Corps Solitaires Vol.3 - Manga

Corps Solitaires Vol.3 : Critiques

Anata ga shite kurenakute mo

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 05 Juillet 2021

Michi et Yô ont enfin fait l'amour, un événement qui empli la jeune femme de joie. Leur relation progresse, même si l'intéressée ne se doute pas que le changement soudain de comportement de son mari résulte d'une infidélité. Mais elle sent que quelque chose ne va pas : Tandis que la distance entre elle et Yô se creuse, Michi se rapproche toujours plus de Makoto Niina, son collègue qui rencontre ses propres soucis de couple. Tous deux jouent à un jeu dangereux qui pourrait s'avérer fatal pour leurs futurs sentimentaux respectifs...

La tranche de vie de Haru Haruno s'était montrée impeccable dans ses deux premiers tomes. L'autrice croquait assez justement les difficultés d'une relation au sein de deux couples dont les fossés qui se creusent, bien que similaires, partaient d'un dénominateur commun. Tout pouvait pourtant basculer dans le peu d'équilibre qui subsistait dans ces relations, aussi ce troisième tome occupe une place importante dans l'histoire de la série.

Et si l'adultère auquel s'est adonné Yô était le moyen de faire repartir son couple ? Pas vraiment. La relation entre Michi et son conjoint n'est pas au beau fixe, un simple point de départ qui mènera une réaction en chaîne, celle-ci étant aussi due au fort rapprochement entre l'héroïne et Makoto. Dès lors, difficile de ne pas voir venir les événements. Tout était mis en place pour amener à cet instant qui cassera (définitivement?) la petite harmonie qui restait en place. En termes de scénario, il n'y a donc pas de quoi être surpris. Sauf que ce n'est clairement pas là que se trouve l'intérêt de cette suite.

Haru Haruno donne de l'intelligence à ce troisième tome en questionnant directement la morale de son lectorat. Alors que de tels écarts se creusent au sein d'un couple, est-il normal de succomber à l'interdit ? Peut-on tenter de garder l'équilibre de son couple via des procédés peu loyaux ? Si Yô était la seule figure dont on se méfiait jusqu'à présent, notre rapport aux personnages évolue grandement dans ce tome. La force de l'ouvrage est de ne pas se limiter à condamner les protagonistes pour leurs actes : Tout est d'une belle ambiguïté chez l'autrice qui n'excuse jamais les fautes et uns et des autres. Un humain, c'est toute une nuance grise très bien mise en exergue dans cette suite. Pour la morale définitive de l'histoire, il faudra attendre son dénouement afin de voir où la mangaka souhaitait en venir, et quel discours elle cherche à apporter. Mais pour l'heure, le drame humain fonctionne par ses pistes de réflexions, donnant parfois la parole à des personnages qu'on jugeait même un peu trop hâtivement. Kaede, la compagne de Makoto, en est une excellente preuve qui amène se propre propos concernant la société japonaise dont la compétitivité et la méritocratie laisse parfois bien peu de place aux relations humaines.

Dramatique et intense, Corps Solitaires n'en reste pas moins malin dans son approche, malgré un déroulement scénaristique désormais prévisible. Mais ce n'est pas là que se joue la prouesse du titre, mais bien dans ses questionnements et dans sa manière d'amorcer un cercle infernal qui pourrait difficilement se finir sur une note entièrement positive. Des nuances à chaque instant, donc, ce qui contribue à maintenir notre curiosité à l'égard du titre.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs