Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 23 Février 2023
Pieta fait désormais face à l'autre version d'elle-même. Tandis que cette adversaire, qui cristallise ses tourments intérieurs, veut lui faire répéter éternellement une seule journée idéale, notre jeune héroïne découvre les origines de son dilemme entre bonheur et malheur, qui ont un lien étroit avec un drame issu de son passé. Pieta est alors face à un choix à faire: se laisser faire par ce que son sosie veut pour elle, ou tout faire pour se sortir de la boucle temporelle...
L'issue de cet affrontement important est en réalité vite vue dès les premières pages de ce troisième opus, mais c'est pour mieux permettre à Mochito Bota de vite rebondir sur de nouveaux événements sans laisser le temps à l'intensité de son récit de retomber. Car ici, même si Pieta franchit une étape cruciale dans ce qu'elle veut pour elle-même, il reste bien des choses à régler vis-à-vis de ses camarades: alors que s'abat une étrange série d'incendies touchant même le "musée" de Chiaro, une nouvelle ennemie aux redoutables pouvoirs surgit pour s'en prendre à une fille en particulier: Niki. Mais pourquoi elle ? Et quelles sont les origines de ces pouvoirs ? Une chose est sûre: Pieta, mue par de nouvelles motivations, ne compte aucunement laisser sa nouvelle amie dans la panade.
Après deux premiers volumes aussi mouvementés que nébuleux, Mochito Bota semble d'abord continuer dans cette voie, au risque de perdre un petit eu son lectorat sur le coup, car le fait est que sur certains éléments le mangaka confond vitesse et précipitation. Sans doute aurait-il fallu mieux préciser d'emblée certaines choses juste après l'affrontement de Pieta contre son autre elle-même, en particulier le concept des bêtes noires, même si on finit assez vite par en comprendre la teneur.
Quoi qu'il en soit, les moments un peu confus ne le sont pas assez pour vraiment entacher un plaisir de lecture qui reste bien présent.
Non seulement parce que Mochito Bota peut toujours compter sur l'immersion procurée par son style visuel assez travaillé, en particulier ses jeux sur le noir ainsi que sur ses décors urbains gigantesques et oppressants, sans oublier cette pluie noire tombant inlassablement.
Mais aussi parce que la tournure prise n'est pas pour nous déplaire, avec un récit prenant des allures de magical girls plus sombres que la moyenne avec ces jeunes filles désormais dotées de pouvoirs et devant lutter pour trouver leur bonheur... mais devront-elles lutter les unes contre les autres pour s'emparer du bonheur de leurs adversaires, ou plutôt lutter ensemble pour briser l'infernale spirale qui s'est mise en place ? Pieta, elle, souhaite désormais montrer la meilleure voie, tut en poussant un peu quelques réflexions rapides sur le bonheur.
Et enfin, parce que certains personnage gagnent en importance de faon assez réussie, et on pense avant tout ici à Niki qui s'affiche avec Pieta sur la jaquette. Face à ses ennemies, à ses propres bêtes noires, celle-ci dévoile rapidement les origines de ses tourments, et par la même occasion les pressions qui pèsent sur elle simplement parce qu'elle veut tout faire pour garder sa famille unie.
A l'arrivée, le récit avance parfois trop précipitamment au risque d'être un brin confus sur le coup, mais l'auteur enrichit son oeuvre avec des possibilités supplémentaires, des développements intrigants qui nus gardent toujours accrochés à la lecture. Autant dire que l'on attendra la suite avec un intérêt intact.