Crescent Moon - Dance with the Monster Vol.2 : Critiques

Kuro Hakubutsukan - Mikazuki yo, Kaibutsu to Odore

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 03 Juillet 2024

Chronique 2 :


Alors que Mary Shelley vient de commencer la formation de Elcy, l'étrange créature surpuissante qui doit assurer la protection de la Reine Victoria durant un bal, elle est convoquée par le maître des lieux, à savoir son beau père, le père de son défunt époux! Celui ci affiche tout le mépris qu'il peut éprouver à l'encontre de Mary mais lui confie malgré tout une mission: s'infiltrer dans un pensionnat pour jeunes filles dont on soupçonne que les dirigeants soient maltraitants envers les enfants...

Le fabuleux récit mettant en scène la vision romancée de la romancière Mary Shelley se poursuit, et il faut admettre que l'attente nous a paru bien longue, tant le précédent volume s'est montré excellent...et difficile d'attendre moins de la part de Fujita!

Si le récit reprend pile là où il s'était arrêté, c'est à dire avec la confrontation entre Mary et son détestable beau-père, il va très rapidement nous surprendre et nous entraîner dans une direction qu'on n'avait pas forcément envisagée: la formation de Elcy va devoir attendre et Mary va devoir aller enquêter au sujet de suspicions de maltraitance.
Si le sous texte est toujours le même, à savoir la place de la femme au sein de la société où tout est régi par les hommes, ici il apparaît beaucoup moins subtil que dans le précédent volume, tout y est beaucoup plus cliché, voire téléphoné.
Les dirigeants de l'établissement, notamment les hommes y sont dépeints comme des ordures finis dont on ne peut souhaiter que du mal, et si on peut penser que malheureusement ce type d'établissement a pu exister, ici l'auteur ne cherche pas le moins du monde à y insérer la moindre subtilité, c'est manichéen au possible...et on était en droit d'attendre un peu plus de finesse et de complexité d'un tel auteur.
Mais cela sert son propos général et cela permet aussi à Elcy de venir briller et de développer tout doucement la relation entre Mary et cette dernière.

La suite du récit va revenir sur l'échange entre Mary et la conservatrice du Black Museum pour laisser un temps de coté l'histoire d'Elcy et nous conter comment est née l'histoire de Frankenstein dans l'esprit de Mary.
Là encore on y découvre une interprétation de Fujita qui adapte l'histoire à sa façon, et on le sait excellent dans cet exercice, ainsi il se permet de mettre en scène des grandes figures et leur attribut des mots et attitudes leur donnant réellement vie.

Ainsi, et c'est la grosse surprise de ce tome, le récit n'est pas du tout "linéaire" mais se permet des parenthèses et histoires dans l'histoire tout aussi prenantes que surprenantes.

Un deuxième opus vraiment original qui, à défaut de répondre aux attentes des lecteurs, vient en créer de nouvelles et nous entraîner dans des directions inattendues...mais là où il n'y pas de surprise, c'est qu'on est prêt à suivre Fujita peu importe où il voudra nous entraîner, et ce, sans la moindre hésitation!



Chronique 1 :


Mary a entamé une délicate mission au sein du manoir Field Place, en donnant à la créature Elcy des leçons à même de la rendre opérationnelle lors du futur bal où elle devra protéger la reine Victoria. Mais comme si elle n'était pas déjà assez occupée, voici que son acariâtre beau-père, avec qui elle est en mauvais termes, la convoque ! Que lui veut donc le maître des lieux, dont elle sait qu'il la déteste ? Eh bien, il s'avère que le vieil homme autoritaire a une mission à lui confier. Une mission que Mary ne peut pas refuser, dans la mesure où, en guise de récompense, elle pourrait assurer l'avenir de son fils Percy Florence...

Rapidement dans ce deuxième tome, Kazuhiro Fujita nous embarque alors dans une affaire annexe où Mary se retrouve à devoir s'infiltrer, en tant qu'enseignante, dans un institut pour filles qui, sous couvert d'offrir une éducation à ses élèves (chose encore très rare pour des filles à cette époque), maltraiterait en réalité celles-ci tout en soutirant toujours plus d'argent à leurs familles. Concrètement, l'affaire est cousue de fil blanc, d'autant plus que l'auteur joue à fond la carte des dirigeant pourris jusqu'à la moelle et très méchants... mais c'est précisément ça qui fonctionne ici, tant on ressent alors un certain plaisir à détester la directrice Eymars et ses grosses brutes bien rustres de fils ! Surtout, cette mission, bien qu'un peu déconnectée du récit principal, n'est pas là par hasard puisqu'elle permet à Fujita de poursuivre son abord de la condition féminine de l'époque, en ce temps où les femmes n'avaient encore ni le droit à l'éducation, ni le droit de vote, ni le droit de propriété, et où elles semblaient devoir se cantonner à être de bonnes épouses et à régir leur vie selon la gent masculine. En abordant des exemples comme le conte de Cendrillon et ses limites, et bien sûr en continuant de jouer sur les avancées personnelles de Mary pour qu'elle s'émancipe et aille à l'encontre des diktats patriarcaux de son époque, le mangaka nous livre une mission qui a du sens, d'autant plus qu'Elcy n'y est pas oublier en démontrant de plus belle sa puissance physique (pas de bol pour les balourds de la famille Eymars, elle n'est aucunement une "faible femme" ! ) et son attachement pour Mary.

La suite du tome, elle, poursuit un peu le récit dans la même voie, au fil de ce que Mary continue de raconter à la conservatrice du musée, toujours aussi exquise dans ses réactions et dans son côté passionné face aux histoires de la romancière. Et cela, même si Fujita cède à une facilité habituelle de ce genre de construction scénaristique, puisque par moments Mary raconte, comme si elle les avait vues, des choses auxquelles elle n'a pas pu assister elle-même. Ici, il est question de découvrir la genèse de son roman Frankenstein et comment l'inspiration lui est venue. Là, on voit enfin réellement entrer en scène son fils Percy Florence, qui est visiblement voué à prendre plus d'importance dans le prochain tome. Et au fil de tout ceci, Fujita continue de se réapproprier des éléments historiques ou biographiques réels de la vie de Mary Shelley (notamment son passage à la Villa Diodati pour la conception de son roman, ou encore l'exemple de sa mère Mary Wollstonecraft, femme de lettres connue pour son pamphlet de Défense des droits de la femme) pour les interpréter de manière à véhiculer ses idées féministes, via cette héroïne qui continuer de se questionner pour trouver comment s'émanciper efficacement de l'influence permanente des hommes.

Bien que la mission principale de ce tome soit plutôt cousue de fil blanc, et même si en conséquence Elcy est moins en vue, le récit reste alors passionnant. En s'appuyant sur ses habituelles qualités narratives et sur une efficace construction du récit, Kazuhiro Fujita semble très bien savoir où il va !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs