Chasteté inversée - Les femmes ont le contrôle - Actualité manga

Chasteté inversée - Les femmes ont le contrôle : Critiques

Teisô Gyakuten Sekai

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 27 Août 2019

Amahara est un mangaka qui officie depuis déjà quelques années, le plus souvent dans des comédies fantasy branchées ecchi, et il se cache d'ailleurs derrière le scénario d'un manga dont la future adaptation animée a été récemment annoncée, à savoir Interspecies Reviewers. Mais comme d'autres auteurs avant lui, il a commencé sa carrière dans le manga X, et lui a plus spécifiquement pris ses marques dans le doujinshi. Ce sont ces travaux de jeunesse initialement dessinés en amateur que l'on peut découvrir aujourd'hui en France avec Chasteté inversée - Les femmes prennent le contrôle, un recueil sorti au Japon en 2016 chez l'éditeur Kaiôsha sous le nom Teisô Gyakuten Sekai. Après quelques reports (il devait initialement paraître en mai), ce volume d'environ 190 pages est finalement arrivé cet été chez Hot Manga, et il s'agit du tout dernier entai publié par l'éditeur sous son ancienne charte graphique, celui-ci ayant fait une petite refonte avec les nombreuses nouveautés de juillet.

La première moitié du tome est celle qui donne son nom au recueil: il s'agit sûrement du travail hentai le plus connu d'Amahara, si bien qu'il a continué par la suite à faire quelques chapitres sur ce thème, et qu'une version plus soft (mais évidemment bien ecchi) a même vu le jour à partir de 2016 aux éditions Kill Time Communication (l'éditeur nippon de Freezing, etc...) avec l'artiste Mantarô au dessin. Comme le laisse deviner son nom, Chasteté inversée nous plonge dans un monde en tous points similaire au nôtre, à ceci près que les valeurs liées au sexe sont totalement sens dessus dessous. Ici, ce sont les femmes qui tendent à l'obsession du sexe et à la perversité: les magazines et films porno leur sont destinés en leur vendant des attributs masculins bien vigoureux, elles dissimulent mal leur envie de baiser et de jouer avec des sex toys, ce sont elles qui cherchent à mater dans les bains, ce sont les mâles qui sont réduits à vendre leur corps en tant que "putes"... En trois chapitres principaux, Amahara a à coeur de montrer un univers plein d'imagination, à travers tout ces petits détails où il prend soin d'inverser toutes les "valeurs" préétablies de notre monde, et le résultat est souvent assez jouissif car il fait ça en apportant beaucoup d'humour... y compris avec son personnage principal, un jeune garçon s'étant retrouvé soudainement transporté de notre monde à cet univers parallèle. Ayant gardé les "valeurs" masculines de notre monde, il choisit tout bonnement de se prostituer pour pas cher, quitte à passer pour un nympho et une pute, afin de profiter au maximum de nombre de filles en manque... Entre l'inventivité et l'humour, ce qui est séduisant aussi ici est la diversité des situations que l'auteur arrive à mettre en scène, entre une camarade de classe qui ne pense littéralement qu'au sexe au point de vouloir se payer notre éros à longueur de journée, deux délinquantes titillées, deux mateuses qu'il va falloir rassasier... C'est souvent fun, très fun.

Une fois cette première centaine de pages passées, la suite pourrait toutefois diviser un peu plus les lecteurs, de par leur contenu. Sont notamment au programme, une fille fantasmant sur son propre viol depuis des années et se masturbant en s'imaginant en train d'être violée brutalement, jusqu'au jour où ça lui arrive vraiment. Puis une autre se faisant séquestrer pour des "expériences" après avoir été repérée pour ses penchants lubriques. Le passage d'un elfe dans un bordel à filles-monstres où il goûtera aux joies d'une femme-slime et d'une jeune fille-zombie. Et une nonne obligée d'exercer des pratiques obscènes qui lui font honte. Même si c'est fait sur le ton de l'humour et que d'emblée les deux héroïnes des histoires de viol sont perverses, ces deux récits de viol pourraient facilement déranger une frange de lectrices et lecteurs, même si le mangaka exploite assez bien ses concepts. Le récit autour des filles-monstres, lui, pourrait ne pas plaire à tous à cause du look plutôt jeune de la fille-zombie et de sa fragilité totale (elle n'a aucunement conscience de ce qui se passe), néanmoins le mangaka montre là aussi une réelle imagination en tirant bien partie des spécificités des demoiselles, et puis tout ceci s'inscrit dans un style très peu représenté dans les hentai sortis en France. Quant à l'histoire de la nonne, elle dénote car c'est la seule à ne pas avoir vraiment d'humour, elle est même assez malsaine et pourra elle aussi plaire autant que déplaire.

Visuellement, on sent que tout ceci est initialement du travail fait en amateur: le style d'Amahara, entièrement dessiné sous photoshop ou autres logiciels, sort des habituels critères de beauté. Et pourtant, malgré les inégalités de trait, ses filles dégagent du charme, que ce soit pour leurs formes pas du tout exagérées, pour leur expressivité appuyée, pour leur diversité de look, pour l'originalité de design au niveau des filles-monstres... Et puis, le rythme est soutenu, les petits moments de sexe pleins d'entrain, et cette patte relève bien l'aspect humoristique.

Au final, même si certains récits ne plairont pas forcément à tous et qu'il faut éventuellement un temps d'adaptation au style visuel d'Amahara, Chasteté inversée est un ouvrage qui ne manque pas de qualités, ne serait-ce que pour son originalité, son imagination ou sa part comique. L'ouvrage, assez différent de ce qu'on a l'habitude de voir en hentai en France, mérite très facilement le détour !

Au niveau de l'édition, Hot Manga nous livre son habituel grand format avec une très bonne qualité de papier et d'impression. La première page en couleur est un petit plus sympathique, mais c'est la postface de l'auteur que l'on appréciera particulièrement, celui-ci prenant le temps d'apporter quelques explications pour chaque histoire. Enfin, à la traduction, A. Luna effectue un bon travail, bien vivant et collant assez aux personnalités.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction