Cura Vol.1 - Actualité manga
Cura Vol.1 - Manga

Cura Vol.1 : Critiques

Cura

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 03 Janvier 2020

L'aventure Noboru Rokuda se poursuit chez Black Box: devenu un mangaka-phare de l'éditeur depuis 2018, il nous revient cette fois-ci avec Cura, une série en 3 tomes qui fut initialement publiée au fil de l'année 2000 aux éditions Futabasha, ce qui en fait à ce jour le deuxième titre le plus récent de l'auteur paru en France après Billy the Kid 21 (sorti dessiné en 2008).

On découvre ici Kiura, un homme qui, après avoir été le lanceur-vedette du club de baseball des Dragons pendant quelque temps, est sur le déclin pour certaines raisons. Côté sportif, ses performances désormais désastreuses lui valent moqueries et insultes du public, ainsi que les réprimandes du coach. Et côté famille, voici un an que sa femme Shino l'a quitté en demandant le divorce, et qu'il élève seuil leur fil Taka, petit garçon qui, déjà assez mature pour son âge, supporte jour après jour les brimades que les autres lui font à cause de la nullité de son père sur le terrain, mais continue d'avoir foi en ce paternel tandis qu'il exècre cette mère qui les a laissés en plan. Une situation sociale a priori comme il en existe malheureusement tant d'autres... à ceci près qu'ici, le divorce de Shino et l'état de santé déclinant de Kiura trouvent surtout leur origine dans le plus grand secret de ce dernier, un secret qu'il ne peut avouer à personne car il serait alors traité de monstre, traqué et rejeté, comme il l'a toujours été depuis 500 ans...

Vous l'aurez donc déjà peut-être compris: cette fois-ci, Rokuda se renouvelle encore en s'attaquant à un mythe ayant déjà nourri nombre d'histoires, celui du vampire. Au fil du récit, on découvre en Kiura un vampire, et certaines personnes de son entourage ne savent donc pas qu'ils sont on ne peut plus près de la vérité en le surnomme "Dra-kiura" ! Ses crocs acérés apparaissant aux moments opportuns, sa soif de sang dont il a besoin pour vivre et garder des forces, sa force justement supérieure quand il a bu du sang, sa crainte du soleil, de l'ail ou encore des croix... On a là les poncifs habituels du genre, que l'auteur s'applique assez bien à distiller les uns après les autres, jusqu'à même reprendre aussi l'imagerie cinématographique avec la cape. Mais derrière les poncifs habituels, Rokuda cherche surtout à dépeindre le portrait d'un homme nuancé, apparaissant parfois presque plus humains que certains hommes. Pendant qu'il se fait insulter, qu'il se fait traquer par des journalistes, qu'il voit son fil brimé, qu'il se fait traiter systématiquement de monstre, qu'il est poussé à une triste solitude depuis 500 ans, qu'il est conspué par Shino, lui pense surtout à protéger son enfant, continue d'aimer à la folie la seule femme qu'il a jamais aimée, évite toujours de tuer ses cibles quand il boit leur sang et tente même de les rassurer... et c'est même par volonté d'arrêter de boire du sang afin de ramener Shino à lui qu'il s'est tant affaibli ces derniers temps au point de devenir médiocre au base-ball.

Pour l'instant, donc, Kiura s'avère être un personnage assez bien travaillé, dont on découvre avec intérêt les différentes facettes. Il a quelque chose d'attachant, qui passe aussi beaucoup par les nombreux moments où il est plus faible et un peu loser, ce que Rokuda dépeint régulièrement avec un certain humour permettant de rendre ce héros encore un peu plus accessible. Pourtant, a contrario, il y a également certains moments où il peut paraître inquiétant, notamment dans la fin de tome où entre en scène un ennemi en la personne du prêtre Dominico. L'auteur semble vraiment vouloir dépeindre son personnage sous de nombreuses coutures, tout en posant autour de lui quelques visages secondaires plutôt convaincants (Shino et Taka en tête), et en installant des enjeux qui devraient aller en grandissant autour de son secret. Taka pourra-t-il toujours être protégé ? Aurait-il toujours la même foi en son père s'il découvrait la vérité sur lui ? Shino a-t-elle raison d'avoir repris son ancien travail de journaliste dans le seul but de faire tomber celui qui était son mari et qu'elle voit désormais comme un monstre et un criminel ?

Visuellement, c'est soigné. Rokuda a toujours cette petite patte old school offrant quelque chose d'assez expressif et authentique à son travail, et il couple ceci à une mise en scène très claire et à une narration toujours fluide.

C'est, en somme, un bon début que s'offre cette courte série, dont on lira la suite avec beaucoup d'intérêt, en espérant que Noboru Rokuda saura continue d'y faire monter la sauce, les enjeux, et surtout le portrait de son personnage principal dans une société humaine ne lui faisant pas de cadeaux. Côté édition, c'est du Black Box typique avec une grand format sans jaquette mais avec rabats, un papier blanc souple et sans transparence, une impression très honnête et une traduction soignée. Notons que pour les couvertures, on a droit aux illustrations d'origine des couvertures japonaises, mais avec un fond différent. Enfin, une nouvelle fois, les dos des tomes mis cote à cote forment une mini-frise.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs