Demokratia Vol.1 - Actualité manga
Demokratia Vol.1 - Manga

Demokratia Vol.1 : Critiques

Demokratia - 1st season

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 11 Juillet 2016

Critique 1

Maezawa, jeune étudiant en science de l'ingénierie en troisième année de l’Université du Kantô, est très impliqué dans sa filière : s’il n’est certes pas encore diplômé, il a d’ores et déjà breveté et vendu à une entreprise un des concepts qu’il put développer : un système de prise de décision collective simple, novateur et atypique qui, tout en respectant le principe de la majorité démocratique, permet à une certaine minorité d’être mise en exergue.

Bref… il a assez fièrement vendu son programme et attend désormais d’en percevoir éventuellement, et tranquillement, les fruits et revenus. Il festoie d’ailleurs l’événement dans un de ces bars japonais de nuit… il parlotte et fait la rencontre d’une toute autre personne : un certain Hisashi… un scientifique franchement pas démonstratif, d’apparence ordinaire et banale, à la psychologie un brin inquiétante dans ses angles et d’un ressenti étrangement dégelasse. Ce personnage sans intérêt manifeste va pourtant lui faire une suggestion pour le moins intrigante : associer sa dernière trouvaille de prise de décision avec un androïde sur lequel il bosse au labo ; mais seulement voilà… Maezawa ne peut plus exploiter son invention puisqu’il vient d’en céder l’exclusivité à travers le brevetage : les deux scientifiques vont alors œuvrer dans l’ombre. Le temps passe… l’androïde pareil à un être humain prend vie et se dresse devant eux…

Les paroles et actions de l’androïde sont, dans le plus grand secret, et à travers un système informatique inhérent à la toile, décidées par trois mille individus selon les modalités du fameux programme collectif de décision. L’auteur ne nous épargne pas vraiment les étapes et les détails de certains choix : si le lecteur venait préalablement de lire une œuvre fairytaillesque, il conviendra dès lors de rebrancher sa cervelle : puisque l’on apprendra notamment que l’arrivée des polymères électro-actifs ont permis de résoudre le problème de la sensibilité des vérins pneumatique grâce à l’utilisation des nanotubes de carbone…

L’on aura donc remarqué l’application de Motorô Mase : l’auteur a relativement bossé son sujet qu’il s’agisse de l’aspect scientifique, mais également et, surtout, sociétal et politique. A ce stade, les possibilités paraissent importantes puisqu’il s’agit – semble-t-il – de toucher aux limites du modèle démocratique : ou « la dictature de la majorité », comme avait pu dire un célèbre sociologue. Par ailleurs, le dessin de l’auteur est toujours aussi appréciable, avec ce trait fin, arrondi, profond et singulier : vraiment très plaisant. Et – en dépit d’une complexité apparente des thématiques – la fluidité de la narration et la présence d’une pédagogie légère font que l’ensemble se lit sans aucun mal, voire une certaine aisance.

Du côté de l’histoire, s’il se passe beaucoup de choses, l’auteur ne manque pas de détailler bien des étapes de l’évolution de cet androïde femelle qui ne cesse de progresser de manière assez occulte dans cet univers qu’il découvre à l’instar de son lecteur : les moments clés étant servis par des doubles pages fortes agréables et parfois assez saisissantes, voire éloquentes et immersives. L’androïde se dresse pour la première fois, prononce ses premiers mots, fait sa première rencontre sociale… D’ailleurs, cette ébauche de relation pseudo-amicale constituera un premier élément de trame autour duquel s’organise toute l’intrigue de ce premier tome.

Pour ce qui concerne la qualité de l’édition, Kazé ne précise même pas à son lecteur, lequel achète son manga en France, si celui-ci a été imprimé… en France… ; seul le label « Communauté européenne » est présent : un moyen relativement pompeux et méprisant d’occulter la marge et de ne pas permettre d’apprécier comme il se doit le rapport qualité-prix de l’ouvrage : inadmissible. Pour le reste, le papier et l’ancrage sont acceptables et le plaisir de lecture n’est pas froissé. Les exigeants seront heureux de trouver en l’espèce une couverture entièrement réversible avec, en son autre versant, l’estampe japonaise.

Voilà donc un premier ouvrage qui, même s’il manquera à certains endroits d’un peu de folie et d’envolée sublime, éveillera sans doute la curiosité du lectorat quant à la suite des opérations à raison de la prestation maîtrisée d’un auteur que l’on aura bien reconnu et d’un postulat au potentiel qui ne demande qu’à être découvert lors des prochains livres puisque les bases sont désormais belles et biens posé. 


Critique 2



Bienvenue dans Demokratía.

Si cette application est apparue sur votre ordinateur, c'est que vous avez été sélectionnés pour faire partie d'une aventure d'un nouveau genre. Votre mission, si vous l'acceptez, consistera à contrôler à distance les faits et gestes d'un robot à l'apparence humaine plus vrai que nature, en compagnie de 2999 autres pilotes. Chaque action de l'androïde sera choisie à la majorité, parmi les propositions suggérées par la communauté. Quel sera votre premier choix ?

Après le succès public et critique d'Ikigami, Motorô Mase est de retour aux éditions Kazé Manga avec son nouveau titre, toujours en cours de parution au Japon : Dmokratía. Comme pour son succès précédent cette nouvelle œuvre se base sur un concept simple, mais très efficace : nous y suivrons les aventures de Mai, une femme-androide guidée à chaque instant par un panel de joueurs. L'idée latente derrière ce concept est d'observer le comportement d'un être dont les actions ne découlent pas d'un simple libre arbitre, mais d'une somme d'avis, de ressentis et de vécus différents, le tout pour aboutir aux « bonnes » décisions, car « majoritaires », sans compter que Mai pourra bénéficier des connaissances de tous ses pilotes pour agir de la manière la plus efficace.

« Un être absolu, plus « humainement correct » qu'aucun humain ! »

Une nouvelle fois, le mangaka a soigné son background, même si cela induit une phase d'exposition un brin longuette, où l'on découvre les deux cerveaux à l'origine du projet. Mais nous rentrons bientôt dans le vif du sujet, dès lors que l'application est lancée et que ses utilisateurs essaient de produire les premières actions de Mai. Si ces premiers pas sont hésitants, le panel ne tarde pas à prendre des initiatives, par sa curiosité naturelle.

C'est alors que l'on comprend une des subtilités du système : si la majorité s'impose souvent sans trop de surprises, les votes permettent aussi de mettre en avant des propositions plus inattendues. Autrement dit, les créateurs ont laissé de la place pour que puissent s'exprimer les éclairs de génie au milieu de la neutralité de la masse. À l'instar d'Ikigami, Motorô Mase va nous présenter ces quelques personnes dont les avis spontanés va faire basculer la route de Mai : l'élève subissant la pression des études, le supérieur hiérarchique devant gérer un employé dilettante ou la jeune femme traumatisée par un accident. Et comme pour le précédent titre de l'auteur, les petites histoires personnelles contribuent à la grande, Mai ne tardant pas à faire une rencontre troublante...

Le lecteur suspendra volontairement son incrédulité sur certains points (le temps de réaction de Mai, par exemple) pour se focaliser sur le cœur même du récit. Après s'être attaqué à un régime totalitaire dans Ikigami, Motorô Mase nous pousse à réfléchir aux limites de la démocratie. Sous couvert d'un concept paraissant idéaliste de prime abord, le système se fissure très rapidement pour faire apparaître différents courants de pensée : ceux pour qui tout cela n'est qu'un jeu ou qui se protègent derrière la majorité pour se croire dans le vrai, les courants dominants contre les idées novatrices... un véritable exercice de style, mettant en pratique des siècles de théorie politique, à l'échelle d'un seul « individu ». On pourra regretter que le récit s'oriente rapidement vers le sensationnalisme, mais ce péril est peut-être une étape dans cette déconstruction des bienfaits de la majorité. Mais il est encore un peu tôt pour le dire... en attendant, ce premier volume remplit parfaitement son office, exposant le concept et développant ses premiers questionnements.

Graphiquement parlant, nous sommes en terrain conquis. Motorô Mase développe une galerie de portraits assez réalistes. On regrettera peut-être que l'auteur peine à se renouveler dans la création de nouveaux visages. Dans cette foule, Mai se distingue aisément par un regard vide et un manque d'expressivité, trahissant les réflexions de ses guides. D'un autre côté, la vision informatique de Mai et les visages masqués numériques apportent un sentiment d'inconfort, presque d'angoisse. L'édition est quant à elle de qualité, et rappelons que Kazé Manga nous offre une couverture réversible, pour profiter de la jaquette originale ou d'une jaquette spécialement réalisée pour l'édition française.

En définitive, ce premier volume de Dmokratía est assez prometteur. Si toutes les subtilités du récit peuvent être assez lourdes à ingérer, le concept est suffisamment prenant pour que l'on décide de pousser l'aventure un peu plus loin. Derrière la curiosité technologique, ce nouveau titre est une nouvelle expérience à grande échelle ou l'individu peut prendre le pas sur la majorité, et où les histoires personnelles seront capitales. Laissez-vous tenter par l'expérience !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Tianjun

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs