Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 10 Mars 2023
Tandis que Konosuke vient de faire la rencontre d'Aki, une prêtresse aveugle dont la mère fut secourue autrefois par celle du samouraï sans sabre, ils deviennent la cible des détenteurs de pouvoir œuvrant pour la famille Tsuchimikado. C'est ainsi qu'un combat s'engage contre Madara, une manipulatrice d'insectes, autrefois laissée pour compte avant d'être prise sous l'aile des Tsuchimikado, et leur voue une fidélité sans faille...
Si le premier volume de l'actuelle série de Daruma Matsuura était celui de Konosuke (et sa rencontre avec son épouse, Tsuki), le deuxième nous présentait la jeune prêtresse Aki, et son pouvoir de vision. Ainsi l'aventure, celle de ce binôme, semble débuter réellement avec ce troisième opus qui concrétise les enjeux déjà plantés dans les deux volets précédents. Face à nos héros, des détenteurs de pouvoirs sous la coupe de la famille Tsuchimikado, dont on ne sait que peu de choses si ce n'est son rapport avec l'époque historique dépeinte dans l'œuvre. Autrement dit, maintenant que le schéma du récit de combats à pouvoirs est planté, on reste curieux de suivre le développement du récit, riche en zones d'ombre qui ne demandent qu'à être dévoilées.
Tandis que les quelques idées premières du récit continuent d'être développées petit à petit, la mangaka nous offre un combat essentiel dans ce troisième tome, face à une manieuse d'insectes qui donnera du fil à retordre à Konosuke et Aki. Il s'agit du premier affrontement clé de la série, dépeint de A à Z et riche en enjeux, de quoi pleinement découvrir la manière dont l'autrice fait sienne une recette surutilisée, mais qui, selon les ingrédients qu'on lui apporte, peut toujours présenter un intérêt.
Et si sur le papier, dans les événements dépeints, rien de particulier ne semble démarquer le résultat d'autres récits à pouvoir, tout se joue énormément dans l'esthétique percutante et novatrice de Daruma Matsuura. Aux faciès « grotesques », dignes d'un manga horrifique qu'on connaît depuis Kasane, s'ajoute une narration pleine d'idée, porteuse de rythme et toujours à même de sublimer l'immersion dans la bataille, que ce soit dans ses élans de douceur ou dans sa tragédie barbare la plus totale. Oui, les rebondissements s'avèrent classiques à première vue, d'autant plus quand il est question d'un flashback tombant à point nommé pour développer l'antagoniste du moment, mais la formule fonctionne aussi bien dans le dosage de ses éléments que dans le dessin et la narration de la mangaka, toujours efficace en termes de ton, et souvent inventive. Et c'est pour cette alchimie que la mise en image de Konosuke, samouraï presque pitoyable au début, se révèle particulièrement impactant, et que son amour débordant pour Tsuki nous touche.
Un troisième tome qui se savoure, cachant moult petites subtilités esthétiques derrière un schéma guère surprenant. Mais c'est bien ce cachet qui rend les œuvres de Daruma Matsuura pleines de nuances, chose que nous avons connue dans Kasane, et qu'on retrouve dans La danse du Soleil et de la Lune, dans un tout autre registre. Une série toujours aussi prenante, donc, et dont on attendra la suite avec hâte !