Charisma Vol.1 : Critiques

Karisuma

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 20 Octobre 2008

"S'il ravit une proie qui s'y opposera, qui lui dira : « Que fais-tu ? »" Livre de Job, chap. IX, verset 12.

Présenté par Akata comme un manga « trash et dérangeant » venant succéder à Coq de Combat, Charisma tient ses promesses. Qu'y a-t-il de plus dérangeant que d'être nez à nez avec la réalité sombre de notre monde?
Adapté du roman de Fuyuki Shindo, le titre se veut une dénonciation violente des « nouvelles religions », qui pullulent en cette époque troublée, et de la dérive des croyances. On ne vous cache rien et on vous montre tout. Des méthodes d'endoctrinement à la dévotion aveugle et malsaine des fidèles. Au milieu de tout cela se trouve Hosen Shingo, faux prophète, dieu auto-proclamé et profiteur de premier ordre.
Vous vous en doutez peut-être, le titre est particulièrement violent : viol et meurtres sont au programme. Mais le pire est sans doute la difficulté qu'aura le lecteur à comprendre les raisons de l'aveuglement, de la crédulité des fidèles. Comment peut-on atteindre une telle déchéance? Les méthodes de Shindo vous apparaitront claires, son omniscience ne vaut guère mieux qu'un tour de magie dans un tripot mal famé. Pas crédible me direz-vous, pourtant les pages faits divers des journaux ont vu bien pire. Qu'il est facile de jouer avec la faiblesse des humains : que ce soit leur ignorance ou leur détresse psychologique... Avec suffisamment de Charisme, il y a toujours un moyen de convaincre assez de gens de vous confiez leur âme, leur argent... et leur corps.
Le titre joue aussi avec avec les époques afin de perturber le lecteur, on ne sait pas toujours à quelle période de la vie de Shingo on se trouve. Quels événements ont bien pu amener à cet état de fait? La série se construit comme un thriller, où petit à petit on découvre comment « on » en est arrivé là. Les prochains volumes viendront sans doute compléter l'espace entre les chapitres 2 et 3.
Le dessin de Taisei Nishizaki ne dépaysera ni les lecteurs de Coq de Combat ou des Fils de la Terre. Il est clair, sans fioritures et sait se faire inquiétant au besoin.

Ce titre n'est pas pour autant exempt de défaut : la fin du chapitre 2 nous laisse sur une scène trop grand-guignolesque. Cherchant avant tout à choquer, l'histoire perd de sa crédibilité en sombrant dans le gore inutilement. Mais le reste du tome laisse de côté la violence physique pour se consacrer à violence psychologique.

Alors que les sectes deviennent de plus en plus puissantes, alors que les troubles religieux sont de plus en plus nombreux et violents, alors que des fanatiques religieux pourraient accéder à la présidence du plus puissant pays au monde, Akata/Delcourt nous propose un titre engagé, un « anti-Bouddha » volontairement choquant et qui ne peut laisser indifférent. Un titre à ne pas mettre en toute les mains et qui a le mérite d'être court : seulement 4 volumes.
Et pour ne rien gâcher, l'édition est irréprochable et Akata a fait le pari de la publication mensuelle. Je prends.


blacksheep


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Blacksheep
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs