Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 21 Octobre 2024
Alors qu'elle profite d'un temps de répit et de chaleur chez le grand-père de Takara, notamment au contact d'un chat qu'elle a autrefois sauvé, Sachi est ramenée à la réalité : la discussion sur sa grossesse entre les deux familles est anticipée. Dans ce véritable face-à-face où chacun exprime ses émotions et ses opinions, tous semblent oublier l'essentiel : Sachi. Pourtant, le choix est bien le sien, et la jeune fille comprend l'importance de la décision définitive qu'elle doit prendre...
L'intensité monte dans ce troisième volume qui démarre par l'inéluctable : la "confrontation" entre les familles de Sachi et de Takara sur un sujet qui concerne pourtant le couple dans sa plus stricte intimité ainsi que le corps de la jeune fille : sa grossesse. Un segment que Aoi Mamoru aborde avec la finesse qu'elle démontrait déjà dans les deux premiers volumes tant ce moment phare n'a rien de grossier, mais semble particulièrement juste et limpide. Les avis et les discours s'entrechoquent naturellement, traduisent tant de points de vue sur la question que n'importe qui pourrait avoir, sans jamais vouloir le pathos, mais cherchant plutôt à dépeindre des opinions censées sans donner une réponse stricte et une morale absolue. Ou plutôt, le tome oriente le récit vers un message indéniable : le choix est celui de la concernée, de Sachi, et c'est autour de ses prises de conscience comme de ses sentiments que tout doit se jouer. L'intimité de la demoiselle est sans cesse mise en évidence par la mangaka, que ce soit dans ses décisions ou dans ses rapports chaleureux et puissants avec Takara, des moments d'ailleurs toujours aussi poignants grâce à à l'esthétique très pure et blanche que dépeint la mangaka. À ce titre, les dernières pages s'avèrent particulièrement émouvantes, tout en sobriété, grâce à l'art d'Aoi Mamoru.
"L'enfant en moi" ne cesse donc de montrer sa qualité. L'autrice développe certes un récit divertissant pour ses enjeux, mais elle apporte un vrai soin dans l'écriture de ses personnages, dans leurs nuances derrière des discours qui peuvent sembler froids de prime abord, et dans une volonté de mettre à l'honneur le parcours intime des deux protagonistes dans une société qui paraît rude sur le sujet de la maternité chez une adolescente. La lecture reste plaisante, mais surtout puissante à tous ces égards, tout en gardant cette dimension instructive quant au parcours de la grossesse au Japon. À terme, si toutes ces qualités se maintiennent sur la durée, l'œuvre d'Aoi Mamoru pourrait bien être d'intérêt public.