Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 03 Avril 2025
Voici désormais trois mois que la Croisade des Enfants a démarré, sous la protection de Hugo. A chacune des haltes, les habitants des environs accueillent la faiseur de miracles Etienne et son groupe avec ferveur, la troupe s'agrandit petit à petit, et nos héros commencent à changer en bien comme en moins bien: Henri tente d'être moins trouillard, Nicolas semble être beaucoup trop sous l'emprise de Hugo qu'il admire, Lillian se rapproche dangereusement de Guillaume et Pierre au grand dam de son frère jumeau Roland... Les responsabilités pesant sur ces garçons, qui restent avant tout des enfants souvent innocents, est-elle alors trop lourde ? En plus de ça, ils vont devoir se frotter à une terrible réalité concernant les miracles d'Etienne, les excès d'autorité sanglants de Hugo et, surtout, le vrai fond de celui qui se présente comme un digne chevalier...
A partir de là, il est assez difficile de parler en détails de la suite de ce tome sans spoiler, alors on va plutôt tâcher de rester assez évasifs quant au déroulement des choses, pour souligner ce qui imprègne de plus en plus le récit, à commencer par la manière dont l'innocence de ces enfants se retrouve constamment mise à mal, souillée voire anéantie par beaucoup de choses: les manipulations et retournements de veste des adultes par appât du gain ou par croyances primaires, les corruptions de l'Eglise qui ne protège pas de façon égale tout le monde, ou même la condition féminine à travers le statut des nouveaux personnages que sont Colette et, surtout Isabelle, jeune adolescente prostituée et muette à qui la vie n'a jamais fait de cadeau et qui, ici, va prendre une place de plus en plus importante en bâtissant un lien à-part avec Etienne.
Tout ceci se déroule à travers des scènes aussi choquantes que tragiques permettant à Usamaru Furuya d'appuyer avec impact son propos. Inévitablement, il sera question de morts violentes et sanglantes où le mangaka ne lésine pas sur les détails sordides, de détresse psychologique profonde, d'abus sexuels terrifiants... Le mangaka jaugeant efficacement ces représentations graphiques pour marquer les esprits sans tomber dans le voyeurisme ou la facilité.
Jusqu'à des dernières pages où, déjà, il ne semble plus y avoir le moindre espoir ni but, l'illustre mangaka nous laisse abasourdis parce qui se déroule, en nous laissant largement craindre le pire pour la suite, et en se montrant quasiment au sommet de son art.