Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 18 Janvier 2024
Couple ayant fait le choix de ne pas se marier, Kinaho et Akito on pris en charge Tôma, 14 ans, et Haruhi, 5 ans, suite au décès de leurs parents dans un accident. Et petit à petit, ces quatre-là s'habituent à cette nouvelle vie ensemble, jusqu'à commencer à ressembler à une véritable famille. Mieux encore, tout ça a commencé à pousser Kinaho à sociabiliser un peu plus, en sympathisant avec deux autres mères. Et c'est ainsi que le temps continue de passer peu à eu en offrant son lot de moments assez chaleureux: le Nouvel An, une journée de préparation de mochis avec les parents à la maternelle, Haru qui se prend de passion pour la prise de photos... Asou Kai croque tout ceci avec une certaine douceur, douceur encore appuyée par les attentions que les personnages s'accordent, à l'image d'un Tôma qui souhaite souvent apporter son aide au foyer, et qui compte bien mettre en pratique ce qu'il apprend au club de cuisine de son établissement scolaire.
Les choses auraient pu s'arrêter à cela, et ça nous aurait déjà offert une belle tranche de vie un peu réconfortante, mine de rien. Mais la mangaka continue d'aller plus loin, et c'est tant mieux puisque la vie ne se résume pas à des petits moments de joie. Bien sûr, Kinaho et Akito savent déjà qu'ils en baveront à certains moments charnières, ne serait-ce que financièrement, tout comme il savent qu'il faut trouver l'équilibre entre le respect du deuil des deux enfants et le besoin de les pousser de l'avant. A ce titre, c'est surtout Haruhi qui interpelle dans ce volume: tandis que son incapacité à dessiner le visage de sa mère suscite une certaine inquiétude chez nos deux héros adultes, le rhume qui vient le frapper lui fait ensuite faire des rêves particulièrement évocateurs sur la place qu'a encore sa défunte maman dans sa mémoire, pour un résultat assez subtilement mené pour nous toucher en profondeur sans avoir à forcer les émotions.
En dehors de ça, l'autrice aborde aussi d'autres choses. Elle évoque avec soin des choses très concrètes, comme la délicatesse pour des parents seuls avec plusieurs enfants d'aller chez le médecin, ou certaines contraintes du travail d'autrice. Egalement, à travers le cas d'une petite fille vivant mal les changements physique de sa mère, puis celui d'une autre enfant qui semble cruellement délaissée par sa mère (ce qui nous déchire déjà naturellement le coeur quand on observe ce que cette petite est amenée à faire), Asou Kai continue de montrer différents types de famille, chose qu'elle avait déjà entamée dans le premier volume. Et ce qu'on a plus que tout envie de saluer ici, c'est le comportement de Kinaho face à tout ça: tout en évitant de juger trop vite certaines situations pour mieux les analyser, elle n'hésite pas pour autant à dire ce qu'elle pense voire à agir à son échelle, en ayant plus d'une fois des paroles très juste et sensées. Elle a beau se présenter comme une solitaire peinant à sociabiliser, le fait est qu'elle montre beaucoup de choses bénéfiques.
Après un premier volume très prometteur, les qualités de Comme une famille se confirment. En plus de proposer des émotions très naturelles où elle ne force jamais le très, la mangaka arrive à évoquer avec justesse et réalisme un paquet de chose, tout en rendant toujours plus attachant son petit univers à travers un dessin emprunt de douceur (et où, avouons-le, les bouilles du petit Haruhi font souvent mouche). La tranche de vie des éditions Shiba part sur de très belles bases.