Enfer et contre toutes Vol.3 : Critiques

Kana, Yûri et Nao ont trouvé dans leur colocation un véritable cocon réconfortant et positif, leur mettant de parler de tout et de rien et d"échanger leurs points de vue sur nombre de sujets, elles qui n'avaient au premier abord rien en commun. Et au fil de ce troisième et dernier volume, les choses ne vont pas fondamentalement changer entre elles, bien au contraire, alors même qu'elles sont placées, chacune à leur manière, face à une perspective: l'idée que cette colocation pourrait prendre fin un jour.

Cette idée, ce sont essentiellement les hommes de leur entourage qui vont l'appuyer. D'un côté, Kana, qui avait décidé de faire un break dans sa relation avec Ishihara mais qui recherche en même temps son réconfort, doit faire face à la proposition du jeune homme d'emménager avec lui. De l'autre côté, Yûri, qui semble soudainement dans une période de succès avec le sexe opposé alors qu'elle a toujours fui les relations amoureuses, est mise face à l'idée de vieillir seule. Quant à Nao, l'une de ses nouvelles conquêtes ose lui dire sans tact, en la prenant inconsciemment de haut, que sa manière de mener sa vie ne pourra plus durer quand elle sera devenue trop âgée.

Mais si, forcément, chacune de nos héroïnes se tourmente et s'interroge sur tout ça, c'est surtout à travers leurs habituelles discussions qu'elles vont tâcher de faire le point avec franchise, de partager leurs visions des choses en ne jugeant aucunement les points de vue différents des leurs, pour un résultat qui est toujours positif, d'autant que les notes d'humour ne sont une nouvelle fois jamais loin. Bien sûr, tout ceci permet à Akane Torikai d'offrir un portrait assez critique de la société patriarcale, en nous offrant trois héroïnes qui continuent de se démener et de rester elles-mêmes face aux normes sociales qui sont les plus courantes et qui sont généralement érigées par des hommes, et il y a ainsi un véritable plaisir à voir Kana, Yûri et Nao déconstruire ces normes à travers leur colocation. Mais Torikai va encore plus loin que ça, en nous parlant bien souvent, de manière plus générale, des rapports humains, de la tendance à juger les autres selon ses propres valeurs/normes, et du besoin de justement sortir de ça pour cultiver ces différences de points de vue et s'en enrichir.

En résulte un très bon dernier volume, d'autant qu'Akane Torikai offre un final aussi simple que juste dans sa mise en avant de cette colocation et de ce qu'elle représente pour les trois héroïnes. Dans une tonalité moins grave mais tout aussi profonde que ses autres oeuvres, la mangaka livre un récit de société très réussi et propice à de nombreuses réflexions.