Comme une famille Vol.1 - Actualité manga

Comme une famille Vol.1 : Critiques

No, you na

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 15 Janvier 2024

Première nouveauté des éditions Shiba pour cette année 2024, Comme une famille ("No, youna" en japonais) est une tranche de vie qui est publiée au Japon depuis 2018 à rythme assez tranquille (un tome par an), après une prépublication dans le magazine Rabako des éditions Hôbunsha. L'oeuvre est signée Kai Asou, mangaka active dans son pays d'origine depuis une vingtaine d'année essentiellement dans le yaoi, un genre qui lui a valu d'être déjà publiée à deux reprises dans notre pays avec les mangas Romantic Roomate et Amour Sincère, tous deux parus aux éditions Taifu Comics dans la première moitié des années 2010.


L'histoire a le mérite de commencer très vite, quand Kinaho Takayama, une écrivaine ayant acheté un appartement après avoir passé la trentaine, a la surprise, dès les premières pages, de voir son compagnon Akito ramener un jour chez elle les deux enfants de sa cousine et de son mari, tout récemment décédés dans un accident. Tôma, collégien de 14 ans, et Haruhi, petit garçon de 5 ans, n'ont plus de papa ni de maman. Les voici alors, à présent, sous la tutelle d'Akito jusqu'à ce qu'ils atteignent leurs 18 ans, situation face à laquelle la plutôt solitaire Kinaho ne peut toutefois pas dire non. Deux jeunes êtres de plus sont donc voués à s'installer dans son appartement peut-être pas assez grands pour quatre personnes, et c'est forcément une toute nouvelle vie qui commence...


Sous un dessin propre et doux avec forcément un paquet de bonnes bouilles enfantines (oui Haruhi, tu es trop mignon), et sous une narration assez posée qui laisse plutôt bien le temps de profiter de chaque étape, Kai Asou aborde plutôt efficacement les débuts de cette nouvelle vie à quatre à laquelle il va falloir s'habituer, parfois en se serrant les coudes, mais déjà avec pas mal de bonnes choses. D'un côté, il est évidemment question de la découverte de deux enfants parlant peu de leurs parents décédés (que peuvent-ils bien ressentir là-dessus ?), dont on entrevoit petit à petit le caractère et qui doivent trouver peu à peu leur place dans leur nouveau foyer mais aussi à l'extérieur de celui-ci (au collège pour l'un, à la maternelle pour l'autre). Et entre l'innocence adorable de Haruhi et la maturité de Tôma qui veut apporter son aide dans le foyer, il y a quelque chose d'assez chaleureux qui s'installe. De l'autre côté, il est aussi question, pour Kinaho et Akito, de découvrir les joies et les difficultés d'une vie de famille, eux qui devront désormais élever ces deux enfants sans être leurs vrais parents, ce qui impliquera évidemment un paquet de responsabilités... et de découvertes. Gérer les formalités administratives initiales et l'école, tâcher de bien cuisiner en s'appuyant notamment sur de vieilles recettes familiales, récupérer des vêtements pour enfants non-utilisés auprès de proches, ou même faire des petites tâches anodines pour la première fois (comme couper les cheveux de Haruhi)... sont quelques-unes des premières étapes faisant déjà comprendre à Kinaho et Akito les difficultés de s'occuper d'autrui, le fait qu'il n'y a pas de vacances quand on élève des enfants, et l'importance qu'il y aura à toujours les accompagner dans leur vie en respectant leurs différents choix mais aussi en veillant à ce qu'ils ne tournent pas mal.


Les deux adultes en seront-ils capables ? La question peut se poser plus particulièrement pour Kinaho, qui était jusque-là d'un naturel plutôt libre et assez solitaire (c'est bien pour ça que son travail consiste à écrire depuis chez elle), et qui devra forcément s'imposer plus de choses désormais. Et cela pourrait rapidement s'avérer assez bénéfique pour elle aussi puisque l'arrivée des enfants la pousse à sortir plus, à revoir des connaissances, et faire des rencontres positives comme les parents d'autres enfants fréquentés par Tôma et Haruhi. Et c'est aussi sur ce dernier point que Kai Asou interpelle efficacement en mettant en avant différentes formes de famille éloignées de la norme. Bien sûr, de base, il y a le cas de nos quatre personnages principaux qui doivent former des liens semblables à ceux de parents et d'enfants, ce à quoi il faut ajouter le fait qu'Akito et Kinuho ne sont pas mariés puisque cette dernière est du genre à refuser strictement le mariage. Mais au fil des rencontres et retrouvailles, il sera aussi question d'un couple homosexuel élevant la fille de l'un d'eux, d'une famille monoparentale via une mère célibataire active, ou même des regards parfois bizarres se posant sur ces familles sortant de la norme (par exemple, des enfants à la maternelle qui trouvent bizarre la situation de Haruhi, et à qui il faut alors expliquer que ce n'est pas bizarre).


On a alors un début réussi pour Comme une famille (un titre français qui, d'ailleurs, est particulièrement adéquat, donc bravo pour ça aux éditions Shiba). Après cette phase de mise en place distillant déjà un paquet de choses intéressantes dans une tonalité assez posée, suffisamment mature et plutôt douce, il y a de quoi être curieux de voir comment l'oeuvre va se développer, et il n'y aura pas besoin d'attendre puisque l'éditeur a eu la bonne idée de publier le deuxième tome en même temps que le volume 1 !


Enfin, côté édition, Shiba nous offre une copie tout à fait agréable, portée par une belle jaquette fidèle à l'originale japonaise (l'illustration y a juste été un peu recentrée, et c'est tant mieux vu qu'elle était légèrement tronquée sur l'édition nippone), par un papier bien blanc, souple et assez opaque permettant une qualité d'impression convaincante, par un travail de lettrage tout à fait soigné de la part de Nicolas Willame, et par une traduction signée Marina Bonzi limpide et collant bien aux personnages.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs