Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 19 Février 2024
Au coeur de la Tchéquie des années 1980 où elle se trouve actuellement pour ses études en tant que boursière, voici désormais quelque temps que Nono a recueilli un étonnant reptile qu'elle a vu éclore d'un oeuf. Depuis, la jeune femme partage son quotidien dans son logement forestier avec lui, et tous deux se sont bien attachés l'un(e) à l'autre. Cependant, des questions ont naturellement germé dans l'esprit de notre héroïne: celui qu'elle nomme Petit Lézard serait-il un drak, l'un de ces êtres que l'on retrouve dans les légendes locales ? Et que se passerait-il si quelqu'un venait à découvrir son existence ?
Cette dernière interrogation amène l'un des enjeux principaux de la première partie du tome, où un feu dans la forêt amène Slavena, l'amie de Nono, puis sa jeune fille Radana à faire une bien surprenante découverte, pour un résultat assez intéressant: tout en offrant un peu plus de présence à cette femme et à son enfant et en soulignant leur place précieuse auprès de Nono, on a encore l'occasion de voir à quel point notre héroïne et son curieux animal se montrent de l'affection mutuelle.
Mais justement, jusqu'où pourra aller cette affection ? C'est la question que l'on se pose forcément, et celle-ci s'étend sur deux points.
Tout d'abord, via des interrogations toujours plus nombreuses en Nono vis-à-vis de l'avenir de Petit Lézard. Comment sera-t-il en grandissant ? Risquerait-il de blesser des gens ? Pourra-t-il encore être caché ? Que lui arrivera-t-il si on le découvre ? Que deviendra-t-il une fois que Nono aura fini ses années d'études et devra rentrer au Japon ?
Ensuite, à travers l'irruption étonnante de mystérieux gnomes qui, en plus d'aborder à l'oeuvre une atmosphère encore un peu plus teintée de légendes locales, affirment observer de près le du principal, comme si celui-ci était voué à avoir un rôle spécial à l'avenir...
Autant dire que tout ceci commence à amener des enjeux un peu plus prégnants dans le récit, après un premier volume d'introduction assez sympathique mais qui manquait de substance. Mais la montée en intérêt ne s'arrête pas là, puisque là où le premier tome exploitait finalement très peu le contexte de la Tchéquie des années 1980, Riri Shimada affirme un peu plus cette spécificité ici, à travers différents détails touchant notamment aux coutumes locales (la fête des morts de début novembre, qui apparaît forcément un peu exotique d'un point de vue japonais), à la gastronomie (les utopenecs, les confiseries de Noël), aux légendes (comme celle de strpasliks) ou même au contexte politique d'alors (via l'évocation du STB, entre autres). De plus, la scénariste n'est pas avare dans ses textes bonus entre les chapitres, qui nous plongent de plus belle dans son univers teinté de légendes entre autres choses.
Derrière un rendu visuel plutôt simple mais très clair et assez immersif (même s'il y a quelques inégalités de design chez Petit Lézard), Un Dragon dans ma cuisine commence à gagner en consistance, en charme et en enjeux ici, après un premier tome qui était plutôt mignon sans aller plus loin. Le parcours de Nono et de Petit Lézard se fait peu à peu plus attachant et plus intéressant, ce qui accentue facilement notre intérêt à l'heure où le supposé drak est inévitablement amené à grandir, au fil du temps qui passe...