Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 14 Janvier 2009
Le Cheminot est un one-shot scénarisé par Jiro Asada. Aux dessins, on retrouve Takumi Nagayasu, dont nous avons déjà pu apprécier le travail sur Mother Sarah. Sorti fin 2001 chez Panini, ce one-shot a été l'objet d'une réédition deluxe en octobre 2007. Cette oeuvre est en réalité composée de deux histoires.
La première histoire, qui donne son nom au manga, prend place dans un petit village d'Hokkaido, et nous propose de suivre la vie d'un vieux chef de gare, qui apprend qu'il va être forcé de prendre sa retraite suite à la fermeture prochaine de la ligne ferroviaire où il a toujours travaillé. Cet évènement est pour lui l'occasion de se remémorer les 45 années qu'il a passées, à rester sur le quai, jour après jour, qu'il pleuve, vente ou neige, pour lever son drapeau à l'approche des rares trains passant par là.
Malheureusement, cette passion et cette rigueur dans le travail lui ont fait négliger sa femme et sa jeune fille... Et, au fur et à mesure que les pages défilent, nous découvrons en ce vieil homme une personne qui, sous son aspect inébranlable, est complètement miné par le passé.
Le Cheminot est un récit simple, celui de la vie d'un homme qui a sacrifié son bonheur familial pour son travail et qui a vu s'installer en lui une profonde mélancolie. Le lecteur découvre peu à peu, touché, les souvenirs revenant à la mémoire de cet homme, avant d'arriver à une fin bouleversante et qui ne manquera pas de faire couler une petite larme aux plus sensibles.
L'histoire se passant à l'époque des fêtes de fin d'année, nous avons droit à de superbes dessins de paysages enneigés, où tout paraît calme, ce qui ne manque pas de renforcer l'impression de solitude de notre cheminot. Et aucun mot n'est assez fort pour décrire mon ressenti devant les pages où l'on voit le vieil homme sous la neige, seul sur son quai, attendant que le train passe...
Le Cheminot est un manga profondément humain de par sa simplicité et le travail apporté à son personnage principal, le tout étant servi par un aspect visuel réaliste absolument magnifique. Une histoire qui ne manque pas de rappeler les titres les plus humains de Jiro Taniguchi... et qui, à mon goût, les dépasse.
La deuxième histoire, baptisée "La lettre d'amour", nous présente Goro, un petit mafieux égoïste, qui va changer peu à peu suite à une lettre que lui a laissée une femme décédée qui avait décidé de se confier à lui. Là encore, c'est une histoire humaine et toute en subtilité qui nous attend, même si, il faut bien l'avouer, elle reste moins poignante que la première.
Au final, voici un manga terriblement humain et touchant, qui s'impose comme un indispensable pour tous les amateurs du genre. D'autant que, globalement, l'édition de Panini est correcte. A ce titre, on les remerciera pour les superbes pages en couleurs.