Cube Arts Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 26 Août 2020

Initialement prévu le 6 mai dernier puis repoussé à cause du confinement, le manga Cube Arts vient finalement enrichir le catalogue des éditions Doki-Doki en cette fin août. Deuxième série du mangaka Tomomi Usui après le titre horrifique (inédit en France) Rule - Extinct classroom - (depuis, ce jeune auteur a commencé dans son pays cette année un nouveau manga d'horreur, August 9th, I Will Be Eaten by You ), ce manga en 3 volumes a été publié au Japon en 2018-2019 dans le magazine Comic Bunch des éditions Shinchôsha.

Avec ses trois amis Shige (un rondouillard malin et un peu pervers), Itsuki (un peu un leader au physique costaud) et Yû (d'un naturel plus solitaire et méfiant), Takuto, lycéen en classe de seconde, forme une équipe de bêta-testeurs pour des jeux vidéo, domaine qu'il adore. Un jour, lui et ses compagnons reçoivent chacun un casque de réalité virtuelle pour tester "Cube Arts", un tout nouveau jeu vidéo de type sandbox dont l'univers est composé d'une infinité de cubes. Ensemble, les quatre garçons font leurs premiers pas avec entrain dans ce jeu pleinement immersif... mais leur engouement risque de très vite trouver ses limites dès lors qu'un bug les contraint à rester enfermés dans ce jeu jusqu'à ce que la maintenance soit finie. Et étant donné que quelques heures dans le jeu équivalent à quelques minutes dans la réalité, la maintenance prévue pour durer 8 heures va les obliger à rester prisonniers pendant au moins 6 mois ! Et si ce n'était là que le seul problème, ça irait encore, car Cube Arts se révèlera être un jeu beaucoup plus dangereux que prévu, où la mort semble on ne peut plus réelle...

Les jeux sandbox, ça ne vous parle pas ? Et si on vous dit Minecraft, c'est tout de suite plus clair, non ? Il s'agit effectivement du terme anglais pour désigner les jeux de type "bac à sable", laissant aux joueurs toute la liberté qu'ils veulent pour construire des bases, chercher des matériaux plus ou moins précieux, chasser, forger des armes, ou même se battre contre des monstres ou d'autres joueurs. En somme, le type de jeux que certains adorent pour leur liberté créatrice et leurs très nombreuses possibilités, et que d'autres détestent pour l'absence de finalité claire. Tomomi Usui, lui, est un grand amateur de ce type de jeu comme il l'avoue dans sa postface, il a d'ailleurs beaucoup joué à Minecraft et à d'autres jeux du genre, et ça se ressent très facilement dans son univers !

En effet, Cube Arts offre un monde vraiment très similaire à Minecraft, un univers fait de cubes aux nombreuses possibilités que l'on retrouve dans ce même jeu. En dehors des classiques constructions/farming etc, faire des trous pour trouver de nouveaux passages ou lancer des cubes contre des arbres pour créer une nouvelle "branche" et s'y balancer avec une liane sont certaines choses que Takuto et les autres feront, le récit démontrant alors une pointe de créativité bienvenue qui n'est pas, dans une moindre mesure, sans rappeler Dédale, un excellent autre manga sorti chez Doki-Doki il y a quelques années et où la créativité pour s'en sortir était le maître mot dans un univers vidéoludique dingue. En somme, on sent facilement que le mangaka se fait plaisir dans cet univers aux multiples possibilités, chose qu'il retranscrit efficacement dans ses visuels à base de choses toutes cubiques. Les décors extérieurs comme intérieurs sont bien présents et clairs, les quelques monstres vus pour le moments bénéficient d'un design soigné lui aussi tout carré... et pourtant, ne vous fiez pas à la beauté de ce monde ou à ces créatures dont l'allure ne semble pas toujours effrayante, car la réalité dans Cubes Arts est tout autre, et nos héros le constateront d'ailleurs très vite avec une mort aussi soudaine que brutale et sanglante. Ce ne sera d'ailleurs pas le seul moment un peu "gore", Usui jouant volontiers sur un contraste entre cet univers "minecraftien" censé être assez innocent et des élans de brutalité ou de choses malsaines.

L'univers de Cube Arts, en effet, n'est donc pas tout rose, loin de là, et plusieurs éléments arrivent donc assez vite pour alerter Takuto et ses compagnons, comme une mort brutale comme déjà dit, mais aussi la panique totale d'un autre homme qui a vécu l'enfer dans le jeu, etc... L'auteur distille différents dangers potentiels, que ce soit via certains concepts propres au jeu (comme les dômes qui apparaissent et qu'il faut fuir au plus vite), les monstres... ou tout simplement d'autres joueurs humains, certains n'hésitant pas à profiter de la situation pour assouvir leurs désirs et fantasmes de la pus abjecte manière qui soit. A ce titre, les humains pourraient donc parfois se révéler bien plus monstrueux que les monstres eux-mêmes...

Alors, Cube Arts est-il une excellente surprise ? Eh bien... pas totalement, car malgré son côté facilement prenant, l'oeuvre souffre de certaines limites sur ce premier volume, à commencer par la rapidité de l'ensemble. Déjà, pas du tout d'introduction dans cette oeuvre qui nous jette immédiatement dans le jeu, aux côté de personnages principaux qui répondent tous à des poncifs très classique, entre le héros sans peur, fonceur et créatif, le rondouillard gentiment pervers et pas très sportif, le solitaire méfiant, ou plus tard la jolie fille expérimentée mais au passé trouble. Des caricatures qui ne sont malheureusement jamais développées un minimum( du moins pour l'instant), et qui ne servent donc qu'à nous faire parcourir l'histoire sans qu'on s'attache vraiment à eux. Egalement, la rapidité du récit fait que, malgré les bonnes idées d'un mangaka voulant exploiter comme il se doit son univers, tout reste un peu en surface. Et l'oeuvre étant voué à s'achever en 3 tomes, on devine que ce côté rapide et un peu lisse perdurera sûrement jusqu'à la fin.

Au bout du compte, Cube Arts a donc certaines limites sur ce premier volume, mais offre avant tout un petit divertissement appliqué et assez prenant, où l'on ressent bien l'attrait de l'auteur pour ce genre d'univers vidéoludique. Vous êtes à la recherche d'un manga "minecraftien" ? ne cherchez plus, vous avez ici le prétendant tout désigné. Mais même si, comme moi, vous vous fichez royalement des jeux vidéo de ce genre, l'oeuvre a également de quoi divertir également, le mangaka équilibrant assez bien les choses pour pouvoir toucher un assez large public.

Côté édition, on a du bon travail avec un papier épais permettant une excellente impression, et des choix de police soignés. Mention spéciale à la traduction d'Arnaud Delage, celui-ci s'étant beaucoup appliqué dans l'aspect vidéoludique de l'oeuvre, avec de nombreux termes typiques des jeux vidéo qui, heureusement, se voient également expliqués via des astérisques pour les néophytes. L'immersion est donc garantie.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction