Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 30 Mai 2024
Avec en moyenne un tome par an, le rythme de publication de Deep Sea Aquarium MagMell s'est un peu ralenti au Japon depuis quelque temps, et forcément ça a un impact sur la parution française de l'oeuvre: voici un an et demi, depuis la sortie du très beau tome 8 en novembre 2022, que l'on attendait la suite de la série de Kiyomi Sugishita ! Il convient donc de profiter au mieux de ce 9e opus, d'autant plus que, comme souvent avec ce manga, il ne manque pas de qualités au fil de trois histoires distinctes.
Dans la première de ces histoires, on retrouve le pêcheur Shinya qui, suite à une hospitalisation d'Okijirô, se voit confier la tâche de s'occuper de Kiyohamaru, signe de la confiance qu'a le vieil homme envers lui. Mais au-delà de cet enjeu, une inquiétude naît en Shinya: le fait que son mentor vieillit, qu'il pourrait disparaître, qu'il laissera peut-être derrière lui certains regrets... Si bien que le jeune homme décide de se mêler de certaines affaire de la vie privée d'Oki, pour un résultat sympathique grâce à différentes choses: la découverte du contexte familial passé d'Oki et des regrets restant en lui, la possibilité de combler une part de ces regrets, et surtout la mise en valeur du lien qui s'est bâti entre les deux hommes au fil du temps, via leur rencontre, la façon dont Shinya en est venu à travailler avec le vieil homme, et ce que ce dernier voit en son disciple. Enfin, n'oublions pas non plus le rapide abord de l'impact que peuvent avoir la pêche et les filets sur l'écosystème marin.
La deuxième histoire, elle, se veut plus légère, en voyant le cuisinier Lan se décarcasser pour accueillir comme il se doit à Tokyo sa petite soeur Len, en vue de l'ultime concert de son idol préférée. Derrière le sujet léger des idols, on prend surtout plaisir à découvrir cette petite soeur que Lan vante et chérit tant depuis toujours, à observer à quel point ces deux-là s'adorent (au point que c'est même par amour pour sa soeur adorée que Lan a décidé de devenir cuisinier), et à voir la jeune fille affirmer certains choix d'avenir, le tout avec une idée claire en toile de fond: savoir savourer le présent avant qu'il disparaisse.
Enfin, c'est un nouveau changement de ton qui a lieu dans une dernière partie de volume où Kôtarô doit se confronter à une phase plus douloureuse de son travail: la perte soudaine d'un être cher, d'un animal tout jeune sur lequel il veillait, avec ce que ça peut impliquer de deuil et de sentiment injustifié de culpabilité. C'est dans ce contexte qu'il retrouve une certaine personne importante dans sa vie, qui trouvera peut-être les mots justes pour le sortir de sa torpeur.
Trois histoires, pour trois atmosphères assez différentes, dynamisent ce tome fort bien mené, où la mangaka trouve un assez bon équilibre entre les développements humains de ses personnages et, bien sûr, l'abord du cadre de l'aquarium et des créatures abyssales. Poisson-lune, crapet géant, sebastes flammeus, poisson-limace, et requin-lézard sont les principaux êtres vivants évoqués dans ces pages, et à certaines reprises nos héros ont eux-même beaucoup apprendre au contact de ces fascinantes créatures.