Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 07 Juin 2022
La bataille entre le Miburôshi Gumi et les assassins de Satsuma se poursuit et s'achève lors d'un combat décisif entre entre Hijikata et Shinbee Tanaka, un duel dans lequel se joue l'honneur des deux guerriers. Mais le vice-commandant s'apprête à connaître une épreuve encore plus rude : Ses retrouvailles avec Izô Okada, lui aussi devenu un criminel...
Il semble que Chiruran clôt un véritable arc narratif avec ce sixième tome. Opposés aux assassins qui traquent le clan Aizu, les membres Miburôshi Gumi livrent un combat décisif avec comme représentant le fougueux Hikijata, face à Shinbee que l'on sait redoutable. Et si le duel ne s'éternise pas et amène une issue assez convenue, il parvient à dégager une certaine émotion, s'appuyant sur des valeurs guerrières d'époques et un vrai code d'honneur du sabre qui octroie à cette dualité un semblant de dignité, ce qui permet au passage de nuancer même les pires crapules de la série qui ne sont parfois que les victimes collatérales de leur époque.
C'est dans cet ordre d'idées que les auteurs nous proposent un événement particulièrement attendu de la série : Après avoir retrouvé Saitô qui subsiste en tant qu'allier, c'est au tour d'Izô Okada de faire un retour. Sa rencontre d'autrefois avec Hijikata a fait des étincelles, et on imaginait bien les deux personnages comme deux rivaux évoluant à travers les années, mais ce sixième tombe vient compromettre cette assurance, et même nous prendre à contrepied.
Outre des retrouvailles mouvementées et riches en émotion, ce que la mise en scène d'Eiji Hashomoto sublime assez efficacement, c'est aussi l'histoire d'Izô qui parvient à nous émouvoir. En un temps assez bref, le récit parvient à sublimer son évolution, aussi on fait aisément le parallèle avec Shinbee dans le côté tragique, tout en conservant la volonté du récit de planter des personnages dignes. Le traitement est un poil différent dans le cas d'Izô, personnage auquel nous sommes déjà attachés, et il en devient plus percutant. Pourtant, les auteurs nous assurent peu à peu l'issue certaine de ces retrouvailles, et aucun miracle ne semble permis. En ce sens, cet acte de Chiruran se termine de manière douce-amère, même si l'aura s'oriente davantage vers le tragique. Le moment est touchant, assurément, le lecteur se sentant presque aussi impuissant que les personnages face à un contexte d'époque impitoyable.
Après cette montée crescendo de l'émotion, on pouvait s'interroger sur la légitimité d'achever le tome par un retour sur la jeunesse de Hijikata. Le flashback demeure alors symbolique et à mettre en parallèle à l'histoire d'Izô. En ce sens, le timing semble finalement idéal, et a pour mérite de donner plus de couleur au véritable personnage central de la série.
Le sixième volume de Chiruran vient alors nous rassurer: Si l'œuvre de Shinya Umemura et Eiji Hashimoto a parfois eu du mal à proposer des moments marquants et va un peu vite sur l'évolution du climat politique, les auteurs s'affirment peu à peu de manière à iconiser leurs personnages et développer des destins qui nous marquent véritablement. La série est donc sur une excellente lancée !