Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 03 Octobre 2025
Dans un monde cauchemardesque où des sorcières ont maudit l'humanité en condamnant les êtres humains à mourir dès qu'ils donnent les premiers signes qu'ils deviennent adultes, les enfants survivent en semblant bien souvent attendre avec effroi leur futur décès, mais la jeune Momo en a décidé autrement: décidée à trouver une solution après avoir assisté, impuissante, au massacre de ses camarades, elle a entamé un périlleux voyage pour exterminer les sorcières. Et si certaines de ses rencontres, parfois initialement hostiles, ont pu ensuite devenir plus positives comme avec Ichika, les voici désormais, elle et ses camarades d'infortune, face à Michirô, un jeune garçon loin d'être amical: exécrant ce monde, il compte écraser l'humanité entière avec son pouvoir de manipulation de la gravité...
Après un premier volume intrigant dans ses idées mais très maladroit dans son exécution, Childeath reste dans la même veine voire, malheureusement, baisse d'encore un cran en terme de qualité, toute la première partie étant déjà assez symptomatique de ce qui fait à la fois les qualités et les limites de l'oeuvre. Car des qualités, à la base il y en a bel et bien autant dans les thématiques sur ce que représentent les pouvoirs des enfants que dans les affrontements. Ainsi, par exemple, la confrontation des pouvoirs d'Ichika et de Michirô, à savoir le vide contre la gravité, a normalement tout pour plaire sur le papier en promettant possiblement un combat assez tactique. Et l'évocation des démons du passé du jeune garçon, même très brève, explique facilement sa haine de ce monde, et voit l'auteur souligner encore un peu plus son aspect critique sur les dérives de la société des adultes se répercutant sur les enfants.
Mais décidément, la mise en pratique de ce qu'il a en tête par le mangaka est très bancale. D'un côté, même si ça permet quelques cases ambitieuses, on se demande forcément pourquoi Michirô se complique autant la vie dans l'exploitation de la gravité alors qu'il y a un paquet de trucs plus simples et plus efficaces qu'il pourrait faire avec ça. De l'autre côté, tout va beaucoup trop vite pour toucher, l'auteur précipite trop souvent ses événements sans laisser le temps de profiter de ce qu'il veut proposer, et enchaîne ses retournements de situation de manière facile (à l'image du délégué qui revient de nulle part) et souvent confuse, au point de faire frôler l'indigestion. Par exemple, au vu de la façon dont le mangaka galère déjà à bien raconter son histoire sans se précipiter, était-il vraiment nécessaire d'ajouter à tout ce fouillis un concept d'autre univers qui complexifie inutilement les choses, alors que la série s'achèvera au volume suivant ? Pourquoi balancer aussi vite les informations sur l'origine des sorcières et sur ce qu'elles représentent, alors que c'est normalement le coeur-même de l'intrigue ? Pourquoi donne à un personnage un tic de langage insupportable où il achève toutes ses phrases par "dani", en rendant chacune de ses interventions bien lourde ? Quand Momo se retrouve soudainement à pouvoir accueillir en elle l'amour des autres pour reproduire le pouvoir de la sorcière dimensionnelle, comment ça marche ?
Bref, vous aurez compris l'idée: Childeath, après deux tomes, c'est typiquement le genre de manga qui a pas mal d'idées intéressantes mais qui, dans son exécution, souffre de nombreuses limites et facilités. Dans l'immédiat on a quand même envie de retenir le positif avant tout, mais avouons qu'on sent ici la série qui se casse la figure petit à petit... et le fait que le tome 3 soit voué à être déjà le dernier n'augure rien de bon.