City Hunter - Rebirth Vol.1 - Actualité manga
City Hunter - Rebirth Vol.1 - Manga

City Hunter - Rebirth Vol.1 : Critiques

Kyô Kara City Hunter

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 15 Février 2019

Chronique 2
  
Depuis les débuts de sa parution au Japon en 1985 puis sa conclusion plus de 6 ans plus tard, City Hunter est une oeuvre qui est restée dans le coeur de beaucoup de fans de manga, mais également de fans d'animes via sa longue adaptation qui fut diffusée chez nous sous le nom de Nicky Larson. Que ce soit simplement par nostalgie ou pas, il s'agit d'un nom encore vivace dans un grand nombre d'esprits... si bien que la voir connaître encore de nos jours des adaptations et des dérivés n'est pas étonnant ! C'est le cas pour ce City Hunter Rebirth, un spin-off lancé au Japon en 2017, validé par l'auteur d'origine Tsukasa Hojo lui-même, et dessiné par Sokura Nishiki. Celui-ci nous propose de retrouver tous les personnages légendaires de City Hunter, et débarque en France aux éditions Ki-oon au meilleur moment possible, quand l'actu autour de la saga est bien présente entre l'arrivée au Japon du nouveau film d'animation Shinjuku Private Eyes et la sortie dans les cinémas français du film Nicky Larson et le parfum de Cupidon de Philippe Lacheau.

C'est dans notre réalité que démarre pourtant ce manga, en nous invitant vite fait à découvrir Kaori, une femme dont l'unique passion depuis toujours semble être City Hunter. Elle a grandi avec ce manga, l'adule depuis toujours au point de le connaître par coeur et d'être amoureuse de Ryo, a même voulu devenir elle-même mangaka par la suite... mais la réalité la vite rattrapée. N'ayant pas eu sa chance dans le monde du manga, elle a fini par se retrouver à exercer un boulot alimentaire qui l'ennuie, et préfère continuer de fantasmer continuellement sur son manga favori plutôt que de redresser la tête dans sa réalité, si bien qu'elle est toujours célibataire à 40 ans passés alors qu'elle rêverait d'avoir un amoureux... Son quotidien bascule le jour où, bousculée sur les bords des quais, elle tombe sur les rails d'un train qui arrive... Va-t-elle mourir ainsi, si pitoyablement, à l'image de sa vie qui ne l'a jamais passionnée ? Hé bien non. Quand elle se réveille, Kaori n'est pas morte, mais a été comme transportée dans le passé, dans ce qui semble être le Shinjuku des années 80, et en plus dans son corps de lycéenne ! Rapidement désorientée et désespérée en ne trouvant aucune trace de sa famille, elle finit par échouer inconsciemment devant le célèbre panneau de la gare de Shinjuku, et y inscrit sans grand espoir la fameux "XYZ", symbole soulignant l'appel à l'aide adressé à Ryô Saeba dans son manga favori. Et l'impensable a lieu: Ryô apparaît devant elle, en chair et en os ! Se faisant passer pour une jeune amnésique, Kaori, qui se renomme Saori Saionji pour ne pas avoir le même prénom que la collègue de Ryô, se retrouver à loger chez ses idoles de toujours en attendant de "retrouver la mémoire", et elle s'apprête à revivre des événements qui l'on tant marquée dans son manga préféré...

Le concept de l'isekai (un personnage banal de notre monde qui se retrouve projeté soudainement dans un autre univers) étant très largement à la mode au Japon depuis plusieurs années, il n'est pas forcément étonnant de voir d'anciens mangas ou d'autres oeuvres cultes remis sur le devant en exploitant le filon, avec des personnages par exemple se retrouvant par exemple propulsés dans l'univers de Final Fantasy via le manga FF Lost Stranger, ou encore dans le monde de Dragon Ball avec le one-shot DB Extra: Comment je me suis réincarné en Yamcha, pour citer des exemples récents. City Hunter Rebirth se base sur le même principe en propulsant Kaori/Saori dans le manga où vivent ses héros de toujours, ce qui, comme le laisse comprendre le "Rebirth" du titre, pourrait être une véritable renaissance non seulement pour ce personnage mais aussi pour la saga City Hunter.

C'est avant tout sur la fibre nostalgique que Sokura Nishiki joue, en offrant un rendu on ne peut plus proche du City Hunter originel, que ce soit dans les dessins, dans l'histoire ou dans l'ambiance. Visuellement, la dessinatrice rend une copie quasiment impeccable: son dessin se veut extrêmement proche de celui de Tsukasa Hojo, et plus précisément du Tsukasa Hojo de l'époque, car ici tout fleure bon la fin des années 80 et le début des années 90, avec beaucoup de soin accordé à la peinture de l'époque dans les décors ou même dans les expressions faciales et les coiffures des personnages qui à plus d'une reprises restent typiques de cette période et plus encore du manga d'origine. Même topo côté ambiance: en plus de retrouver dès ce premier tome plusieurs personnages phares à commencer par Ryô, Kaori, Falcon, Miki et Saeko, on constate que Sokura Nishiki fait tout pour conserver et retranscrire au mieux leur caractère respectif (rassurez-vous donc: Ryô n'a absolument rien perdu de son côté pervers, et ses "mokkori"/"coucou" abondent), et leurs différentes relations, que celles-ci soient sérieuses ou amusantes. Les taquineries de Ryô envers Kaori sont bien là, tout comme les nombreuses piques de colère de cette dernière, avec à la clé les cultissimes coups de massue entre autres. Et il en est de même pour l'histoire... et c'est peut-être là qu'est l'un des principaux problèmes du volume.

En effet, il peut vite se dégager une impression un peu décevante à la lecture, puisque l'autrice, pour le moment, tend à beaucoup trop copier City Hunter dans les événements, avec ici Saori qui se retrouve à revivre tout le passage du manga d'origine où Miki réapparaît devant Falcon pour le demander en mariage. C'est le concept-même de l'oeuvre qui veut ça... mais pour le moment c'est trop, car dans les faits on a beaucoup l'impression de relire la même chose que dans le City Hunter d'origine sans que Saori n'y influe réellement. Bien sûr, la "lycéenne quarantenaire" a parfois une influence de par sa présence inédite, mais elle est minime, car en réalité pour le moment les quelques petits moments qu'elle modifie sans le vouloir n'ont aucun réel impact. Résultat: pour l'instant, on a surtout le sentiment de relire une histoire que l'on connaît déjà, mais avec différents commentaires d'une héroïne tellement fangirl qu'elle a parfois tendance à agacer, avec ses différents moments de fantasme, ses "je savais que ça se passerait comme ça", etc... D'ailleurs, pour le moment Saori reste vraiment une héroïne en deux temps, à quelques reprises assez attachante dans certains traits de caractère, et à d'autres reprises irritantes dans son côté tellement fangirl qu'en réalité elle ne s'inquiète pas tant que ça de ses proches. Bien sûr, au début elle est déboussolée en ne retrouvant aucune trace de sa famille, de ses amis... mais par la suite, elle ne s'en inquiète jamais réellement, ne s'interroge à aucun moment sur l'état dans lequel pourraient être les proches qu'elle a abandonnés dans son ancien monde...

Au final, la lecture est à la fois plaisante pour tout le soin et l'immersion que Sokura Nishiki accorde à sa reprise très fidèle de l'univers de City Hunter (c'est simple: on a vraiment l'impression de lire du pur City Hunter, sur ce point-là c'est impeccable), et un peu frustrante parce que pour l'instant elle se contente d'une reprise sans risque et beaucoup trop calquée sur les événements du manga d'origine, sans y changer réellement grand chose. Mais il est clairement trop tôt pour juger l'oeuvre: on peut penser qu'on n'est encore que dans une introduction installant le concept, et il y a de fortes chances que par la suite les choses se complexifient un petit peu plus avec, espérons-le, une Saori qui aura une influence plus marquée sur les événements et qui ne sera plus une simple fangirl.

Concernant l'édition, c'est du très bon, avec 4 premières pages en couleurs, un papier souple et épais, et une traduction soignée de Jean-Benoît Silvestre qui est bien dans l'esprit de l'oeuvre.
  
  
Chronique 1
  
Il y a bien des années que City Hunter n'avait pas été autant d'actualité qu'en ce début d'année 2019 en France! Entre l'adaptation de Philippe Lacheau qui fait beaucoup parler (et que je n'ai pas vu, je ne m'étendrai donc pas dessus) et ce spin off officiel, validé par Tsukasa Hojo lui même, City Hunter revient donc en force pour le plus grand plaisir des fans de la première heure...bien que ces deux adaptations soient sujettes à débat!
Ici, pour ce spin off, si Tsukasa Hojo est bien entendu crédité, il n'est ni dessinateur ni scénariste, confiant ce double rôle à Sokura Nishiki un auteur dont on ne sait presque rien!
Mais soyons bien clairs, bien que le titre se déroule dans le même univers, ce n'est pas une suite contrairement à ce qu'on pourrait penser (souhaiter), mais bel et bien un spin off pour le moins...original!

Kaori, femme célibataire n'ayant jamais connu l'amour est une grande fan de City Hunter, la remarquable série de Tsukasa Hojo! Contre toute logique elle est amoureuse de Ryo le héros de la série, bien qu'ayant parfaitement conscience qu'il s'agit d'un personnage de fiction!
Mais elle a déjà 40 ans et la pression sociale se fait de plus en plus forte notamment du coté de sa famille qui désespère de la voir se marier.
Un jour alors qu'elle rentre chez elle après son travail elle est accidentellement bousculée par un jeune homme sur un quai de gare, la faisant chuter devant le train qui arrive... Elle se réveille alors dans son corps d'adolescente! Elle pense avoir voyagé dans le temps mais cela va bien au delà: elle se trouve désormais dans le monde de City Hunter, sa série favorite! Arrivant devant le panneau à message de Shinjuku elle laisse le mythique message XYZ avant de se retrouver face à Kaori, la partenaire de Ryo! De fil en aiguille elle va être hébergée chez ses héros et faire la connaissance de tous les personnages de la série!
Elle s'adapte bien facilement à cette nouvelle vie, d'autant qu'elle partage le quotidien de l'homme qu'elle aime...mais dans un corps d'adolescente!

Voilà le pitch pour le moins original mais particulièrement déstabilisant et désarçonnant! On pouvait s'attendre à tant de choses mais certainement pas à ça!
Il y a une certaine mise en abyme assez intéressante et plaisante, mais un des grands intérêts de City Hunter, qui nous permettait de mieux nous identifier aux personnages était que la série se voulait globalement réaliste! Avec ce concept qu'on a déjà vu, notamment récemment dans des titres de fantasy (on pense notamment à Final Fantasy Lost Stranger pour le plus récent) on perd cet aspect réaliste pour renforcer le coté fantaisiste du titre...et c'est assez dommage.
Autre point déstabilisant : dans ce titre Ryo et Kaori ne sont que des personnages secondaires laissant le premier rôle à l'autre Kaori (qui se rebaptise elle même Saori pour éviter toute confusion). Ryo et Kaori second rôles dans une série City Hunter? Un véritable scandale! Il ne s'agit pas de Angel Heart mais bel et bien de City Hunter!

On pourrait se dire que ce n'est pas bien important puisqu'on retrouve tous les personnages qu'on apprécie tant: en plus des deux précités on retrouve Umibozu, Saeko, Miki...et les autres suivront sans doute. On retrouve aussi l'ambiance, l'humour, l'univers de City Hunter, à ce niveau rien à dire on se régale à nouveau...
Mais le fait est que le personnage qui vole la vedette à ceux qu'on souhaitait retrouver en tant que héros est loin d'être intéressante, elle se veut même assez insupportable!

On a donc une femme de 40 ans qui a une vie chiante au possible qui n'a jamais connu d'homme et qui fantasme sur un personnage de fiction dont les posters recouvrent sa chambre... On se croirait dans un mauvais reportage du type "Tellement vrai" ou "Confession intime"...un personnage pathétique pour lequel on n'éprouve pas la moindre sympathie...et cela ne s'arrange pas une fois qu'elle se retrouve propulsée dans le monde de City Hunter! Elle sait qu'elle est au milieu d'un scénario qu'elle connaît et pour lequel elle ne doit pas intervenir, ce qui ne l’empêche pas de le faire en permanence!
On peut comprendre les réactions de surprises dans un premier temps comme le fait d'appeler les personnages par leur noms laissant supposer qu'elle les connaît...mais reproduire ceci à chaque fois, sur-réagir toutes les trois secondes...cela en devient pénible!
D'un coté on peut le comprendre puisque cela colle avec l'humour de la série, mais dans ce cas on perd tout le coté mise en abyme avec un personnage conscient d'être dans une œuvre de fiction.
Un personnage principal véritablement insupportable; l'auteur rate ici totalement le coche!

Et surtout la question légitime qui se pose: à quoi sert ce personnage agaçant? Avait on besoin d'elle pour revisiter la série? Car il s’agit bien d'un revisite, puisqu'elle se retrouve dans un récit de la série originale. Aura t-on droit à des scenarii originaux ou va telle se contenter d'intervenir dans des histoires qu'on connaît déjà nous offrant une relecture? Est ce que son rôle est de permettre aux lecteurs de s'identifier? J'espère que non!
Et si on peut se demander à quoi sert ce personnage par extension on peut aussi se demander quel est le but de cette série? Où va t-elle?

Donc oui ce premier opus flatte la fan qui retrouve ses personnages favoris, cet univers si séduisant et caractéristique, ce ton léger et fun, on retrouve les gags graveleux et le célèbre mokkori...mais pourquoi faire? Qu'est ce que la série va bien pouvoir raconter mis à part les fantasmes d'une femme pathétique sortant de "Confession intime"?

En ce qui concerne le dessin il nous est à la fois familier et étranger! On reconnaît le style "Hojo", mais dans sa version datée! Le trait de Hojo lui même a bien évolué avec Angel Heart et se veut différent de celui qui nous est proposé...mais c'est peut être voulu puisqu'il correspond à la période de City Hunter qu'on explore avec ce nouveau récit. Il se veut toutefois moins précis et un peu plus grossier, notamment au niveau des visages, bien qu'il soit tout de même très satisfaisant et correspondant aux attentes qu'on pouvait avoir.
On retrouve également les décors et l'ambiance urbaine collant à la première série.

On sort donc plutôt sceptique de ce premier tome...content de retrouver City Hunter bien évidemment mais déstabilisé que ce soit fait de cette manière. A ce stade il est encore trop tôt pour dire si c'est une bonne ou une mauvaise chose! Il faut toutefois se rappeler que le ton de Angel Heart était bien différent de celui de City Hunter, et si cela a perdu certains lecteurs, la série s'est avérée au final une grande réussite...cependant maître Hojo était encore aux commandes ce qui n'est plus le cas ici, et puis le parti pris d'intégrer un personnage aussi agaçant pourrait s'avérer néfaste au titre (bien que ce ne soit sans doute pas voulu par l'auteur).
On va toutefois préférer attendre la suite avant de se prononcer totalement...mais il s'agit ici de retrouvailles en demi teinte!
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

13 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
12 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs