Drop Frame Vol.2 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 25 Avril 2018

Critique 2 :

L'été de Junnosuke et de ses amis semblait bien avancer, dans la joie et l'insouciance, sans gros problème. Le projet de film se poursuivait malgré les nombreux caprices de Nozomi, et certains liens forts commençaient à se nouer, en tête celui entre notre héros et la ravissante Lou... jusqu'à ce que Junnosuke, horrifié, retrouve dans une ruelle le corps sans vie de son amie, dépecé, et prenne la fuite jusque chez lui. Et pourtant, le lendemain, alors qu'il s'apprête à dire la terrible nouvelle à Nozomi, Akari et Kumagai, il voit que Lou est là, en parfaite santé. Il a tout simplement fait un horrible cauchemar, semble-t-il. Mais peu à peu, il le sent, quelque chose semble illogique, comme déréglé...

Après un premier volume qui, tout en posant efficacement son cadre et ses personnages, séduisait pas mal pour ses changements d'ambiance, avec ce deuxième volume Shinichiro Nariie change encore de ton, et le fait particulièrement bien dans une première partie de tome où il nous balade, littéralement. Le "cauchemar" de Jun semblait si réel au point de provoquer en lui des vomissements, mais le fait est que Lou est bien là, et que l'été se poursuit entre avancée du projet de films et des sentiments. Des sentiments, il y en a bel et bien, notamment via deux passages où deux figures féminines dévoilent mieux ce qu'elles ressentent, en particulier notre chère réalisatrice capricieuse dont le cas est vraiment bien traité. Tout semble suivre son cours normalement... mais dans l'esprit de Jun, certaines choses ne vont vraiment pas, il en prend bien conscience à chaque jour qui passe. Il a en mémoire des événements dont les autres ne se souviennent pas, comme la journée passée au parc d'attractions. A l'inverse, ses amis lui font part de choses qu'il ne se souvient pas avoir vécues, puis lui reprochent des comportement et actes dont il n'a aucun souvenir, à tel point que la situation semble se détériorer de façon dramatique entre eux. Et tantôt Lou est bien là, tantôt elle est bel et bien morte... Que se passe-t-il exactement ? Jun est-il en train de rêver, ou est-ce la réalité ? Lou cache-t-elle quelque chose derrière son côté mystérieux ? Est-ce tout simplement lui qui perd les pédales ? Ici, l'intelligence de l'auteur est d'adopter une narration au plus proche du héros, comme le ferait un film comme Memento de Christopher Nolan. On se pose les mêmes questions que Jun, tout comme lui on suit l'enchaînement de choses en apparence illogiques, qu'on peine à comprendre, mais que l'on cherche à comprendre, au point de se forger soi-même des hypothèses (par exemple, y a-t-il plusieurs Jun ? Est-il schizophrène ? Y aurait-il des dimensions entremêlées ?), et pendant une partie du volume on a l'esprit bouillonnant.

Heureusement, l'auteur a le bon goût de savoir aussi arrêter à temps cette effusion d'interrogations, et amène assez rapidement des pistes plus concrètes sur ce qui se passe, dès lors qu'entre en scène un inspecteur de police, et, que l'on découvre également plus en détails une affaire qui fut posée brièvement dans le tome 1: le meurtre de Junko, la camarade de classe retrouvée mutilée à l'époque où Jun était encore au collège. Certains détails du volume 1 prennent alors plus de consistance, des hypothèse se confirment peu à peu grâce à l'inspecteur... et à la clé, c'est encore un changement total de ton que Nariie nous offre. Un changement où désormais le mangaka joue avec le facteur temporel (qui fut lui aussi brièvement installé dans le tome 1), mais le fait via un concept plutôt original, à la fois bien retors et pour l'instant assez cohérent. L'ensemble se veut ambitieux et captive réellement, tant le mangaka y apporte le suspense nécessaire. Car désormais, Jun ne doit plus se contenter d'essayer de comprendre ce qui lui arrive, mais doit essayer d'empêcher de terribles tragédies touchant ses proches. En ayant pour seule aide... lui-même.

Après un premier volume déjà très intrigant, avec ce deuxième tome Drop Frame étonne et impressionne, de par ses nombreux rebondissements et changements de ton et son ambition. Addictif et réellement imprévisible, le scénario imaginé par Shinichiro Nariie mérite qu'on le suive de très près, en espérant que le mangaka retombe parfaitement sur ses pattes.


Critique 1 :

Junnosuke a été témoin d'une scène effroyable : il a retrouvé le corps nu de Lou, dépecé, dans une ruelle. Le lendemain matin, le jeune homme se réveille et Lou se présente en chair et en os devant lui... Était-ce un mauvais rêve ? Pourtant, au fil des jours, Junnosuke se rendra compte que le cauchemar ne faisait que commencer...

Sous ses airs de comédie romantique, Drop Frame préparait une intrigue beaucoup plus sérieuse. Shinichiro Nariie s'était bien joué de nous en nous faisant croire à une œuvre au schéma classique, préparant en réalité le terrain pour un thriller beaucoup plus sombre et complexe.

Et le mangaka ne s'arrête pas là puisque sur le premier tiers du tome, le lecteur est laissé dans le flou total. Junnosuke voit apparaître Lou devant lui, vivante, tandis que les jours qui suivront présenteront des événements qui se contredisent, et un entourage du héros qui changera de comportement comme de chemise. Une narration extrêmement confuse ? Que nenni, et ce sera au fil des pages que ce second tome abordera le vif du sujet, présentant en détail le phénomène dont est sujet le protagoniste.

Dès lors, nous avons la confirmation que Drop Frame n'a rien d'une tranche de vie romantique, mais constitue bien un thriller fantastique aux multiples rebondissements. Difficile alors de se laisser prendre par la légèreté du titre bien ce qui importe désormais sont les mystères qui entourent l’œuvre, et la manière dont Junnosuke parviendra à faire la lumière sur les événements qui ont lieu.

Ce second tome fait alors office de puzzle puisque les éléments montrés seront à remettre dans le bon ordre par la suite. La formule aurait pu être un fiasco si Shinichiro Nariie n'avait pas su gérer soin écriture et se mise en scène. Mais, fort heureusement, le mangaka maîtrise sa narration d'un bout à l'autre, permettant aux rebondissements d'être efficaces et au volume d'être passionnant dans sa globalité. Déjà que la fin du premier tome laissait son lecteur impatient de lire la suite (on saluera alors l'excellente initiative de Doki Doki de sortir les deux premiers opus d'une traite), ce second volet décuple ce sentiment.

On notera aussi le rapport définitif entre le cinéma et l'oeuvre, au-delà des projets d'été du petit groupe de personnages centraux. A l'instar d'un thriller cinématographique efficace, Drop Frame a un déroulement très similaire et après les phases de présentation et de confusion, il sera temps au héros de prendre les devants pour résoudre cette affaire, dès le prochain tome (et avant-dernier, déjà).

Enfin, en parallèle à son suspense haletant, on remarquera que le titre ne renie pas totalement le registre de la comédie sentimentale puisqu'il parvient, de manière très brève, à se pencher sur les interactions entre Junnosuke et son entourage. Les personnages évoluent, donc, et les relations entre eux aussi. Un aspect du titre non négligeable, les projecteurs n'étant pas mis exclusivement sur le héros.

En définitive, Drop Frame confirme l'excellente impression laissée par le premier tome. Si le mangaka maîtrise son récit jusqu'à la fin, on aura affaire à un manga à suspense particulièrement efficace, et habile dans son écriture.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction