Conte des parias (le) Vol.1 - Actualité manga
Conte des parias (le) Vol.1 - Manga

Conte des parias (le) Vol.1 : Critiques

Nokemono-tachi no Yoru

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 03 Mars 2021

Après La gameuse et son chat en janvier, le catalogue des éditions Doki-Doki accueille sa deuxième nouveauté de 2021 en ce début de mois de mars: Le Conte des Parias, un récit toujours en cours au Japon depuis 2019 au sein du célèbre magazine Shônen Sunday des éditions Shôgakukan. De son nom original Nokemono-tachi no Yoru (qui peut être traduit littéralement par "La Nuit des Bêtes"), cette série est scénarisée et dessinée par Makoto Hoshino, jeune mangaka dont c'est la première série longue mais qui a auparavant participé à des anthologie de Fate/Grand Order.

Londres, fin du XIXe siècle. Tout commence par une première page où l'on apprend que, dans la mansarde d'une vieille église, tous les soirs à minuit, un diable nommé Marbas vient rendre visite en secret à une jeune fille humaine, Wisteria. Ils avaient pourtant des parcours totalement opposés, puisque lui est un immortel ayant déjà tout vécu, et qu'elle n'est qu'une malheureuse orpheline alors promise à un avenir funeste, censée être vendue. Mais un lien s'est créé entre eux, notamment parce que la jeune fille a le pouvoir de voir les diables alors que normalement c'est une chose impossible pour les humains, et que Marbas en est sorti plein de curiosité, lui qui pensait avoir déjà tout vu. Scellant un pacte les liant, ils décident de partir ensemble pour une nouvelle vie, voire de nouvelles aventures...

The Ancient Magus Bride, L'Enfant et le Maudit, Lyla et la bête qui voulait mourir, La Princesse et la Bête, Somali et l'esprit de la forêt, prochainement Lonely World, etc, etc... Ces derniers années, surtout depuis le succès de The Ancient Magus Bride, on a pu voir arriver un petit paquet de mangas mettant en scène, en guise de personnages principaux, un binôme formé d'une humaine et d'un non-humain (pourquoi jamais l'inverse, d'ailleurs ?). Et on pourrait même étendre la liste au registre du boy's love avec la série Le Monstre et la Bête. Si bien qu'à force, trouver sa part d'originalité et de personnalité dans ce type de récit peut devenir délicat... La série de Makoto Hoshino y parvient-elle ?

En tout cas, pour l'instant, pas sur l'exploitation de l'époque choisie. Le mangaka a choisi d'ancrer son histoire dans le Londres de la fin du XIXe siècle, donc vers la fin de l'ère victorienne, mais dans les faits cela se rend très peu pour l'instant: on a bien l'évocation des inégalités sociales via la misère dans laquelle vivait Wisteria comme d'autres enfants, et quelques clins d'oeil rapides dont un à Sherlock Holmes, mais à part ça on ne ressent pas vraiment les spécificités de cette période. Ce qui ne veut évidemment pas dire que la série commence mal, car l'univers posé montre plus d'une chose intéressante, surtout dans la relation qui se crée entre les deux personnages principaux.

Comment Marbas et Wisteria se sont-ils rencontrés, et qu'est-ce qui les a poussé à lier leur existence respective ? Les réponses se dessinent au fil d'une première partie de volume claire et efficace, d'autant qu'elle permet d'installer les unes après les autres des premières données importantes. Bien sûr, le fait que les humains ne sont pas censés pouvoir voir les diables, comme déjà dit. Mais aussi le premier contact de ces deux êtres: elle croit qu'elle va se faire voler son âme, mais lui ne veut la revoir que par curiosité. A partir de là, il vient chaque soir lui raconter des histoires, il offre ainsi un peu de bonheur dans l'existence malheureuse de la jeune fille, tandis que lui-même sent renaître en lui un intérêt pour la vie dont il s'était lassée. C'est ainsi qu'il se rapprochent tout naturellement, jusqu'à vouloir partir ensemble puisque rien n'y personne ne les retient. Mais nouer un pacte avec un diable est une chose cruelle: la loi des diables dit qu'il ne peut pas aider la jeune fille sans contrepartie, sinon son corps se désagrégera... Mais quelle sera cette contrepartie, et tous deux oseront-ils alors franchir cette étape symbolique qui scellerait leur lien ?

Cette mise en place rapide mais soignée effectué, la suite du volume part déjà sur des premières pistes assez sympathiques: un grand frère déterminé à retrouver sa petite soeur, un autre diable essayant de tenter Wisteria... ce qui accentue non seulement la relation bâtie entre les deux personnages principaux, mais aussi certains éléments de fond: le fait qu'en volant des vies humaines les diables rallongent leur propre vie (mais Marbas étant déjà immortel, il s'en fiche), l'existence de l'Ordre de l'épée (une milice qui lutte contre les diables), le fait que les diables ne font qu'exaucer les voeux de leurs contractants (ce qui signifie que derrière chaque acte il y a toujours un humain)...

Visuellement, malgré le manque de prégnance de l'atmosphère anglaise victorienne, c'est soigné, et même très soigné. Derrière un découpage de casses souvent académique, on trouve une belle limpidité, et surtout des cases qui ne sont jamais vides. Les fonds sont aussi soignés que les designs, on devine que le mangaka accorde beaucoup de soin à son oeuvre, et ce dernier dit lui-même que pour la publication en volume broché il a retravaillé 131 pages par rapport à la prépublication.

Il s'agit donc, dans l'ensemble, d'un début prometteur. Le Conte des Parias pose des bases assez intéressantes ici, et a vraiment de quoi se bonifier sur la longueur... Peut-être pourra-t-on même déjà vérifier cela à la lecture du tome 2, qui est paru en même temps que le premier volume.

L'édition française, elle, est très satisfaisante. Doki-Doki nous offre un petit format shônen (assez rare chez l'éditeur) au papier bien épais, ce qui permet une très bonne qualité d'impression. L'expérimentée Ryoko Akiyama livre une traduction très claire, tandis que le studio Charon effectue un travail de lettrage soigné.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction