapport à la situation.
"Tandis que je m'éloigne, chacun de mes pas résonne comme un adieu. Je n'arrive pas à croire que j'éprouve si peu de tristesse."
Tandis qu'Asa ne pleure toujours pas, guidée par les mots de sa tante comme quoi ce qu'elle éprouve n'appartient qu'à elle et qu'elle n'a pas à se forcer, Makio, elle, apparaît toujours aussi complexe et humaine jusque dans ses limites, incapable de ressentir du chagrin face à la disparition d'une soeur qui lui en a tant fait voir et qu'elle a donc toujours détestée, quand bien même elle faisait partie de sa famille.
Cependant, là où Asa pourrait bien finir par craquer, c'est dans l'étape suivante de son nouveau quotidien: son obligation de retourner au collège pour récupérer son diplôme. Une fois sur place, elle constate que tout le monde est au courant du drame qui l'a touchée alors qu'elle voulait ne faire aucune vague, ne pas être vue comme "celle dont les parents sont morts". Et la personne à l'origine de l'information n'est autre que sa plus proche amie Emiri, qui en a accidentellement parlé... Cette dernière a beau chercher encore encore à s'excuser, les larmes au yeux, la colère d'Asa est telle qu'elle lâche des mots extrêmement durs, l'adolescente ne nous ayant encore jamais semblé si caractérielle auparavant, ce qui donne une bonne idée de ce qu'elle peut ressentir face à cette situation. Son amitié avec Emiri va-t-elle s'achever d'une façon aussi cruelle, ou le pardon sera-t-il possible ? La façon dont la mangaka Tomoko Yamashita décante les choses est vraiment fine, dans la mesure où Asa, pour faire la part des choses et bien prendre conscience de toute l'importance qu'Emiri a pour elle, va pouvoir s'appuyer sur sa compréhension de l'amitié que sa tante a depuis longtemps avec sa meilleure amie, Nana, alors que les deux femmes sont si différentes.
Dans ces premières étapes de la nouvelle vie commune d'Asa et de Makio, la mangaka brille alors souvent dans sa façon de décortiquer ses deux héroïnes. Asa n'éprouve toujours pas l'envie de pleurer la mort de ses parents, et s'emporte à l'extrême contre Emiri, entre autres petits problèmes. Quant à Makio, sa détestation de sa défunte soeur est toujours là, son côté très solitaire fait qu'elle a des propos souvent très cash et qu'elle ne cache pas son agacement dans des situations où elle est censée être plus attentive (comme quand elle dit sans détour à sa nièce que quelque chose la barbe)... Les deux filles ont leurs limites, et pourtant, en filigranes ("entre les lignes", comme dirait le titre français bien trouvé de la série), elles apparaissent toujours humaines dans ce que l'on réussit à comprendre d'elles. Leur vie ensemble s'annonce alors riche en évolutions et en enseignements sur la longueur, et c'est quelque chose que l'on ressent encore dans les étapes suivantes du tome, comme la première rencontre d'Asa avec Daigo (l'ex de Makio, resté son ami), la découverte des deux autres copines de l'écrivaine, et des situations anodines aboutissant sur des réflexions plus profondes (à l'image de la discussion sur les bentô qui amène des réflexions sur la relation parent/enfant, et sur la différence entre élever un enfant et réellement l'aimer).
"Le regard d'un loup séparé de sa meute. Sa meute, je n'avais pas encore le droit d'y entrer. Moi qui avais pourtant perdu la mienne."
Finement écrite, la tranche de vie de Tomoko Yamashita continue, petit à petit, de gagner en intérêt, et ça ne devrait aucunement changer par la suite.
Tout le passage dans la maison des Takumi, ouvrant le volume, a quelque chose d'assez fort, ne serait-ce qu'en soulignant la manière dont la vie s'y est arrêtée si abruptement. Une serviette qui n'a jamais pu être rangée, une chemise qui n'a jamais pu être apportée au pressing, des plantes mortes car elle n'ont plus pu être arrosées... Des objets du quotidien pour lesquels tout s'est soudainement arrêté, en même temps que la vie des parents d'Asa. Et pourtant, les sentiments ressentis par l'adolescente et, plus encore, par Makio, sont hautement contradictoires par rapport à la situation.
"Tandis que je m'éloigne, chacun de mes pas résonne comme un adieu. Je n'arrive pas à croire que j'éprouve si peu de tristesse."
Tandis qu'Asa ne pleure toujours pas, guidée par les mots de sa tante comme quoi ce qu'elle éprouve n'appartient qu'à elle et qu'elle n'a pas à se forcer, Makio, elle, apparaît toujours aussi complexe et humaine jusque dans ses limites, incapable de ressentir du chagrin face à la disparition d'une soeur qui lui en a tant fait voir et qu'elle a donc toujours détestée, quand bien même elle faisait partie de sa famille.
Cependant, là où Asa pourrait bien finir par craquer, c'est dans l'étape suivante de son nouveau quotidien: son obligation de retourner au collège pour récupérer son diplôme. Une fois sur place, elle constate que tout le monde est au courant du drame qui l'a touchée alors qu'elle voulait ne faire aucune vague, ne pas être vue comme "celle dont les parents sont morts". Et la personne à l'origine de l'information n'est autre que sa plus proche amie Emiri, qui en a accidentellement parlé... Cette dernière a beau chercher encore encore à s'excuser, les larmes au yeux, la colère d'Asa est telle qu'elle lâche des mots extrêmement durs, l'adolescente ne nous ayant encore jamais semblé si caractérielle auparavant, ce qui donne une bonne idée de ce qu'elle peut ressentir face à cette situation. Son amitié avec Emiri va-t-elle s'achever d'une façon aussi cruelle, ou le pardon sera-t-il possible ? La façon dont la mangaka Tomoko Yamashita décante les choses est vraiment fine, dans la mesure où Asa, pour faire la part des choses et bien prendre conscience de toute l'importance qu'Emiri a pour elle, va pouvoir s'appuyer sur sa compréhension de l'amitié que sa tante a depuis longtemps avec sa meilleure amie, Nana, alors que les deux femmes sont si différentes.
Dans ces premières étapes de la nouvelle vie commune d'Asa et de Makio, la mangaka brille alors souvent dans sa façon de décortiquer ses deux héroïnes. Asa n'éprouve toujours pas l'envie de pleurer la mort de ses parents, et s'emporte à l'extrême contre Emiri, entre autres petits problèmes. Quant à Makio, sa détestation de sa défunte soeur est toujours là, son côté très solitaire fait qu'elle a des propos souvent très cash et qu'elle ne cache pas son agacement dans des situations où elle est censée être plus attentive (comme quand elle dit sans détour à sa nièce que quelque chose la barbe)... Les deux filles ont leurs limites, et pourtant, en filigranes ("entre les lignes", comme dirait le titre français bien trouvé de la série), elles apparaissent toujours humaines dans ce que l'on réussit à comprendre d'elles. Leur vie ensemble s'annonce alors riche en évolutions et en enseignements sur la longueur, et c'est quelque chose que l'on ressent encore dans les étapes suivantes du tome, comme la première rencontre d'Asa avec Daigo (l'ex de Makio, resté son ami), la découverte des deux autres copines de l'écrivaine, et des situations anodines aboutissant sur des réflexions plus profondes (à l'image de la discussion sur les bentô qui amène des réflexions sur la relation parent/enfant, et sur la différence entre élever un enfant et réellement l'aimer).
"Le regard d'un loup séparé de sa meute. Sa meute, je n'avais pas encore le droit d'y entrer. Moi qui avais pourtant perdu la mienne."
Finement écrite, la tranche de vie de Tomoko Yamashita continue, petit à petit, de gagner en intérêt, et ça ne devrait aucunement changer par la suite.