Cosplay Animal Vol.1 - Actualité manga

Cosplay Animal Vol.1 : Critiques

Cosplay Animal

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 13 Mars 2012

Il y a des séries, comme ça, qui font peur sitôt le regard posé sur la couverture. Parmi celles-ci, la série de Watari Sakô tient sans doute une place de choix, le volume 1 arborant une espèce de gamine à tête de betterave frite sur le point de se faire croquer par un gars aux oreilles de chat et aux ongles de gonzesse. En dessous, un titre, "Cosplay Animal", qui ne dit rien de bon, en plus de n'avoir que peu de rapport avec la couverture (les oreilles de chat ? Mouais...). Au dos, un synopsis qui, lui, n'a définitivement plus aucun lien avec la couverture.

Le tome 1 de Cosplay Animal nous propose donc de découvrir Rika, une jeune fille de 19 ans qui en paraît 15 (sinon c'est pas fun) et qui a, depuis toujours, une passion qui lui bouffe tout l'esprit (si tant est qu'elle en a un) pour les uniformes en tous genres, mais plus particulièrement ceux de lycéens. Aussi prend-elle plaisir, régulièrement, à remettre son ancien habit de lycéenne et à se trouver mégabonne devant le miroir (c'est pas moi qui le dit, c'est elle... si si). En secret, elle a toujours nourri un immense fantasme : se faire baiser en uniforme (là non plus, c'est pas moi qui le dit, c'est en toutes lettres dans le bouquin... Comme c'est délicat...).

C'est sur cette base digne d'un mauvais épisode de Confessions Intimes (pléonasme) que notre héroïne-cas social, sacrifiant volontiers son honneur de femme sur l'autel de la baise et des fantasmes, fait connaissance sur un site de rencontres avec Hajime, un lycéen qu'elle décide de se faire. Seulement, problème : Hajime a 17 ans, elle en a 19, et la voici donc contrainte de mentir sur son âge pour... hé, mais attendez : 17 ans, 19 ans, soit deux ans de différence d'âge. Deux petites années seulement. Et c'est pour ces deux petites années que Rika décide de mentir sur son âge ? Mais... mais... mais qu'est-ce que c'est que cette absurdité ? Depuis quand deux malheureuses années posent-elles problème dans un couple ? Si l'écart d'âge avait été réellement important, on aurait pu comprendre, et il y aurait même eu la possibilité d'offrir un propos intéressant. Mais là, deux petites années de rien du tout ? A-t-on déjà vu plus ridicule ?

Quoi qu'il en soit, s'il est pourtant vendu comme un élément-clé par Kurokawa dans le synopsis de dos, cet état de fait est finalement vite expédié, puisque le secret de Rika sera percé à jour après une poignée de pages. Ne vous attendez donc pas au moindre propos pertinent là-dessus. De toute façon, Watari Sakô n'en avait aucunement l'intention : c'est tellement mieux de mettre en avant l'immense pouffitude de son héroïne !

Cette héroïne, résumons-la donc : on a une fille qui n'arrive pas à assumer son terrible secret qui est... sa passion pour les uniformes. Olala, mais vraiment, c'est trop horrible ! Là aussi, pouvions-nous tomber sur plus ridicule ? Mieux encore, la miss peine à assumer son envie de sexe et la cache donc derrière son fétichisme. Mais... mais dans le fond, on s'en fout, miss ! Ta passion te concerne, tu n'as qu'à envoyer paître ceux qui ne l'acceptent pas. Après tout, c'est pas notre problème, on s'en fout au moins autant que ton histoire dans ce manga. Et ton corps, tu en fais ce que tu veux, hein. Si t'as envie d'être une nympho, grand bien t'en fasse, mais au moins, assume-toi. Aborder le sexe de manière décomplexée peut être tout à fait positif si le tout est traité avec une certaine pertinence, mais là, c'est le néant. On a une fille qui veut se faire prendre en respectant son fantasme, mais qui refuse de le faire sans amour réciproque. Heureusement, elle et Hajime vont s'enticher l'un de l'autre en deux temps trois mouvements, comme ça c'est réglé. Le problème, c'est que quelques pages plus loin, cette chère Rika, pendant une absence de Hajime, s'en va retomber tranquillement dans les bras de son ex d'il y a deux ans avec une furieuse envie de se la faire mettre bien profond. Mais heureusement, comme dans tout bon shôjo de pouffe, le prince charmant débarquera au bon moment, comme un cheveu sur la soupe. C'est aberrant de connerie.

Visuellement, la série n'est ni bonne ni mauvaise, et parvient pour l'instant à éviter le trop-plein de mauvais goût, les scènes coquines se comptant sur les doigts d'une main et étant infiniment moins explicites et putassières que les dialogues. Par moments, les réflexions perverses et les bouilles de l'héroïne parviennent même à faire décocher quelques petits sourires.

Mais ce dernier point ne sauve pas d'un centième ce premier tome. Malgré quelques situations un peu amusantes sur sa nature de vicelarde, Rika représente à elle seule toutes les horreurs de la pouffe puissance mille : on a là une jeune fille au caractère de nympho et qui a des fantasmes, mais qui n'assume rien et passe son temps à montrer l'étendue de sa connerie via un comportement incohérent, ne serait-ce qu'en se rejetant dans les bras de son ex. Complètement conne, totalement insipide, prête à faire n'importe quoi avec son corps en laissant croire que ça n'a aucune incidence physique ou psychologique. Bel exemple pour les jeunes lectrices. Car oui, au vu de la façon dont Kurokawa le vend, il semblerait que l'éditeur cherche à toucher un public assez jeune : avec un logo kitsch, un fond rose pétant et des petits autocollants brillants en cadeau chez les libraires, on ne nous fera pas croire que ce sont des adolescentes mâtures ou des jeunes femmes qui achèteront ça (déjà qu'il est aberrant que des gens achètent ça...). Et le meilleur reste à venir : même pas un petit logo "pour public averti" dans un coin ou un autre...

Et tout ceci, en seulement 80 pages, mesdames et messieurs. Oui, tant d'horreurs en 80 petits pages, le reste du tome nous proposant de découvrir trois nouvelles de l'auteure qui parviennent à être un brin meilleures que l'histoire principale, tout simplement parce que Watari Sakô y aborde encore le sexe, mais cette fois-ci de manière un peu plus pertinente, sous trois angles différents : l'amour comme exutoire à certaines souffrances, le sexe vu de manière scientifique (une nouvelle originale et intéressante, mais qui vous dégoûterait presque du sexe)... Dommage qu'on ait encore droit à des personnages insipides.


Koiwai


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
6 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs