Eclat(s) d'âme Vol.2 - Actualité manga
Eclat(s) d'âme Vol.2 - Manga

Eclat(s) d'âme Vol.2 : Critiques

Shimanami Tasogare

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 22 Août 2018

Critique 2


Au fil de ses visites dans le salon de discussion, Tasuku semble changer petit à petit, tout d'abord parce qu'il y rencontre des gens "comme lui", à commencer par Daichi qui assume bien son amour homosexuel et sa relation avec sa copine. Ainsi, peu à peu, il semble accepter un peu mieux l'amour secret qu'il porte pour son camarade de classe Tôma, et tout simplement s'accepter, d'autant plus que ses activités pour l'association de réhabilitation de vieilles maisons pourrait aussi l'aider dans son épanouissement. Cela dit, il n'a toujours aucune idée de comment se comporter en classe et en société, auprès de ses camarades, de ses proches, et de celui qu'il aime... C'est alors qu'il fait mieux la connaissance de Misora, la plus jeune personne du salon, qui va lui ouvrir encore de nouvelles choses...


S'affichant sur la très belle jaquette aux côtés de Tasuku, Misora est un jeune garçon en dernière année de primaire (ce qui correspond à la 6e en France) qui va être, aux côtés de notre héros, le personnage central de l'ensemble du volume, et dont l'on découvre d'emblée le goût pour s'habiller en fille, mais uniquement au sein du salon. Tout au long du volume, Yuhki Kamatani va nous permettre d'observer un peu plus ce garçon à travers ses discussions avec Tasuku, et une nouvelle l'intelligence de l'artiste est d'aborder la chose sous un angle plein de profondeur, en premier lieu parce que l'on cerne facilement, sans forcer, des choses que le jeune garçon peine à accepter, ou sur lesquelles il a du mal à faire le point: son impossibilité de s'habiller en fille en dehors du salon, ses doutes sur qui il est, sa peur à l'idée que son corps commence peu à peu à changer pour se masculiniser... Tout ceci est évoqué à travers des moments de communication très bien tournés, et de nombreuses questions arrivent à l'esprit de Tasuku. Ce jeune garçon se sent-il fille ? Pourquoi fait-il ça ? Serait-il attiré par les hommes pour faire ça ? Malheureusement, certaines paroles de Tasuku seront parfois blessantes, car légèrement préconçues, alors que notre héros ne pense aucunement à mal. Le jeune Misora, tout en se montrant très vite attachant dans ses incertitudes, s'avérera être un garçon plus complexe à appréhender, et il est assez intéressant de voir qu'ici Tasuku, qui avait peur des préjugés dans le tome 1, en a lui-même dans ce deuxième volume sans forcément le vouloir ni penser à mal. Dans tous les cas, notre héros, malgré ses maladresses dans sa volonté de compréhension, a bel et bien le désir de comprendre sans émettre de jugement hâtif, mais cela reste délicat et Kamatani excelle pour nous faire ressentir ça.


Surtout, à l'issue de tout ceci, il résulte une interrogation forte: à force de vouloir épauler Misora, Tasuku n'en fait-il pas trop ? Ne pousse-t-il pas trop le jeune garçon dans certaines directions ? Là aussi les choses peuvent être très délicates, tant chacun peut avoir sa façon de réagir, et celle en fin de tome de Misora, venant briser brutalement l'ambiance calme et poétique de la série, est très parlante, tout en suscitant forcément une forme d'incompréhension de Tasuku sur le coup. Il en résulte en premier lieu un message fort, autour de l'importance de suivre sa propre voie librement, voire en faisant fi des questions d'identité, comme semble le faire l'hôte toujours aussi énigmatique. Entre Tasuku et Misora, on a deux personne réagissant de façons complètement différentes, preuve que rien n'est moulé à l'avance. Yuhki Kamatani n'impose rien dans les portraits de ses personnages, et se contente de les présenter avec leur histoire, leurs doutes et leur richesse, dans un désir de compréhension forcément complexe.


En filigranes, les autres thèmes restent présents, à commencer par la rénovation de la maison dont Tasuku a la charge. Mais c'est bien le lien de notre héros avec son amour secret Tôma qui semble évoluer, puisque tous deux entrent enfin en contact. Cet aspect sentimental évolue tout doucement avec intelligence, en faisant ressortir les hésitations et tourments de Tasuku, mais aussi en jetant le trouble autour de Tôma, un garçon qui, par ailleurs, apparaît sympathique pour l'instant.


Le récit conserve aussi toutes ses qualités sur le plan visuel. Kamatani régale avec ses designs particulièrement soignés, ses focus sur certaines parties du corps par instants (les yeux vers le début, les lèvres de Tôma qui ont une certaine sensualité déstabilisante pour Tasuku à un moment...), les nombreux petits partis pris symboliques qui ont beaucoup de sens, le soin apporté aux décors au quartier ou de l'intérieur du salon...


L'oeuvre conserve donc ici toute sa justesse, en abordant ses personnages et ses thématiques sous un angle bourré d'intelligence, en invitant facilement à réfléchir et à s'interroger sur nombre de questions LGBT. Cerise sur le gâteau, on ne peut qu'apprécier le petit engagement des éditions Akata qui, jusqu'au 30 septembre 2018, reversent 5% du prix de chaque exemplaire vendu à SOS homophobie. C'est donc le bon moment pour acheter le volume !


Critique 1


Tasuku fait la rencontre de Shûji Misora. Ou plutôt, il se rend compte que le jeune garçon a toujours été présent dans le salon de discussion, sous une toute autre apparence puisque Shûji aime s'habiller en fille quand il n'est pas exposé au regard d'autrui. Malgré le caractère piquant du jeune garçon, Tasuku va se rapprocher de Shûji. Et tandis qu'il accepte maintenant son homosexualité et son amour pour Tsubaki, il va pousser Shûji à accepter ce qu'il est réellement...


Après ce second tome, Éclat(s) d'âme introduit le personnage de Shûji. Ou du moins, il le réintroduit puisque le jeune garçon était présent sous nos yeux, depuis le début, mais sous une toute autre apparence. Il n'est d'ailleurs pas erroné de parler de lui au masculin (pour l'instant en tout cas), Shûji ne voyant actuellement son travestissement que comme un « passe-temps », sans oser aller plus loin.


Les thématiques LGBT du manga de Yuhki Kamatani sont alors développées dans ce second opus qui va au-delà de la question de l'homosexualité, s'intéresser légèrement aux transgenres avec le focus sur le personnage de Shûji. Le personnage se montre particulièrement attachant, d'entrée de jeu : son caractère bien affirmé donne une certaine couleur au jeune homme, et c'est avec une certaine poésie que l'auteur(e) décortique le personnage, ses doutes, ses choix et ce qu'il aimerait être. Pourtant, ai fil des pages, une question peut tarauder : Shûji agit-il librement, ou n'est-il pas un peu trop poussé par Tasuku ? Malgré les beaux moments de douceur que nous offre ce second tome sur le personnage, sa fin donne un grand coup de pied à l'ambiance du récit en plus de soulever une thématique on ne peut plus importante, celle de vouloir s'assumer par sa propre volonté, et non pour obéir à ceux qui nous entourent.


En parallèle, le récit continue de croquer avec douceur le nouveau quotidien de Tasuku, son été aux côtés des membres du salon de discussion, et ses propres dilemmes sentimentaux. Sa relation avec Tsubaki, le lycéen dont il est épris, est aussi mise en avant et continue d'évoluer en même temps que les questionnements du protagoniste. Peut-il vraiment espérer quelque chose ? Tsubaki n'est-il pas hétéro et sans doute en relation avec une fille ? Tasuku peut-il espérer plus alors qu'il n'osait même pas parler à Tsubaki jusque là ? Tant de questionnements mêlés avec cette tranche-de-vie à l'ambiance happante, qui au-delà des thématiques LGBT croque avec beaucoup de tendresse les premiers émois adolescents.


Bien-sûr, les thématiques LGBT gardent leur importance dans ce second tome, et les réflexions de Yuhki Kamatani ont pour mérite de s'étendre aux différentes catégories que regroupe ce terme, en plus d'aborder quelques questionnements généraux. Est-il bon de mettre ces différences au sein de cases puisque l'important est que chacun puisse vivre librement et heureux ? La force de la narration est aussi d'aborder ces sujets sans rien imposer, les personnages apportant simplement leurs idées de manière à nourrir un joli message de liberté. Et quand même bien les premières expériences de Shûji seraient marquées par quelques moments dramatiques, c'est le message qui ressort du titre : chacun devrait être libre de ses actes, et libre d'affirmer ou non ses différences.


Un second opus toujours aussi doux par son ambiance, plaisant par ses personnages attachants et riches par les thématiques exposées. Après Le Mari de mon Frère, les éditions Akata nous proposent bel et bien une pépite autour des questions LGBT.


On notera d'ailleurs le superbe geste de l'éditeur puisque jusqu'au 30 septembre 2018, 5% du prix de ce second tome est reversé à l'association SOS Homophobie, un très bel engagement éditorial prouvant bien qu'Akata veut aussi bien divertir ses lecteurs avec des œuvres riches que faire avancer les choses.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs