Déesse de 3000 ans (la) Vol.1 - Actualité manga
Déesse de 3000 ans (la) Vol.1 - Manga

Déesse de 3000 ans (la) Vol.1 : Critiques

Sanzennenme no Kamitaiô

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 12 Octobre 2022

Lancée il y a environ un an avec La Peste, la jeune collection Kazoku des éditions Michel Lafon continue de se développer petit à petit, en ayant récemment accueilli un cinquième manga: La Déesse de 3000 ans. De son nom original Sanzennenme no Kamitaiô (littéralement "Correspondance divine de 3000 ans"), cette courte série en 3 volumes a été prépubliée de 2020 à début 2022 dans le Young Magazine des éditions Kôdansha, magazine dont proviennent pas mal de séries ayant leur popularité comme The Fable ou GTO Paradise Lost. Il s'agit du tout premier manga de Fumitaka Katô, une artiste avant tout spécialisée dans le design d’intérieur puis et pour ses designs pour le milieu du jeu vidéo.

On plonge ici auprès de Jûzô Shiba, adolescent de 16 ans qui va avoir droit à une petite surprise au matin du premier jour dans sa nouvelle école. Sur la route pour se rendre dans son établissement scolaire, il remarque, grâce à son pouvoir de perception des divinité, la tête d'une déesse sortant du buisson d'un sanctuaire. Sitôt après, celle-ci s'extirpe entièrement de l'arbuste, et le jeune garçon découvre alors une fille vêtue d'un uniforme scolaire (parce qu'elle avait envie d'essayer ça, ne cherchez pas à comprendre, c'est l'éternel fantasme japonais sur les lycéennes), si mignonne qu'il a le coup de foudre et se dit qu'il veut faire d'elle sa copine... et ça tombe bien (?!), puisque qu'elle lui demande directement de l'épouser ! Kamikino Mitama, puisque c'est son nom, est effectivement lasse de protéger les environs depuis déjà 3000 ans, et souhaite alors arrêter ses fonctions divines pour mener une vie normale, le seul moyen pour une divinité de renoncer à son statut étant de s'unir à un humain. La déesse est si jolie que Jûzô ne voit pas trop le problème, mais il y a un hic: au moment de signer les papiers au bureau administratif du sanctuaire, Kamikino se rend compte qu'elle a égaré son sceau, sans doute en visitant des lieux en pèlerinage. le retrouver risque de prendre plus d'un siècle, mais ce n'est pas forcément très grave puisque l'on ne vieillit pas dans le monde divin. C'est ainsi que l'adolescent va accompagner sa mignonne déesse sur les territoires des divinités, à la découverte de lieux voire de personnages étonnants.

Autant souligner tout de suite ce qui risque de décontenancer une grosse partie du lectorat dans ce récit: le côté extrêmement basique de sa petite intrigue. Tout est mis en place en à peine quelques pages et sans le moindre étonnement, Jûzô accepte de suivre Kamikino immédiatement sans se poser de questions sur la durée invraisemblable que risque de prendre la recherche du sceau (le temps continuera-t-il malgré tout de s'écouler dans le monde humain ? Si oui, il laisse tout bonnement en plan tous ses proches sans y penser), il y a ainsi nombre de détails que Fumitaka Kato ne précise absolument pas... Et il ne faudra clairement pas chercher quoi que ce soit de plus travaillé du côté des personnages et de leurs relations, qui sont lisses au possible voire incohérentes et ne jouent que sur quelques poncifs vite gonflants, entre la façon dont Jûzô se dit sans cesse que cette déesse est trop mignonne, les petits moments de jalousie de Kamikino qui sortent de nulle part vu qu'aucune vraie relation n'a été bâtie (surtout que son visage dit de lui-même qu'elle ment quand elle dit être déjà amoureuse de notre héros), ou encore le cas de la divinité Hiyori qui commence immédiatement à roucouler auprès de Jûzô elle aussi, juste sous prétexte qu'elle doit se former au statut de déesse de l'amour. Bref, il ne faut clairement pas attendre grand chose côté histoire dans ce premier tiers de série, et le côté trop lisse est peut-être accentué par la brièveté des chapitres, ceux-ci ne durant que 8 pages à chaque fois.

Alors, pour profiter de cette petite lecture, il faut se dire une chose: son semblant d'intrigue, tenant sur un fil nylon, n'est vraiment qu'un gros prétexte pour que Fumitaka Kato s'adonne à tout autre chose: la peinture de lieux sacré imaginatifs et parfois étonnants, qui peuvent en mettre plein les yeux. On regrettera pourtant le côté quasiment toujours trop froid du style visuel de l'autrice, en particulier pour ses personnages principaux peu expressifs et au rendu très numérisé. Mais quand il s'agit de dépeindre des designs de créatures assez fouillés et des décors omniprésent, bourrés de détails et assez inventifs (à l'image de ce lieu où tout est inversé), Kato régale la plupart du temps. L'artiste se plaît à mettre en scène diverses petites idées expérimentées par Jûzô: boîte à bento divinatoire, insectes servant de messagers des dieux, clochette répulsive... et certaines de ces idées donnent lieu à de véritable trouvailles visuelles élaborées, comme le train-mikoshi. Kato ne s'y trompe d'ailleurs pas en laissant régulièrement la part belle à des pleines pages ou à des doubles-pages où elle peut avant tout laisser s'exprimer son soin et son goût pour ces décors insolites ou dépaysants voire parfois envoûtants.

Le côté totalement insipide et peu intéressant de l'intrigue se voit donc contrebalancé par les prouesses de l'autrice en termes de décors et de designs travaillés, ce qui n'a finalement pas forcément de quoi beaucoup étonner quand on se rappelle que Fumitaka Kato exerce avant tout ses talents dans les designs d'intérieur et vidéoludiques. Il faudrait alors presque prendre l'oeuvre comme un petit artbook pour réellement en profiter... mais nous somme ici dans un manga, où les designs ne peuvent pas suffire à tout faire.

En ce qui concerne l'édition, la copie proposée par Michel Lafon est plutôt bonne dans l'ensemble. Malgré une encre qui bave légèrement parfois, l'impression est assez propre et le papier a le mérite d'être à la fois souple et sans transparence. La traduction d'Angélique Mariet est soignée, tandis que le lettrage de Florent Faguet est propre. Enfin, la jaquette reste proche de l'originale japonaise tout en bénéficiant d'un logo-titre convaincant.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
11 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs