Chien gardien d'étoiles (le) Vol.2 - Actualité manga
Chien gardien d'étoiles (le) Vol.2 - Manga

Chien gardien d'étoiles (le) Vol.2 : Critiques Enfances

Hoshi Mamoru Inu

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 15 Janvier 2014

En mai 2011, les éditions Sarbacane s'offraient leur première incursion dans le manga en publiant le Chien gardien d'étoiles. Sortie au Japon en 2009, cette oeuvre avait su nous conquérir pour bien des raisons, si bien que l'on attendait avec impatience de découvrir le deuxième volet, sorti au Japon en 2011.

Plutôt qu'un deuxième tome, parlons d'un deuxième one-shot, qui a néanmoins des liens assez étroits avec le premier livre : comme son sous-titre "Enfances" l'indique, l'ouvrage nous propose de découvrir les jeunes temps de personnages canins et humains faisant plus ou moins partie de l'entourage de Happy, le chien-vedette du premier opus.

Ici, tout commence dans la rue, dans un carton où se trouvent deux chiots qui attendent d'être adoptés. L'un est vif, en pleine santé, et on devine très vite qu'il n'est autre que Happy, la vedette du tome 1. L'autre est sa soeur, et elle est au bord de la mort. Le premier part très vite, la deuxième reste dans son carton, car elle semble déjà quasiment sans vie... C'est précisément pour cela qu'elle attire l'attention de Mme Nagano, une vieille femme qui vit seule et passe pour aigrie auprès de tous. S'étant volontairement écartée des autres, la solitude la ronge, elle n'attend plus rien de la vie, et cette petite boule de poils aussi mal en point qu'elle trouve un écho en elle. Elle l'emmène, car elle se dit que mourir à deux, c'est quand même moins triste. Chez elle, les cachets sont prêts, il n'y a plus qu'à les avaler pour partir dans l'autre monde... à moins que la jeune chienne ne réveille en elle certaines émotions et ne lui redonne un intérêt pour la vie.
La vieillesse, la solitude, le suicide et l'envie d'en finir avec une vie qui n'a apparemment plus rien à apporter. Dès les premières pages, Takashi Murakami reprend certains de ses thèmes de prédilection, pour un portrait de la société loin d'être tendre, mais contrebalancé par l'innocence et la pureté extrêmes que véhicule la petite chienne, dont l'on suit toutes les pensées comme s'il s'agissait des dialogues naïfs d'un enfant, et qui est dessiné avec beaucoup de tendresse par un auteur qui croque tout aussi bien la mine un peu aigrie et blasée de Nagano. Notons aussi ces nombreuses pensées de la petite chienne pour son frère Happy, concrétisant bien le lien entre les deux tomes.
Il y a toutefois ici une petite différence avec le premier tome : une lueur d'espoir plus forte, que l'on voit se concrétiser petit à petit, au fil du regain d'intérêt de Nagano pour la vie, grâce à une boule de poils à laquelle elle va s'attacher plus qu'elle ne l'aurait pensé... En seulement une quarantaine de pages, l'auteur gère joliment son histoire et parvient à nous toucher facilement, alors que certains défauts sont pourtant là. L'ensemble peut sembler assez rapide, Murakami tente de tirer un peu plus sur la corde sensible que dans le tome 1, et les quelques personnages secondaires sont peu mis en avant, surtout ce voisin à première vue bougon et mauvais, qui s'adoucit soudainement.

Puis quasiment tout le reste de ce volume plus épais que le premier (175 pages) se consacre au parcours chaotique de deux autres êtres, l'un canin et l'autre humain.
Le premier est un bébé pug qui, dans une animalerie, voit les autres chiens partir avec des maîtres tandis que lui n'est jamais choisi, si bien que les mois passent... Le chiot devient chien, mais continue de se demander avec la même innocence quand il sera choisi... avant de se demander si sa situation n'est pas de plus en plus critique.
Le deuxième n'est autre que le jeune garçon qui avait volé le portefeuille de "Papa" dans le premier livre, et dont nous découvrons toute la misère quand se dévoile une mère qui ne s'occupe aucunement de lui, ne le nourrit pas convenablement, ne l'éduque pas, car elle préfère fricoter avec des hommes... Ne pouvant plus supporter cette situation, le gamin, qui n'a guère appris qu'à chaparder, décide de partir vers Hokkaido, là où habite gson rand-père, la seule personne qui a un jour pris soin de lui. Sa route croisera celle de Happy et de Papa, avant qu'il ne tombe nez à nez sur le pug dans l'animalerie. La suite du chemin, ils la vivront ensemble.
Dans un premier temps, Takashi Murakami nous propose de suivre en parallèle les deux vies tristes de ses héros, celle d'un chien dont personne ne veut mais qui ne demande pourtant qu'à offrir son affection, et celle d'un gamin qui est l'occasion pour l'auteur de mettre en avant de graves problèmes de société autour de la maltraitance juvénile et de l'incompétence parentale. Avouons le, toute la première partie de cette histoire, autour de ce parallèle entre les deux vies, tend à être un peu longuet (répétitif, plutôt) par instants, histoire de permettre à l'auteur de tirer à nouveau sur la corde sensible via quelques grosses ficelles (le fait que le pug soit "adopté" la veille du jour fatidique pour sa vie...). Ces petites longueurs se remarquent surtout quand on voit l'après rencontre entre l'enfant et le chien. Ceux-ci sont donc amenés à poursuivre leur route ensemble, mais cette route est exposée assez rapidement, uniquement par le biais de quelques grosses étapes où l'on devine néanmoins l'attachement grandissant de l'enfant pour ce chien qui le suit partout avec amour, alors qu'au départ il pensait l'abandonner.
Quoi qu'il en soit, malgré ces petits défauts, l'auteur touche encore là où il faut, abordant de front des problèmes de société qu'il contrebalance une nouvelle fois avec le portrait tendre et pur de l'innocent chien et de l'enfant, qui s'attachent joliment l'un à l'autre, jusqu'à un final là aussi porteur d'espoir. L'auteur sait à nouveau croquer habilement ses personnages, et les pensées du chien sont toujours un régal d'innocence touchante. Et puis il y a toujours ces renvois poignants au tome 1. Le gamin a vu sa vie brièvement marquée par Papa et Happy, à la fin il rendra le plus bel hommage possible à ces deux étoiles.

Arrivent alors les dernières pages, où le destin malicieux fait se croiser les personnages des deux histoires, et plus encore, pour un final naturellement touchant et optimiste.

Ce deuxième livre, plus épais que le premier, coule toutefois un tout petit peu moins de source, car Takashi Murakami tend à rallonger certains éléments et à ne pas en développer suffisamment d'autres, tout comme il essaie un peu trop de tirer sur la corde sensible. Mais ces défauts sont mineurs et n'occultent pas des récits qui sont globalement aussi puissants que ceux du premier recueil, l'auteur sachant parfaitement trouver l'équilibre entre son portrait critique de la société, la tendresse de ses héros et le cri d'amour envers le plus fidèle des compagnons.

Bien qu'elle puisse paraître chère, l'édition française reste aussi bonne que pour le premier tome, avec un grand format, un papier bien épais et une traduction limpide. Néanmoins, celle-ci n'évite pas quelques coquilles ("guerrit" au lieu de "guérit", lettres en trop...)


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs