Ensemble jusqu'à la fin du monde : Critiques

Après le récent « Trop jeune pour moi » de la même auteur, voilà un petit one shot qu’elle nous propose sur le thème des amours adolescentes. Original, n’est ce pas ? On sait alors dores et déjà que ce manga ne restera pas dans l’histoire, ni même dans nos mémoire, car trop court et traitant d’un thème maintes et maintes fois abordé. Le one shot n’est pas vraiment le meilleur format pour l’amour et il vaut mieux prendre le temps d’approfondir un peu les choses. Surtout qu’ici, on découvre non pas une mais quatre histoires ! Impossible, donc, pour l’auteur de nous servir une narration construite et un scénario complexe, c’est maintenant une certitude. On s’attend à quoi, alors ? A une succession de bons sentiments, toujours identiques même si les situations ne sont pas les mêmes, qui ne prennent pas le temps de s’intéresser vraiment à la psychologie et à la construction des protagonistes et de leur histoire d’amour. On commence par l’histoire de Natsume et Setsu, qui se comprenaient parfaitement bien en étant sur la même longueur d’ondes ... jusqu’à ce que Setsu décède dans un accident de voiture, envoyant un mail vide à Natsume. Commençant là-dessus, on se demande où l’auteur veut en venir et tout n’est qu’une affaire de rétrospective et de souvenirs, expliquant l’importance du mail, la particularité de leur relation ... et nous permettant de comprendre un peu mieux. C’est sans doute la meilleure histoire des trois, donnant son nom au recueil.

En effet on y croise tendresse, sincérité et fragilité dans un cocktail bien trop court mais qui a tout de même le mérite de les effleurer. C’est mieux que rien. La seconde histoire nous emmène dans le monde du baseball lycéen, où une jeune fille amoureuse va tout tenter pour sortir avec l’élu de son cœur ... qui accepte. Mais que cache-t-il derrière son sourire, quelle est cette mélancolie qui lui étreint le cœur ? Hors de question e trainer ça ! Anecdotique, ce chapitre n’a rien de bien pertinent et il nous laisse de marbre sur la profondeur des sentiments exposés. On ne se sent pas du tout concerné par l’envie de persévérer de la jeune fille, et le rêve de son cher et tendre ne nous émeut pas plus que cela. L’histoire suivante est plus intéressante, avec un étrange couple où le garçon ressemble à une jolie fille et où la demoiselle a tout du garçon manqué ! Un sympathique speech qui permet d’aborder avec rapidité mais sincérité le problème de l’apparence et du jugement, facile même quand on a appris à le subir et à en comprendre les répercussions. L’évolution de ces deux jeunes gens est plus touchante, car on se représente bien mieux leurs soucis, puisque matérialisés dans leurs apparences respectives. Enfin, la dernière histoire « en attendant la neige » n’a rien de transcendant, et à l’instar de la seconde n’apporte pas grand-chose à l’ensemble. Deux jeunes gens qui sont / ne sont pas, rayer la mention inutile, de la même famille s’étaient promis de s’aimer si la neige tombait le jour de Noël. Et comme des imbéciles ils l’attendent depuis des années. Crédible. Poétique, sans doute -et encore- mais absolument ridicule et pas du tout émouvant. Juste puéril et décevant.

Les graphismes, eux, ne sont pas désagréables à regarder il faut bien l’avouer. Mais rien d’extraordinaire, loin de là. Pire, on fait le rapprochement avec bien d’autres shojos du même type qu’on aurait déjà lus, c’est dire si l’originalité en est désespérément absente. Des visages fins, trop fins. Des yeux ronds, trop grands pour les demoiselles. Des coiffures basiques, des corps filiforme, aucune rondeur, aucun style, rien. Des petites fleurs en fonds, ou des étoiles, des larmes dans les yeux, du rouge sur les joues ... Bref, le tableau habituel en somme. Si l’on n’y voit aucun détail raté et aucun dessin que l’on pourrait qualifier de « moche » ce n’est pas pour autant esthétique. Soleil aurait pu faire un peu plus d’effort au niveau de l’adaptation des onomatopées, mais à part ça c’est un travail standard que l’éditeur rend ici. Bref, un one shot qui n’a vraiment rien de bien particulier pour lui et dont on se passe sans souci, même s’il est frais et sympathique. C’est définitivement un moment d’échappatoire, et il n’est pas certain que l’on soit prêt à payer autant pour quelques minutes de détente sans conséquence ni suite ...

NiDNiM