De l'autre côté du miroir - Actualité manga
De l'autre côté du miroir - Manga

De l'autre côté du miroir : Critiques

Ahira Kochira de aimashou

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 30 Septembre 2020

Sorti en France fin juillet aux éditions Boy's Love au sein de la collection Hana, De l'autre côté du miroir est une oeuvre en 190 pages dont les 5 chapitres furent initialement prépubliés au Japon en 2018-2019 dans le magazine Karen de Nihon Bungeisha sous le nom Ahira Kochira de aimashou (pouvant être traduit littéralement par "Rencontrons-nous ici"). Elle nous permet de découvrir deux mangakas jusque-là inédites dans notre langue, avec d'un côté la dessinatrice Yukibayashi dont ce fut l'une des deux premières oeuvres (elle a sorti au Japon "Idol-kun no Management Gyoumu" la même année), et de l'autre la scénariste Eight (ou Eitô) Hisamatsu, qui officie depuis 2016 dans le boy's love et qui s'essaie depuis l'année dernière à une publication dans un magazine seinen avec la série I'm a Gleeber!.

Futur roi d'un lointain pays que l'on peut sûrement situer au Moyen-Orient de par ses influences arabiques, un jeune homme à la peau mate semble exercer ses fonctions sans réelle passion, s'ennuyant tandis que tout le monde lui offre des présents et que personne n'ose lui parler d'égal à égal. De son côté, à des milliers de kilomètres de là au Japon, en tant que descendant d'une très illustre famille spécialisée dans l'ikebana depuis des générations, le jeune Sara Senba s'adonne chaque jour avec application dans cet art floral pour perpétuer l'héritage. Bien qu'aimant les fleurs à la base, toutes les attentes pesant sur lui font qu'il les trouve ennuyeuses, lui qui est déjà considéré comme un prodige en n'ayant pas eu le choix de sa vie et alors qu'il souhaiterait un quotidien plus banal. Rien n'aurait normalement pu rapprocher ces deux hommes. Rien, hormis un étonnant miroir magique qui va leur permettre de se rencontrer en passant d'un pays à l'autre. En découvrant chacun la culture de l'autre ainsi que de nouvelles fleurs magnifiques, les deux garçons vont se découvrir des similitudes, jusqu'à peut-être nouer une relation dépassant la simple amitié.

De l'autre côté du miroir, c'est l'histoire de deux hommes issus de lieux totalement différents mais qui, par la magie d'un miroir servant de "porte", vont confronter leurs deux mondes, pour un résultat foncièrement plaisant à suivre. Bien sûr, il y a quelques petites facilités inhérentes à ce genre de récit (en tête, le fait que tous deux se comprennent parfaitement alors qu'ils auraient dû parler une langue différente), et éventuellement il peut y avoir un petit goût de trop peu à la fin autour de certains sujets (le père de Sara est finalement un peu sous-exploité), mais l'essentiel n'est pas là et est à chercher en trois autres choses.

Tout d'abord, le léger "choc de cultures" entre les mondes de nos deux héros, qui découvrent chacun des choses qu'ils ne connaissaient pas forcément, que ce soit simplement le cadre, l'architecture, la nourriture (le roi prenant goût aux onigiri)... ou plus encore les fleurs bien sûr, et c'est notamment l'univers floral de Sara qui s'étend beaucoup avec des végétaux qui étaient inconnus ou peu connus au Japon. Ca reste en surface du fait du statut de one-shot de l'oeuvre, mais on ressent suffisamment cette découverte respective de la culture de l'autre.

Ensuite, le fait que, bien que vivant dans deux pays très éloignés et à des postes différents, nos deux héros souffrent un peu de la même chose: un destin tout tracé, l'impossibilité de choisir leur vie, et le sentiment d'être en quelque sorte comme enfermés dans des cages. Cette similitude permettra de les rapprocher encore plus, peut-être pour mieux s'épanouir et se sentir un peu plus "libres" par la suite.

Enfin, l'aspect visuel et narratif. Côté dessins, on sent quand même que Yukibayashi est en début de carrière au vu notamment de certaines trames de vêtements vraiment très basiques, mais pour le reste la dessinatrice livre une copie souvent ravissante, qui joue à merveille sur le look bien différent des deux héros, sur les deux cultures japonaise/arabique qui sont toutes deux soignées, sur tout l'aspect floral qui imprègne nombre de pages avec notamment certaines planches magnifiques, et sur un trait assez doux. Et côté narration, Hisamatsu entretient un côté là aussi assez doux et même un peu fleur bleue, tout en esquissant aussi une petite part de poésie via la symbolique des fleurs ou même au travers de la coutume culturelle du pays du roi concernant les noms, une donne qui aura évidemment son importance à la toute fin.

De l'autre côté du miroir possède donc 2-3 petites limite spas bien méchantes, mais nous offre surtout un récit classique dans le fond mais particulièrement ravissant dans son atmosphère, ses dessins et ses personnages. Une belle petite trouvaille, qui plus est servie dans une édition très honnête. On a droit à une première page en couleur, à une qualité de papier et d'impressions très correcte... A la traduction, Maurine Ladeuze livre une copie globalement convaincante malgré quelques tournures un peu lourdes et 2-3 coquilles ayant échappé à la relecture.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs