Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 10 Février 2025
Dans l'optique de devenir plus fort afin d'à la fois se protéger face aux voyous, s'aimer lui-même et venir en aide aux personnes en qui il tient, Ryûnosuke est parti suivre un entraînement drastique de deux semaines dans la montagne auprès de Bonsetsu et Gûtarô, ses deux professeurs de karaté, le tout avec un objectif bien précis: apprendre à maîtriser le mikazuki otoshi, une redoutable technique secrète. Dans ce cadre où les horaires habituels de la société n'existent plus, où il y a seulement le matin, le midi et le soir, le jeune garçon enchaîne les entraînements acharnés sous les yeux de ses deux enseignants qui ne peuvent qu'admirer son abnégation, sa force de caractère et sa manière de ne rien lâcher, même dans les phases les plus épuisantes de sa formation, où, entre autres, il doit améliorer à la fois sa robustesse et sa souplesse en répétant ses mouvements sous une cascade (le genre de scène très classique de ce genre d'histoire, en somme, même si ici un certain passage vient donner plus de sens au titre de la série).
Mais loin de se limiter strictement à l'aspect physique et technique de cet entrainement (un aspect qui défile de manière assez convenue ici), Kenichirô Nagao s'applique aussi à mettre en lumière l'aspect plus intérieur de cette formation de son jeune héros à ce que les personnages appellent la voie du guerrier: une voie qui consiste à vaincre son adversaire et non à rivaliser par la beauté des techniques, et qui revient aussi à savoir réprimer ses sentiments de haine pour mieux embrasser voire aimer l'adversaire face à soi, dans une forme de dignité.
Les valeurs transmises par l'auteur restent alors assez intéressantes, d'autant que sa narration régulièrement externe amène une atmosphère supplémentaire dans cet abord. Mais il reste une question: l'entraînement de Ryûnosuke sera-t-il concluant en combat réel ? A vrai dire, notre héros ne s'attendait sans doute pas à de devoir se tester si vite, car dès lors que Kikuyo contacte les trois hommes pour les informer que Chiaki a été kidnappée par les quatre voyous de la bande de J, c'est une véritable mise à l'épreuve qui attend déjà notre héros. Une mise à l'épreuve au déroulement assez linéaire (du un contre un face à chacun des quatre loubards) mais non moins captivante car, dans le cadre de bord de mer d'Enoshima, Ryûnosuke a à coeur de mener son combat seul, avec la dignité du guerrier qu'on lui a apprise, avec les qualités acquises lors de son entraînement, ce qui donne déjà lieu à quelques séquences brèves mais efficacement mise en scène... Seulement, que se passerait-il si cette dignité devenait une forme de naïveté face à un adversaire bien plus fourbe ?
C'est sur cette question, et non sans un exquis petit coup d'éclat de la géniale Kikuyo qui donne encore plus de sens au combat mené par notre héros, que ce troisième volume nous laisse, sur une certaine attente vis-à-vis de la suite. Dans l'immédiat, ce tome a beau suivre un déroulement somme toute assez convenu, le mangaka sait y faire ressortir beaucoup de choses intéressantes et fortes dans l'évolution de son personnage principal.