Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 05 Avril 2024
Depuis qu'ils ont accueilli chez eux Tôma et Haru, Kinaho et Akito ont déjà vu leur quotidien bien changer sous différents aspects, ne serait-ce qu'en faisant des rencontres qui sont autant de visions différentes de ce que peut être une famille en bien ou en moins bien. Mais à présent, c'est un cas encore plus particulier qui s'est présenté devant eux, dès lors que Kinaho a surpris la petite Rina en train de manger de la terre. Frêle, sale,les cheveux non lavé ni coiffés, la fillette semble délaissée par sa mère, si bien que notre héroïne a pris la décision de l'emmener à la maison...
Au vu du cas de la petite Rina qui promettait déjà d'être poignant suite au tome précédent, ce troisième volume de Comme une famille s'annonçait assez fort, et cela ne manque pas, toute la magie d'Asou Kai étant d'éviter en permanence le surplus d'émotion et de toucher naturellement. Et pour cela, la mangaka peut compter plus que jamais sur ce que l'on voyait déjà dans les deux premiers opus, à savoir ce que dégagent ses principaux personnages formant désormais une sorte de famille. Ainsi Kinaho, avec l'aide d'Akito et surtout de Haru qui confirme être un gamin assez rayonnant dans le cas présent (aucun jugement envers l'allure de Rina, entre autres), s'applique-t-elle d'abord à apporter à la fillette tout ce dont elle a besoin dans l'immédiat, en attendant l'arrivée de sa mère: lui donner un bain, lui laver soigneusement les cheveux, les couper un peu, lui trouver des vêtements propres et plus adaptés pour une petite fille de son âge, lui faire de bonnes choses à manger tous ensemble, lui apprendre même comment manger correctement avec des baguettes vu qu'apparemment on ne lui a jamais appris cette base... En somme, lui montrer toute l'attention qui lui manque, la mettre en confiance et la réconforter.
Mais les choses ne s'arrêtent pas là, tant Kinaho ne cesse d'épater et de séduire à sa manière, une nouvelle fois. Prévenante, elle ne manque pas d'alerter la mère de Rina sur la présence de sa fille chez eux, pense à lui demander si l'enfant a des allergies, et n'hésite pas à dire plusieurs fois à la petite de revenir les voir à la moindre occasion si jamais quelque chose ne va pas et qu'il n'y a pas de honte à ça. Observatrice, elle constate que la fillette est maigre sans que ce soit à un niveau critique mais qu'elle n'a pas de bleus, ce qui est peut-être le signe que sa maman n'est pas encore irrécupérable. En plus de ça, non seulement Kinaho pense à tous les besoins des enfants, mais en plus elle tâche de ne pas blâmer la mère pour ne pas la braquer, et préfère lui faire prendre posément conscience de ce qui ne va pas, lui donner des conseils et lui proposer de l'aide. Et même si la mère de Rina a toujours un peu de fierté mal placée, on sent alors qu'elle se remet en question et veut mieux faire, car Kinaho a cette faculté de dire le fond de sa pensée avec intelligence. La jeune femme fait décidément beaucoup de bien à voir, fait partie de ces héroïnes matures de manga incroyablement bénéfiques et inspirantes, sans avoir besoin d'être une superwoman, et sans occulter ses pensées plus cassantes ou terre-à-terre.
Après cette superbe première partie de tome, la suite reste tout aussi chouette dans l'ensemble, avec quelques moments assez simples sur le papier (les préparatifs de la Saint-Valentin au collège de Tôma, un peu de cuisine pour Kinaho avec Haru et Riku...), mais joliment abordés, et permettant notamment d'offrir un peu plus de présence à la vie scolaire de Tôma et à ses potes Sôta et Mitchan. Mais sans doute retiendra-t-on plus la dernière partie du volume où, lors d'un jour de pluie, Haru n'a pas envie d'aller à l'école pour une raison précise qui lui rappelle encore le traumatisme lié à la mort de ses parents, pour un résultat où Kinaho fait à nouveau preuve de compréhension, sans brusquer ni forcer le petit garçon (d'autres auraient sûrement considéré avant tout que ce n'est pas bien de rater un jour d'école, mais pas elle), mais en l'invitant à exprimer une bonne fois pour toutes ce qu'il ressent, plutôt que de laisser ça grandir dans son coeur.
Une nouvelle fois, on ressort alors largement touché par la lecture de Comme une famille, une tranche de vie où la mangaka confirme plus que jamais tout son talent ici. Très juste dans sa façon d'aborder ses sujets, porté par l'une des meilleures héroïnes de manga de ces derniers mois, appuyé par un dessin et une narration tout en douceur, l'oeuvre frappe très juste jusqu'à présent, et cela pourrait bien continue au vu d'une nouvelle vérité assez dure qui semble se dessiner en toute dernière page.