Dandadan Vol.1 - Actualité manga
Dandadan Vol.1 - Manga

Dandadan Vol.1 : Critiques

Dandadan

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 10 Octobre 2022

Chronique 2 :


Ces dernières années, plus particulièrement depuis le succès de The Promised Neverland, Kazé Manga s'est fait une spécialité des lancements en fanfare de gros titres porteurs de son catalogue. L'année 2021 en fut un exemple particulièrement marquant, au vu des moyens mis pour les lancements de Mashle et surtout de KAIJU N°8. Et en ce début de mois d'octobre 2022, c'est au tour d'une nouvelle grosse licence à la solide réputation d'y passer... à un changement près: bye Kazé Manga, et bonjour Crunchyroll.

C'est effectivement avec le lancement de Dandadan que s'opère un changement annoncé il y a quelques mois, à savoir la disparition de la marque Kazé/Kazé Manga au profit de la marque Crunchyroll, la première ayant été rachetée par la deuxième il y a quelque temps. Cela se traduit dans les livres par une seule modification, à savoir l'arrivée du logo orange typique de Crunchyroll, tandis que celui de Kazé est voué à disparaître. mais en dehors de ça, le travail éditorial et les équipes qui vont avec restent sensiblement les mêmes entre Kazé et Crunchyroll, ce qui signifie que l'on retrouve ici toutes les caractéristiques propres au format shônen de Kazé Manga, avec un papier souple et de suffisamment bonne qualité pour permettre une très bonne impression? On trouve également une jaquette proche de l'originale japonaise y compris dans le typo du logo-titre, une première page en couleurs recto verso sur papier glacé, un travail de lettrage très soigné de la part de Studio Hinoko, et une traduction emballante signée par le parfois controversé mais expérimenté Sylvain Chollet qui n'a aucune difficulté à offrir un résultat dynamique, naturel et fluide.

La série est le premier gros succès de Yukinobu Tatsu, un mangaka qui n'en est toutefois pas tout à fait à son coup d'essai. Celui-ci commence sa carrière professionnelle pour le compte du Gekkan Shônen Magazine des éditions Kôdansha (un dérivé mensuel du célèbre Shônen Magazine) avec deux séries courtes dans la première moitié des années 2010, à savoir Seigi no Rokugô (2010-2011, 2 tomes) et Fire Ball! (2013-2014), 5 volumes, sans marquer les esprits plus que ça. C'est ensuite du côté des éditions Shûeisha qu'il va réellement rebondir en devenant assistant de de Yuji Kaku sur Hell's Paradise et de Tatsuki Fujimoto sur Fire Punch puis Chainsaw Man. Autant dire qu'aux côtés de ces deux artistes réputés pour leur audace visuelle et leurs mélanges de ton, il est sans aucun doute allé à bonne école pour peaufiner son style avant de se lancer dans Dandadan.

Ce petit point effectué, l'heure est venue de parler de la série en elle-même. Lancé au Japon en 2021, Dandadan s'est très rapidement constitué une forte niche de fans, dès la prépublication de ses premiers chapitres dans le Shônen Jump+ des éditions Shûeisha, magazine numérique qui, ces dernières années, est un véritable nid à succès (Spy x Family, KAIJU N°8 et Chainsaw Man y sont aussi publiés, entre autres) en ayant le mérite de laisser un peu plus de libertés à ses auteurs par rapport au plus conventionnel Shônen Jump. Riche de déjà 7 volumes à l'heure où ces lignes sont écrites, l'oeuvre figure dans les meilleures ventes japonaise du Top Oricon à chaque parution d'un nouveau tome, et a d'ores et déjà acquis une solide réputation aussi à l'international, notamment grâce à une prépublication en anglais, espagnol et thaï sur le site MangaPlus. Si bien qu'il n'est pas du tout exagéré de dire que Dandadan était, ces derniers mois, l'un des shônen actuels les plus attendus en France, si ce n'est le plus attendu, d'où la campagne publicitaire assez massive de Crunchyroll.

Dans Dandadan, tout commence par un coup de boule: celui donné par Momo Ayase au loubard blaireau qui, jusque-là, lui servait de tout premier petit ami, simplement parce que ce gars ressemblait un peu à son idole le ténébreux acteur Ken Takakura (le "Clint Eastwood" japonais, un mastodonte du cinéma japonais disparu il y a quelques années, pour l'anecdote). Elle est comme ça, Momo: derrière son joli minois, la lycéenne a un caractère affirmé, et c'est tant mieux. Et c'est ce même caractère qui la pousse bientôt à s'interposer face à trois adolescents qui en briment un quatrième. Il a beau être plutôt petit, chétif, pas très dégourdi et binoclard, ce garçon s'appelle justement Ken Takakura, comme un signe du destin que Momo va essayer d'oublier en lui trouvant un surnom. Et de fil en aiguille, ces deux-là en arrivent à échanger sur leur centre d'intérêt respectif: il est fan depuis toujours des extraterrestres et des ovnis en lesquels il croit dur comme fer, tandis qu'elle aurait plus tendance à croire aux esprits en ayant été élevée par une (très bien conservée) grand-mère médium. Chacun(e) se moquant de la croyance de l'autre, ils finissent tous deux par se lancer un défi, dans la fougue de leur conversation: Momo devra se rendre dans un hôpital abandonné où des extraterrestres auraient été aperçus, tandis que Ken devra aller visiter un tunnel fermé au public et réputé hanté. Ca aurait pu s'arrêter là. mais aucun d'eux deux n'aurait pu s'imaginer que ce simple défi allait bouleverser leurs vie et lier leurs sorts...

Tout ceci n'occupe que quelques dizaines de pages de ce premier tomes, et à partir du moment où Momo et Ken font leur défi les choses décollent réellement avec les fameux bouleversements après une mise en place aussi rapide qu'efficace. De ce fait, il est assez délicat de parler de ce début de série sans aborder ces fameux bouleversements... et c'est pourtant ce que l'on va faire ans cette chronique. n'ayez donc crainte: pas de spoil en vue, vous pouvez continuer votre lecture.

Si les mangas abordant l'occulte, les extraterrestres et les esprits sont loin d'être rares, Dandadan trouve d'emblée son unicité en n'abordant pas ces éléments surnaturels/occultes comme la plupart des autres oeuvres, ne serait-ce que parce qu'il n'est pas forcément courant d'entremêler justement ces deux thèmes paranormaux de cette façon. Et pour ce faire, l'auteur Yukinobu Tatsu n'hésitera pas à piocher dans des croyances existant bel et bien dans notre réalité, entre les yôkai, jibakurei et plus globalement le folklore nippon pour les esprits, et pour les extraterrestres des théories d'ufologie réelles que le mangaka se réapproprier à sa sauce: Monstre de Flatwoods, projet Serpo...

Avouons-le, cela donne déjà un certain cachet à ce début de série, mais il faut ajouter à cela quelques autres éléments qui régalent déjà, à commencer par la patte graphique et narrative du mangaka. Démarrant son récit sur les chapeaux de roue, Tatsu impose ensuite un rythme soutenu, trépident, qui laisse rarement le temps de souffler, et qui a pourtant le mérite de rester toujours limpide. Et ce rythme se voit bien soutenu par un dessin à la fois pêchu à souhait et très riche. En plus des designs séduisants et expressifs de nos personnages principaux, Tatsu a déjà l'occasion de d'offrir plusieurs designs particulièrement travaillés et denses côté créatures surnaturelles ou venues d'ailleurs, tandis qu'il ne néglige jamais des décors très présents et immersifs. Qui plus est, les événements paranormaux de ce premier opus sont déjà autant d'occasions pour l'auteur d'imaginer quelques délires visuels et autres angles de vue ambitieux, à l'image de la double-page du tunnel vers la fin de tome qui est peut-être la scène la plus connue de ce tome 1.

On se régale alors du travail graphique d'un artiste qui essaie pas mal de choses, y compris niveau découpages de l'action, et tout ceci sert efficacement une histoire qui se veut un étonnant mélange de genre, en étant assez vite au croisement de différents styles. Ainsi, si Dandadan donne déjà dans des brefs moments d'action frénétiques appuyés par l'aspect surnaturel, l'oeuvre se veut également vectrice d'un humour très présent, humour qui se veut généralement très franc, éventuellement un brin plus adulte que la plupart des shônen de ce type (de toute façon, ça parle de tirer son coup dès le page 1, donc le ton est donné) et souvent un peu barré. Mais ce n'est pas tout puisque, clairement, la relation entre les deux personnages principaux devrait être un leitmotiv de l'histoire, en esquissant les prémisses d'une romance qui n'a précisément rien de romantique pour l'instant, tant elle est survoltée et brise volontiers certains poncifs des romcoms.

Et si cette relation à bâtir entre Momo et Ken s'annonce importante, c'est aussi, bien sûr, par la façon dont les événements surnaturels auxquels ils doivent faire face ensemble les lie d'une manière forte, alors même qu'au départ ils ont des personnalités totalement opposées. Assez rapidement, Yukinobi Tatsu a d'abord la bonne idée d'esquisser vite et bien le rapport particulier de Momo avec les esprits et donc d'exposer sa relation pas toujours évidente avec sa grand-mère qui l'a élevée, puis d'évoquer pourquoi Ken aime les extraterrestres, lui qui n'a jamais réussi à se faire d'amis parmi les humains. Dans ce contexte où ils ont déjà un début de background, chacun des deux adolescents va alors devoir s'adapter à sa nouvelle situation, et par la même occasion se faire confiance, s'ouvrir, voire même se compléter.

Les promesses sont alors nombreuses avec ce premier volume de Dandadan. loin de se contenter d'un énième shônen d'action surnaturel, Yukinobi Tatsu impose sa patte avec des visuels souvent ambitieux, une tonalité à la croisée de plusieurs genres, une narration rythmée, claire et frénétique, et des premières bases fort bien posées autant côté enjeux que côté protagonistes. Le volume 2 étant sorti en même temps que le premier, on va pouvoir se faire, dans la foulée, un premier avis plus prononcé, et c'est tant mieux, tant ces débuts des péripéties de Momo et de Ken ont déjà quelque chose d'addictif.



Chronique 1 :


Une sorte de refrain s'est installé chez nous ces dernières années, celui des nouveaux hits. Mashle, Kaiju 8, Jujutsu Kaisen, Sakamoto Days... Tant de titres récents qui ont attiré les regards, parfois à grand renfort d'une communication presque tapageuse. Kazé, ayant aujourd'hui évolué en pan manga de Crunchyroll, s'est fait maître en la matière, et sa récente acquisition ne fait pas figure d'exception. Ainsi, Dandadan est lancé en grande pompe en cet automne 2022. L'inauguration repose aussi sur un succès d'estime préalable du titre, puisque l'oeuvre a largement attiré les regards avec sa prépublication, rendue accessible dans le monde entier via la plateforme Manga+.

Au Japon, c'est en 2021 que le manga voit le jour, proposé sur la plateforme Shônen Jump+ qui s'est imposé comme un lanceur de titres à succès ces dernières années. Aujourd'hui, sept volumes ont été publiés, et chaque nouveau volet ne manque pas de se retrouver en top des ventes à sa sorties. On imagine donc bien qu'une potentielle adaptation animée ne ferait que cristalliser l'engouement à l'échelle planétaire.
A la barre de l'oeuvre, Yukinobu Tatsu, un mangaka qui a déjà fait ses preuves au début des années 2010 avec les courtes séries Seigi no Rokugô et Fire Ball!, avant de passer assistant pour Yûji Kaku sur Hell's Paradise, et Tatsuki Fujimoto sur Fire Punch puis Chainsaw-Man. Par ce CV, l'artiste était à surveiller, et l'annonce de sa propre série avait de quoi attirer les regards, ce qui ne manqua pas. Et effectivement, par le simple premier tome de ce qui est actuellement son œuvre majeure, Yukinobu Tatsu ne manque pas de partager un certain talent.

Dans Dandadan, Momo Ayase et Ken Takakura sont deux lycéens aux caractères totalement opposés, mais qui ont tout pour s'entendre. Chacun croit fermement en l'existence du paranormal, Momo pour les fantômes et Ken pour les extra-terrestres. Lorsque la jeune femme intervient pour secourir le garçon de persécutions, leurs tempérament comme leurs convictions se heurtent. Il n'en faut pas plus pour que tous deux s'imposent un défi réciproque afin de prouver ce en quoi ils croient, un simple pari qui va les mener face à des univers imperceptibles de notre monde, et chambouler leur tranquille quotidien...

Le premier tome de Dandadan ne met pas beaucoup de temps à haper son lecteur. Rapidement, Yukinobu Tatsu fait preuve d'une énergie à divers degrés qui vient créer un rythme et une sorte d'addiction au récit. Non seulement les intéractions entre les deux héros se montrent rapidement savoureuses, mais l'ensemble explose au bout de quelques pages à coup d'une étrangeté à laquelle on ne s'attendait pas. Croquant à pleine dent son double délire d'OVNI et d'esprits maléfiques, le mangaka pose ses pions chapitres après chapitres tout en narrant une aventure explosive et dénuée de tout tabou. Entre des extra-terrestres cherchant à utiliser des humains comme matériel reproductif ou le fantôme d'une vieille d'âme au langage charnu, deux éléments très vite introduits, l'artiste n'en fait qu'à sa tête, pour le bien de son œuvre qui présente sans attendre sa couleur.

On comprend dès lors que c'est dans cet univers très particulier, bizarre et imprévisible qu'on suivra Momo et Ken, sans vraiment savoir quelle sera la tournure de leurs péripéties sur le long terme. Car dans cet zone d'imprévisible, Yukinobu Tatsu utilise le classicisme d'une manière très déroutante, tant on ne sait pas ce qu'il adviendra du rapport entre les protagonistes et les « dons » que le récit leur prétend. A ce titre, on ne peut jamais vraiment savoir ce que contera Dandadan à la page suivante, quelle sera l'intonation narrée, et tout simplement ce que l'histoire apportera en terme de développements. L'auteur chamboule certains de nos acquis avec un certain talent, ce qui passe aussi par sa patte visuelle prometteur entre des cases bien grattées et une narration aux élans d'audace, sans compter la mise en image inventive du bestiaire qui ne manque jamais de servir le grotesque de ce premier opus.

Pourtant, le mangaka ne se contente pas de cumuler les délires et de simplement chercher à prendre son lecteur par surprise. Il n'est même pas dit que ce soit son intention initiale. Alors, les débuts de Dandadan plantes un périple surnaturel loufoque tout en content habilement l'histoire de ses deux héros, en développant leurs univers personnels peu à peu et en poussant déjà leur lien assez loin pour un opus de lancement. Au terme de la lecture, le duo présente une vraie alchimie, preuve d'une écriture des personnages fine et bien dosée, ce qui confère aux premiers figures présentes des caractères et des histoires qui donnent envie de les retrouver lors de l'opus suivant. Et toujours dans cette idée de ne pas vouloir juste jouer aux OVNI, Yukinobu Tatsu fait habilement évoluer son récit entre phases purement comiques et séquences d'action qui viennent résoudre certains enjeux, le tout narrer avec une clarté idéale pour rendre ces instants intenses et explosifs.

Alors, sur un simple premier tome, Dandadan parvient à être la surprise qu'on nous a tant vendu. Pas uniquement l'éditeur, mais aussi la fanbase qui s'est bâtie dans le monde entier dès la prépublication sur Shônen Jump+ et Manga Plus. Drôle, rythmé, transportant, visuellement délicieux et totalement prometteur dans son ensemble, le manga majeur de Yukinobu Tatsu s'offre un début des plus surprenants et habiles, aux multiples prouesses que tous les premiers opus du genre ne parviennent pas à proposer. Heureusement pour nous, Crunchyroll publie en simultanée les deux premiers volets, l'occasion de poursuivre la lecture immédiatement et confirmer, ou non, ce premier avis élogieux.

Concernant l'édition, Crunchyroll n'est que l'évolution de Kazé, aussi c'est la recette de ce dernier que nous retrouver ici : Papier fin pour un volume souple, format shônen standard... Rien de dépaysant, donc. On apprécie la présence de pages couleurs (élément qui inccombe à la version japonaise) ainsi que la traduction inventive et délicieuse de Sylvain Chollet, appliquée par le lettrage confortable du studio Hinoko.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs