Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 15 Mars 2010

Cornelius en archiviste et historien du manga nous ressort cette série expérimentale de Hayashi qui se veut le témoin d'une époque charnière du Japon.
publié en 1970 dans le magasin indépendant Garo, ce manga se situe donc dans une période de renouveau économique et de perte de l'esprit contestataire des années 60. Le Japon va économiquement pour le mieux en se retrouvant troisième puissance mondiale après des années d'humiliation et d'occupation américaine.
la narration reflète cette incapacité à agir pour une totale liberté politique et culturelle à travers des épisodes melant des icones de l'époque à des moments de profond désespoir moral d'un jeune couple rentré trop vite dans la vie active. l'abandon de l'esprit de révolte pour entrer dans le système d'un confortable matérialisme submerge la conscience de chaque personnage. on laisse les rêves mourir et on devient un rouage de ce boom économique, pour le bien de la patrie au détriment de son bien-être. les ambitions se font petites pour escalader l'échelle sociale. tout cela se trouve dans la vie des deux personnages principaux; Sachiko et ichiro.
le problème est que la narration égare les lecteurs dés les premières pages et cela relève d'une énorme volonté de surpasser des pages graphiquement arides et vides d'émotions pour retrouver toutes les promesses de la préface. Hayashi en privant ses personnages de la moindre expression de plaisir, de colère ou de chagrin, coupe en même temps le lecteur de toute possibilité de rapprochement émotionnel avec les personnages. Un profond ennui s'installe, dés lors rapidement par méconnaissance du contexte, désintérêt du sort des personnages ou du but de ce manga. il y a bien une ressemblance avec "lorsque nous vivions ensemble" mais là où il y avait un vrai mélodrame, nous nous retrouvons avec "élégie" devant trop de sobriété.
il n'explique rien. il ne polémique pas. il ne se rebelle pas, ou si peu. il constate mollement et témoigne d'un état de fait lointain d'un Japon qui après ce boom économique connait aujourd'hui un déclin économique et démographique plus graves que ce triste abandon de valeurs personnelles pour rester dans l'esprit de la ruche.
il est fort louable de la part de Cornelius de chercher à sortir le manga de la médiocrité culturelle qui caractérise encore une bonne partie de ce qui est publié en français. Je crois, hélas, qu'à vouloir hisser le drapeau de la différence trop haut avec ce genre de manga très difficile d'accès, Cornelius ne se perde dans l'élitisme.


néun11septembre


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
neun11septembre
13 20
Note de la rédaction