Chat aux sept vies (le) Vol.1 - Actualité manga
Chat aux sept vies (le) Vol.1 - Manga

Chat aux sept vies (le) Vol.1 : Critiques

Gojussenchi no Isshô

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 03 Janvier 2020

La première nouvelle série de Glénat Manga pour l'année 2020 est une nouvelle oeuvre mettant en avant nos amis les félins: Le chat aux sept vie. De son nom original Gojussenchi no Isshô, ce manga est la première série longue de Gin Shirakawa, mangaka dont c'est donc la première publication française, et qui auparavant avait signé quelques histoires courtes, ainsi que le début d'une autre série féline qui fut visiblement abandonnée après un seul tome en 2015. Prépublié au Japon de 2017 à 2019, ce manga en 3 tomes nous vient du magazine comic IT d'ASCII Mediaworks/Kadokawa, un magazine s'écartant un peu des catégorisations habituelles, et que l'on connaaît jusque-là pour quelques séries parues chez Akata, ce dernier éditeur s'évertuant depuis 2018 à faire connaître ce magazine avec des oeuvres comme Whispering, Goodnight, I love you... ou Tant que nous serons ensemble.

Tout commence par des premières pages pour le moins aussi intrigantes que mélancoliques voire inquiétantes, où un chat errant noir, dans le froid hivernal, semble sur le point de rendre l'âme sur une poubelle, dans l'indifférence générale. Dans son esprit, ses pensées vont vers un chat blanc dont il a été séparé, Machi, puis vers les souvenirs d'une époque où lui et son ami félin aimaient les hommes. Un court instant triste et un peu hors du temps s'achevant sur la vision d'un collier à clochette de chat abimé et délaissé, où l'on peut distinguer le nom de Nanao.

Puis le chapitre 1 se lance, et c'est une autre époque qui semble démarrer. Une époque où les dénommés Nanao et Machi sont deux jeunes chats quasiment inséparables. Machi est un superbe chat blanc aux envoûtants yeux bleus qui a toujours vécu dans la rue. Nanao, a un collier à clochette autour du cou, preuve qu'il y a encore quelque temps il était domestique, du moins jusqu'au jour où il s'est retrouvé sans son maître en ne comprenant visiblement pas pourquoi. Depuis, il vit avec Machi et les autres chats errants des environs, certains de ces chats étant loin de bien l'accueillir car il "pue l'humain". Néanmoins, même si la plupart de ces félins restent plutôt solitaires et doivent avant tout penser à eux pour survivre au jour le jour, ils s'entraident en se donnant des informations, par exemple sur les spots où des humains leurs laissent à manger. Des informations essentielles, tant survivre dans une grande ville comme Tokyo peut être compliqué pour des animaux errants, encore plus avec le glacial hiver qui arrive.

Pendant ce temps, dans des bains publics nommés Narita, une belle et douce jeune femme nommée Yoshino s'applique à entretenir les lieux, jour après jour, pour une clientèle louant son courage puisqu'elle y travaille seule... Du moins, ça, c'était avant que son petit frère Kippei, étudiant dans la capitale, ne vienne vivre avec elle pour l'aider. Seul petit souci: alors que Kippei raffole des chats, Yoshino, elle, semble les détester, en avoir peur, les fuir. Si bien que quand les deux matous Nanao et Machi viennent trouver refuge contre la chaudière de ses bains publics, elle s'emporte avec effroi et agressivité et les chasse à coups de balai ! La première rencontre entre ces chats et l'humaine est donc une catastrophe. Et pourtant, un coup du destin est voué à rapprocher Nanao de Yoshino, quitte à même réveiller les plus profondes douleurs...

Vous vous dites "encore un énième manga de chats" ? Par certains aspects, on ne peut pas vous donner tort: toute une face de ce premier volume décrit des choses déjà vues et revues dans pas mal de récits félins: les différences chat domestique/chat errant, la difficulté pour les chats des rues de survivre face aux nombreux dangers humains mais aussi non-humains si bien que s'ils survivent 5 ans c'est déjà beau, la manière dont ces félins peuvent considérer les humains (ils peuvent les exécrer, se servir d'eux juste pour se nourrir, ou montrer d'autres choses), la façon dont les cadavres de leurs congénères peuvent être traités, etc, etc... Et pourtant, on le comprend assez vite au vu des indices laissés ça et là, le récit est voué à développer petit à petit autre chose, une chose commençant à prendre sa consistance dans le dernier tiers du tome. Dès lors que l'on découvre entièrement comment Nanao a perdu son maître, et pourquoi Yoshino a des réactions aussi hostiles/paniquées devant les chats. Des raisons qui se rejoignent vite pour ne faire qu'une, à travers des révélations tragiques...

Concrètement, au vu des petits indices, on comprend vite ce qui cloche chez Yoshino et Nanao (mais en cela, on peut aussi dire que ces petits indices ont bien joué leur rôle). Et puis, il y a des ficelles un peu grosses, surtout celle liant justement, comme par hasard, Nanao et Yoshino autour d'une même tragédie qui a bouleversé leur vie. On va mettre ça sur le coup du destin et l'accepter, pour plutôt souligner ce que cela symbolise alors dans le lien fort existant entre ce chat et cette jeune femme, un lien qui devrait être tout l'enjeu de la suite de la série. En dehors de ça, l'auteur est parfois à deux doigts de tomber dans l'excès de pathos via certaines situations, ne serait-ce que la manière dont toutes les crasses du monde tombent sur Nanao sitôt après son malheur (un corbeau qui veut le bouffer, un humain sadique...). Mais derrière ces moments où le mangaka joue sur la frontière du larmoyant, il y a surtout toute une atmosphère qui se développe, souvent entre le doux-amer et la mélancolie, et qui doit beaucoup à la patte visuelle.

Car visuellement, le style de Shirakawa montre pas mal de qualités, à commencer par ses angles de vue soignés où bien souvent il sait mettre en avant non seulement les chats (qu'on suit souvent à leur hauteur, hormis certaines plongées ou contreplongées immersives) mais aussi les décors urbains bien présents, tirés de photos et suffisamment retravaillés. Côté designs, ceux humains sont très convaincants, en particulier pour Yoshino dont les émotions sont assez nuancées pour laisser entrevoir sa douleur, et les chats sont tous crédibles, tout en jouissant d'une petite pointe d'humanisation dans les expressions faciales afin de mieux faire comprendre leur ressenti sans choquer.

Au final, là où on attendait éventuellement un manga félin lambda, ce qui est un peu le cas à certains égards, ce premier volume du Chat aux sept vies finit par tirer son épingle du jeu, grâce à ce que le manga promet de développer par la suite. La série part sur de bonnes bases, espérons donc qu'elle saura confirmer !

Cette chronique ayant été faite à partir d'une épreuve numérique non-corrigée, pas d'avis sur l'édition, que je n'ai pas encore pu avoir entre les mains chez mon libraire.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs