Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 06 Septembre 2023
En réfléchissant sur les événements de la timeline originelle, Haruta, Arashi et Gorilla en arrivent à une hypothèse terrible: et si Yukishima ne s'était pas suicidé, mais avait été assassiné ? Dès lors, leurs approfondissements sur cette hypothèse les amènent à une conclusion plus terrible encore: l'assassin ne peut être qu'une personne ayant gardé ses souvenirs depuis la toute première timeline, ayant toujours été auprès de Yukishima et ayant toujours pu mettre la main sur le carnet. Or, la seule personne répondant à tous ces critères n'est autre que la propre petite soeur de Yukishima, Sayaka...
Comme toujours, la fin du tome précédent nous laissait sur un suspense particulièrement efficace, puisque tous les soupçons se portaient sur Sayaka, cette jeune fille si gentille, au grand dam d'une Haruta qui a ici beaucoup de mal à y croire. Comment sa douce amie, qui l'a tant aidée, aurait pu tuer son propre grand frère ? Et, surtout, pourquoi ? Même si la vérité sur la mort de Yukishima dans la timeline originelle ne fait plus aucun doute, Shiki Kawabata joue assez bien son coup, non seulement en entretenant un certain suspense jusqu'à l'inévitable vérité (entre le petit plan de nos héros pour piéger leur cible, et le refus d'y croire de Haruta), mais aussi en sachant facilement toucher au moment d'expliquer les circonstances de la mort initiale de Yukishima, permettant alors de mettre en lumière la façon dont Yukishima et Sayaka ont été victimes de la bêtise de leurs parents, quel fut le parcours tragiquement horrible de Sayaka dans la timeline originelle, et quel lien unissait pourtant en réalité ce frère et cette soeur.
Mais une fois le mystère résolu, il reste encore une chose à régler: comment rompre une bonne fois pour toutes la boucle temporelle ? Là-dessus, Kawabata a le mérite de ne pas prendre la voie la plus simple, en donnant alor slieu à un dernier chapitre assez captivant puisqu'il se déroule sur plusieurs années, en mettant discrètement en exergue tous les efforts silencieusement faits par les proches de Yukishima pour le sauver. Et même si l'on y regrettera certains éléments trop rapides (le cas du frère d'Arashi qui est franchement expédié, les toutes dernières pages très belles mais un peu abruptes...), la mangaka nous y offre suffisamment d'émotion, en particulier pendant les passages où l'on vit les choses depuis le point de vue de Yukishima, sans qu'il comprenne ce que peuvent bien cacher certains comportements et certaines réactions de son entourage (en tête leurs pleurs). Autant de petits détails qui ont de quoi toucher.
Dans l'ensemble, on refermer alors cet ultime volume de Ce Printemps Rémanent avec une certaine satisfaction; malgré quelques limites, Shiki Kawabata a su proposer là un récit de boucles temporelles suffisamment soigné et appliqué dans l'abord des personnages, de leurs relations et de leurs remords.