Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 11 Octobre 2022
100 tomes, ça se fête ! Et quoi de mieux pour Gosho Aoyama de nous offrir un tome d’exception pour célébrer ce cap ? C’est ce qu’il fait à l’occasion de ce centième volume de Détective Conan en axant son récit sur l’intrigue principale et en révélant enfin l’identité de Rhum, le numéro 2 de l’organisation.
Mais avant cela l’auteur poursuit et termine l’enquête qu’il avait débuté à la fin du tome précédent. Cette dernière concerne des meurtres en série ayant quelques points en commun mais des modus operandi différents. Conan doit alors remplacer son père qui avait démasqué le coupable et devait révéler son identité en direct à la télévision. Ses parents étant malades, il se fait aider par Kaito Kid pour usurper l’identité de son paternel et dévoiler qui est l’assassin, comment il s’y est pris pour tuer et qu’elles sont ses motivations. L’enquête brille donc par son originalité, Conan essayant de faire résoudre le casse-tête à Kaito Kid, et donc au lecteur en même temps. Sans compter le contexte de la diffusion en direct à la télévision, filmée dans la bibliothèque iconique du père de Conan, qui rend cette affaire plus que jamais novatrice. On passe donc du temps sur cette enquête, à examiner les moindres détails des photos afin d’en trouver les points communs, avant d’arriver à la révélation finale, attendue mais tout de même passionnante.
Ce qui n’est pas attendu par contre, c’est le twist scénaristique que met en scène Gosho Aoyama en fin d’enquête, qui surprend même Conan et permet d’embrayer vers l’arc principal du tome : l’organisation des hommes en noir contre le FBI. Le manga prend un tournant encore plus macabre lorsque les membres de l’organisation passent à l’attaque et tuent en plein territoire japonais de nombreux agents infiltrés du FBI. On se rend alors compte qu’ils ne sont vraiment pas là pour rigoler et, comme le souligne Yusaku, qu’on les a peut-être sous-estimés. Aussi bien les personnages que les lecteurs du manga, personne ne pouvait s’attendre à un tel niveau d’atrocité ni à des plans aussi savamment calculés que ceux de Rhum, qui tire les ficelles dans l’ombre. L’arc de la confrontation se divise en deux parties, d’abord celle concernant l’enquête puis une bien plus orientée action, avec une course-poursuite et une chasse à l’homme dignes des meilleurs films d’action hollywoodiens. C’est passionnant de A à Z, impossible de décrocher, d’autant plus que l’identité de Rhum est enfin révélée à la fin de ce passage, comme une cerise sur le gâteau.
La dernière enquête du tome tourne autour de l’amour entre Heiji et Kazuha au détour du meurtre d’un policier en civil dans un temple. L’autre grand axe du manga, après le fil rouge de l’organisation des hommes en noir, est donc mis en avant à l’occasion de ce centième volume, qui semble être un magnifique échantillon de tout ce que Gosho Aoyama a dans le ventre. On a même l’impression que l’auteur en a encore sous le pied, que ce soit au niveau de l’amour ou de l’organisation, et qu’il nous réserve un magnifique bouquet final.
Au niveau de l’édition, Kana a prévu une jolie couverture spéciale pour le premier tirage du tome ainsi qu’une édition collector qualitative qui devrait ravir les fans. À part cela, le travail est de bonne facture aussi bien sur l’impression, que sur le lettrage et la traduction. Dans la lignée du tome 99, Cyril Coppini a parfaitement pris en main la traduction du manga. On peut chipoter sur quelques détails concernant la transcription, notamment des lieux, mais rien qui ne vient gâcher la lecture. Au contraire même, elle est très fluide et rendue agréable. On sent les progrès du traducteur donc, d’autant plus que c’est une tâche difficile de prendre en cours de route la traduction d’un manga comme Détective Conan. On en vient ainsi à espérer qu’il continue à traduire la série jusqu’à sa conclusion. Concernant le lettrage d’Éric Montésinos, il est très propre et sans fausse note, rendant le tome parfaitement lisible et compréhensible. Pour finir, il y a quelques petites histoires bonus dévoilant les coulisses du manga en fin de tome. Et enfin, le portrait de détective est cette fois-ci consacré à Sherlock Holmes, celui de l’excellente série britannique de Steven Moffat et Mark Gatiss.
En définitive, ce tome 100 de Détective Conan montre que Gosho Aoyama en a encore dans le ventre. Les fans de la série le savaient déjà tant il enchaîne les volumes de haut niveau depuis le tome 90, c’est donc plus une confirmation qu’une révélation. Mais qu’importe, c’est avec un plaisir non dissimulé, presque enfantin, que ce palpitant nouvel acte du manga se lit. Il se dévore trop vite tant il est passionnant. Heureusement, on peut revenir dessus, relire les passages mystérieux, repenser à des situations que l’on voit désormais sous un autre angle, chercher les indices concernant la suite de la série. Tout cela rend le tome encore vivant même lorsque la lecture est terminée. C’est génial, c’est la magie de Détective Conan.