Eden des sorcières (l') Vol.1 - Actualité manga
Eden des sorcières (l') Vol.1 - Manga

Eden des sorcières (l') Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 29 Novembre 2021

Chronique 2 :

Ki-oon continue de nous proposer des créations originales après Outsiders, et ici on vient surfer sur la vague de la fantasy féerique voire écologique dans la même veine que Ancient Magus Bride, où on suit une jeune fille accompagnée d'une créature fantastique...mais le ton sera sensiblement différent!
On découvre ainsi Yumeji, une artiste Japonaise qui n'a jamais été publiée au Japon et qui fut repéré par Ki-oon pour une publication Française.
Son titre nous fait plonger dans un monde où la magie bien que présente est crainte par la plupart des gens, donnant lieu à une véritable chasse aux sorcières...une plongée dans l'obscurantisme d'un monde parfois cruel, parfois dur mais toujours empreint de poésie!

Il y a bien longtemps, avant même l'apparition de l'humanité, toutes les créatures sur Terre vivaient en harmonie, mais l'arrivée de l'homme a changé la donne, notamment à cause de leur incapacité à comprendre les autres races. Les humains, dans leur grande arrogance ont commencé à maltraiter les autres espèces et la nature, ce qui provoqua une réaction inattendue de la part de cette dernière: elle se retira purement et simplement du monde des hommes, emportant avec elle les animaux!
Désormais les hommes vivent dans un monde aride et désert...à quelques exceptions près, puisqu'il existe des oasis de végétation où se cachent des sorcières! Celles ci sont traquées par les hommes pour leur voler leurs secrets et exterminent le peu d'espoir qu'il reste pour la survie de l'ensemble de la population.
C'est ainsi qu'on découvre Pilly, une jeune sorcière vivant seule dans un cratère isolé avec une vieille femme, elle aussi sorcière, qui lui apprend tout ce qu'elle doit connaître du monde, à commencer par ne pas se mélanger aux autres humains ! Malheureusement, Toura, la préceptrice de notre jeune héroïne, tombe malade et Pilly est contrainte d'aller chercher de l'aide. Elle rencontrera un homme avenant et décidera de lui faire confiance, mais ce dernier rameutera des soldats pour s'emparer des sorcières. Pilly doit fuir à la recherche de l'Eden des sorcières, mais elle ne sera pas seule, puisque d'une graine confiée par Toura, germera Oak, une créature mi animale mi végétale possédant l'apparence d'un loup fantastique!
Le périple de la jeune fille commence et sera semé d’embûches, malgré l'aide de Oak qui semble ne pas l'apprécier...

On comprend rapidement que ce titre va nous plonger dans un conte écologique et fantastique, empruntant bien des choses à notre histoire ancienne ou récente!
La traque des sorcières de la série ne peut évident que faire penser à la chasse aux sorcières menée par l'église il y a quelques siècles, d'ailleurs l'auteure n'hésitera pas à nous montrer une des sorcières du titre mise au bûcher et brûler atrocement sous le regard satisfait des hommes noyées dans leurs certitudes.
Et si la quête de Pilly est d'atteindre le paradis quoi de mieux que mettre en scène l'enfer pour marquer un contraste d'autant plus flagrant? Ainsi on va parcourir un monde sec, gris et triste, où celles qui pourraient apporter un peu d'espoir à ce monde sont traquées et exécutées sans la moindre forme de procès.
Rapidement, si on aurait pu être tenté de faire le parallèle avec d'autres titres tel que The Ancient Magus Bride, l'auteure va nous faire comprendre que le ton est totalement différent, plus sombre, plus pessimiste; et ce malgré l'arrivée de la créature fantastique qui va accompagner Pilly.
On peut dire que la relation s'annonce compliquée entre les deux, puisque Oak estime que sa maîtresse était Toura et qu'il ne doit rien à Pilly, malgré la demande de la première de protéger la seconde. Il est donc bien loin d'être bienveillant et accompagne notre jeune héroïne bon gré mal gré.
La rapprochement des deux protagonistes est donc un enjeu majeur de la série et on attend avec une certaine curiosité de voir comment ils vont s’apprivoiser l'un l'autre (là encore un classique de ce genre de titres qui fleurissent depuis quelques années).

Pilly se présente comme une jeune fille ignorant tout du monde extérieur et de ses us et coutumes, ainsi, c'est par son biais que le lecteur va également découvrir ce monde, elle va servir de prétexte à l'auteure nous pour présenter les différents concepts qui le composent. Cette naïveté apporte une certaine fraîcheur à ce premier tome, mais également une pointe d'humour tant celle ci apparaît perdue dans ses rapports aux autres.
A ses cotés on découvre Oak, une créature majestueuse, à la fois impressionnante et terrifiante, mi animal mi végétal donc, il n'est d'ailleurs pas sans rappeler la loup de Princesse Mononoke (autre conte écologique absolument magnifique). Lui de son coté se montre beaucoup moins ouvert d'esprit que la jeune fille envers les hommes qu'il considère tous comme des ennemis et une potentielle menace.

On a donc un premier volume intrigant, où la poésie côtoie la cruauté des hommes, un récit fantastique nous présentant un monde qu'on ne demande qu'à explorer davantage.

Le trait de l'auteur est vraiment joli, il est très détaillé malgré des arrières plans souvent vides et monotones (ce qui colle avec l'esprit du titre). Elle nous offre des personnages expressifs et reconnaissables mais surtout une créature possédant un superbe design.

Ki-oon nous propose une copie sans défaut, avec une qualité d'édition qu'on leur connaît, avec quelques pages couleurs en ouverture.

Un très bon début qui titille agréablement notre curiosité!


Chronique 1 :

Après le shôjo d'urban fantasy Outsiders en début d'année, les éditions Ki-oon lancent, en ce début de mois de juillet, leur deuxième création originale de 2021: cette fois-ci, place à une aventure de fantasy un brin sombre avec L'Eden des Sorcières. Une série pour laquelle Ki-oon nous invite à découvrir Yumeji, une artiste japonaise passionnée de dessin depuis toujours mais dont le parcours professionnel dans le domaine n'a pas été une sinécure, puisqu'elle n'est pas parvenue à se faire publier au Japon dans un premier temps, si bien qu'elle avait mis de côté ses rêves de mangaka pour devenir puéricultrice, tout en continuant de proposer des travaux de dessins et d'histoires en amatrice sur Pixiv et sur des salons comme le Comiket. Finalement repérée par Ki-oon, elle gère désormais en parallèle son job en crèche et son travail-passion de mangaka. A part ça, soulignons que Yumeji se dit fan d'horreur et de créatures sombres, en ayant été notamment très marquée par la licence vidéoludique Darkstalkers de Capcom et le personnage de Morrigan. Un goût pour l'horreur qui l'a aussi suivie quand elle a eu l'occasion, pendant quelques années, d'être assistante pour plusieurs mangakas dont Ochazukenori, un spécialiste de longue date du registre horrifique que l'on connaît en France pour les mangas Le Manoir de l'horreur et Reincarnation, tous deux parus il y a une quinzaine d'années chez Delcourt.

L'Eden des sorcières nous plonge dans un monde où, autrefois, tous les êtres vivants qui peuplaient la planète Terre communiquaient les uns avec les autres et vivaient en harmonie en se respectant et en respectant leur environnement. Mais ça, c'était avant l'apparition de l'espèce humaine qui, incapable de comprendre le langage des autres êtres vivants, n'hésita jamais à les massacrer. La réponse des plantes fut la plus forte: attristées par le mal fait par l'homme, elles enveloppèrent les animaux pour les protéger, puis se retirèrent en laissant les bourreaux humains à leur triste sort, dans un monde désormais aride, pauvre, dépourvu de végétaux... ou presque. Car dans certains lieux secrets et normalement inaccessibles aux hommes existent des oasis verdoyants tenus par des sorcières. Mais n'imaginez par des sorcières néfastes telles qu'on en voit dans nombre de récits: celles ici présentes, sensibles à la présence des plantes, vouent leur quotidien à s'occuper des végétaux. Et dans son oasis cachée au sein d'un cratère, la jeune Pilly est l'une de ces sorcière. Cette jeune fille rousse, vivant depuis toujours avec sa mentor la vieille Toura, n'est jamais sortie hors de l'oasis, et s'applique jour après jour à développer ses pouvoirs pour le bien des plantes, malheureusement sans grand succès. Mais quand Toura, qui représente tout pour elle, tombe gravement malade, la jeune fille se décide, malgré ses réticences, à quitter son cocon idéal pour essayer de trouver un médicament dans le monde des humains, dont elle ignore. Ce qu'elle ne sait donc pas, c'est que les humains tiennent les sorcières injustement responsables de la disparition des plantes depuis des siècles, et qu'ils leur vouent alors bien souvent une haine quasiment aveugle. Dans une ville humaine, ce sont alors des visions d'horreur se montrant aux yeux de Pilly. Et un drame sanglant plus tard, la voici obligée de quitter son oasis, seule... ou presque. Car Toura lui a confié une précieuse graine qui, selon elle, lui permettra de dénicher l'Eden des sorcières, un jardin verdoyant réservé à l'élite de leur communauté. Et qui plus est, cette graine voit bientôt surgir Oak, une surprenante et imposante créature mi loup- mi-plante, qui sera son guide dans ce monde aride et chaotique...

Avec son univers hostile et aride où la disparition des plantes et la bêtise des hommes ont des accents d'alerte environnementale, L'Eden des sorcières a, d'emblée, de quoi nous rappeler certaines oeuvres incontournable à commencer par Nausicaä de la vallée du vent de Hayao Miyazaki. Et cela tend encore à se confirmer au vu des côtés les plus durs de cet univers, où Yumeji n'hésite pas à être suffisamment crue dans certaines scènes-choc, comme quand une sorcière se fait brûler vive et via ce qui arrive à Toura. La mangaka nous fait bien ressentir l'hostilité d'un monde où Pilly aura fort à faire pour atteindre son paradis, d'autant plus que son nouveau compagnon, Oak, n'est pas forcément tendre non plus avec elle. Le loup-plante a beau avoir été missionné par Toura pour servir de guide à notre héroïne et la protéger, il est pour l'instant loin de la considérer comme sa maîtresse. Alors, nul doute que l'évolution du lien entre la jeune sorcière et l'imposante créature sera un enjeu de l'histoire.

Néanmoins, par rapport à certains de ses illustres prédécesseurs, L'Eden des sorcières offre une héroïne sans aucun doute plus naïve pour l'instant, ce qui s'explique par le fait qu'elle n'était jamais sortie de son oasis et vivait dans une "bulle" avec sa mentor. Cela peut apparaître à double tranchant. D'un côté, la jeune fille pourra parfois paraître beaucoup trop naïve face à certaines rencontres qu'elle pense d'abord amicales, alors que le lecteur, lui, comprendra dès leur première apparition qui seront les méchants (franchement, ils le portent sur leur tête). Mais d'un autre côté, cette naïveté initiale de Pilly lui permet de poser un regard plus innocent sur un monde hostile dont elle a tout à découvrir. Alors, si ses premiers pas à l'extérieur ainsi que ses premières rencontres et épreuves n'offrent aucune surprise, cette façon d'être a quand même un intérêt certain. On suit avec curiosité les premières découvertes dans le monde extérieur par la jeune sorcière, et son comportement met déjà assez bien en exergue deux choses: d'un côté la bêtise globale des hommes qui vouent une haine aveugle et injustifiée envers les sorcières au lieu de se remettre en question, et de l'autre côté certaines nuances. Car au gré de certaines rencontres, Pilly verra déjà que tous les humains ne sont pas aveuglément mauvais... Mais cela, Oak pourra-t-il lui aussi le comprendre ?

Sur le plan visuel, Yumeji livre une copie vraiment jolie et prometteuse. Ca fourmille de détails, autant pour les personnages que pour les décors, et l'utilisation des trames est fine et enrichit encore le rendu. Dans certains designs et certains découpages faisant notamment ressortir les décors omniprésents, il y a de quoi beaucoup penser à L'Atelier des Sorciers de Kamome Shirahama, une oeuvre que Yumeji cite comme une de ses plus grandes références. Le design d'Oak, où se mêlent efficacement bestialité d'un loup et plantes, a quelque chose d'assez fascinant. Et de manière générale, l'artiste, que ce soit dans la part végétale de la créature, dans certains paysages ou dans le rapport étroit des sorcière aux plantes, offre de temps à autre un côté un peu naturaliste que ne renierait pas forcément Daisuke Igarashi, le mangaka favori de Yumeji.

L'Eden des sorcières s'offre alors un début bourré de promesses. Si les débuts du périple de Pilly sont classique et n'ont rien de surprenant, l'univers s'installe très bien et les qualités visuelles sont au rendez-vous. On a ainsi hâte de retrouver la jeune sorcière dans la suite de son périple, de la voir évoluer et sans doute se renforcer, et de voir comment son lien avec le loup-plante Oak ainsi que sa relation avec ce monde hostile avanceront.

Enfin, concernant l'édition, on a une très bonne copie. La jaquette très légèrement granuleuse offre un beau rendu, les 8 premières pages en couleurs sont plaisantes, la qualité de papier et d'impression est excellente, le lettrage est soigné, et la traduction de Géraldine Oudin est très claire.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs