Cadeau de l'ange (le) - Actualité manga

Cadeau de l'ange (le) : Critiques

Tenshi no okurimono

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 21 Septembre 2015

Critique 1


Autrefois édité par Tonkam, Le Cadeau de l’ange est redevenu disponible début 2014 dans nos contrées en intégrant la collection « les trésors de Tsukasa Hojo » des éditions Ki-oon. Le recueil contient cinq chapitres : trois histoires courtes originales et deux scénarios faisant office de pilote au manga le plus connu de l’auteur, City Hunter. Il y a deux principaux attraits à ce recueil pour les fans de Tsukasa Hojo : on a d’une part accès aux prototypes de City Hunter ; et d’autre part, le second chapitre du manga, « Je suis un mec, un vrai ! » est le tout premier travail professionnel de l’auteur en tant que mangaka. Le Cadeau de l’ange a donc une petite valeur patrimoniale.

Si on analyse les histoires dans le détail, on observe qu’elles sont de bonne qualité. On y reconnaît les thèmes chers à l’auteur et on sent son style, sans qu’il n’aille pour autant dans un certain excès de pathos.

La première donne son nom au recueil, « Le Cadeau de l’ange ». Elle conte l’histoire de deux amis d’enfance, Masahiro et Kyoko, et de leur drôle de mésaventure avec une petite fille qui prétend être le fruit de leur amour, alors qu’ils ne sont même pas en couple ! La patte de Hojo est bien présente, on y reconnaît son sentimentalisme, et il passe très bien ici.

« Je suis un homme, un vrai ! » est donc le premier manga de Tsukasa Hojo, et présente deux groupes de personnages, les garçons traditionalistes et les filles modernes d’un pensionnat, obligés de partager le même toit quelque temps, tant que leur école est en travaux. Bien que moins maîtrisé graphiquement, l’auteur arrive déjà à insuffler du caractère à des personnages. Si les deux personnages principaux (la meneuse des filles et, surtout, le meneur des garçons) vont à la confrontation, on adore surtout voir les autres filles et garçons se rapprocher, se chercher, en dépit du choix de leur chef de bande.

« Histoire de chats » est dans la pure veine de ce que sait faire et veut faire Hojo. Un jeune homme va rencontrer une jeune fille, qui comme Cendrillon, est frappée d’une malédiction : elle se transforme en chat après minuit. Le concept est assez mielleux, certes, mais la conclusion est particulièrement touchante. On retrouve bien les typologies de personnages qu’affectionne Hojo, entre le jeune homme un peu paumé, qui fait le joli cœur auprès des filles, et LA jeune fille, charmante, timide et secrète.

Les deux chapitres pilotes de City Hunter « XYZ » et « Double-edged » présentent déjà les éléments qu’on retrouvera dans la série principale : Ryo Saeba, son métier de nettoyeur finalement peu exploité (Hojo a donc toujours eu du mal à représenter Ryo en tant que tueur !), son revolver fétiche, son assistante Kaori et les jolies filles qu’il va défendre contre des vilains. Ces deux histoires ont d’ailleurs des traits communs avec de petits arcs qu’on découvrira dans City Hunter, même si on leur préférera de loin la série mère.

Le recueil est donc globalement de bonne facture pour la qualité indépendante des histoires qui le composent. Toutes ont été dessinées dans les années 1980, et celles réalisées après 1985 montrent, une fois encore, toute la maestria graphique de l’auteur, alors à l’apogée de son art. En bref, le Cadeau de l’ange fait partie des bons crus des histoires courtes de Tsukasa Hojo, qui s’adresse d’abord aux fans de l’auteur, mis qui pourra aussi plaire à un cercle de lecteurs plus large.

La qualité d’édition de Ki-oon est encore une fois d’excellente qualité. Le papier, l’impression, la traduction sont tous exemplaires.


Critique 2


Dans la continuité de sa superbe collection « Les trésors de Tsukasa Hojo », Ki-oon nous propose maintenant un recueil de l’auteur proposant des histoires variées et inégales mais qui sont symboles de son évolution au fil des années.

Sous ce titre intrigant et laissant supposer une bonne dose de poésie, se cache le premier recueille d’histoires de Tsukasa Hojo, bien que publié après les deux autres chez nous. Il regroupe pas moins de cinq des neuf histoires courtes que l’auteur à publié durant ses huit premières années en tant que dessinateur. Elles sont parues entre 1980 et 1988 dans le Weekly Shonen Jump…ce qui ne nous rajeunit pas !
Il a lui même choisi les histoires et nous précise dans une note qu’on trouve dans ce volume, qu’il n’est pas forcément fier de toutes, certaines étant marquées par une certaine inexpérience…mais il faut bien commencer. Et si effectivement elles ne sont pas toutes exceptionnelles, elles ont le mérite de nous montrer l’évolution du travail de l’auteur au fil des années pour devenir le génie qu’il est aujourd’hui.

Celle qui ouvre ce tome est paradoxalement la plus récente, c’est aussi celle qui donne son titre au recueille.
Masahiro est un étudiant rêvant d’une romance hors norme, et il supporte de moins en moins les remontrances de Kyoko son amie d’enfance qui souhaiterait qu’il ait un peu plus les pieds sur terre. Un beau jour, Masahiro se retrouve avec une petite fille de trois ans dont il ne sait absolument rien, prétendant qu’il est son père, et reconnaissant Kyoko comme sa mère… Après le choc, et ne sachant quoi faire de la petite fille, ils décident de veiller sur elle. Ils s’attacheront à elle et cet étrange relation réveillera chez eux des sentiments qu’ils se cachaient…
Ici l’auteur mélange ses thèmes de prédilection que sont la famille, ses secrets, et une attirance pour le fantastique, mais en mode conte de fée pour un résultat au sommet. Nous n’aurons aucune explication sur l’apparition de cette petite fille semblant venir du futur, tout comme les personnages, il faudra accepter les faits tels qu’ils nous sont présentés, et c’est très bien ainsi.
On retrouve ici toute la magie de l’auteur, avec un dessin désormais maîtrisé, de l’humour efficace même si parfois un peu lourd, et cette touche de sentiments propre à l’auteur qu’il affectionne tant. L’alchimie opère et bien que courte on se laisse volontiers séduire par ce conte. Proposer ce récit en ouverture permet ainsi de se replonger dans les travaux de l’auteur tel qu’on le connaît faisant ainsi passer la pilule plus facilement pour ce qui suivra. Commencer par la plus ancienne aurait pu dérouter et décourager certains lecteurs.

On fait ensuite un grand écart en passant de la plus récente à la plus vieille de ses histoires courtes. « Je suis un homme » étant la toute première de sa carrière, réalisée à l’époque où il était encore étudiant.
Du fait de travaux dans leurs écoles respectives, des lycéens et des lycéennes vivant en internat vont devoir cohabiter, ce qui va provoquer bien des heurts. Sho et ses camarades sont plutôt du genre traditionalistes, alors que les filles menées par Iwasaki se veulent modernes et tournées vers l’Occident.
Ce récit est effectivement marqué par les maladresses d’un auteur inexpérimenté et naïf dans sa narration. Outre le fait que le dessin soit encore loin de ce qu’il deviendra plus tard, l’histoire en elle même est fade et maladroite, mais elle reste un document inestimable pour tous les fans qui peuvent apprécier tout le chemin parcouru depuis. Certainement pas l’histoire qu’on retiendra mais qui est cependant la première pierre posée par l’auteur de sa carrière de conteur génial.

La troisième histoire : « Histoire de chats », raconte un amour impossible entre Yuichi, un jeune photographe, et une femme étrange propriétaire d’un chat qu’il a auparavant sauvé. Au fil du récit on comprendra que le chat et la jeune femme ne font qu’un et qu’elle prend cette apparence féline après minuit, réduisant à néant toute possibilité de relation amoureuse.
Seconde œuvre la plus récente parmi les cinq, datant de 1985, on retrouve les ingrédients qui font des histoires de l’auteur de pures merveilles, tout en simplicité il nous dresse un tableau touchant d’êtres perdus qui cherchent à se rapprocher, à s’apprivoiser, toujours sous la forme d’un conte de fée. Alors que jusqu’à maintenant, les précédentes œuvres étaient légères, le final tragique vient alourdir la lecture et apporte plus de maturité et encore plus d’intérêts à l’ensemble du recueil. Une fin véritablement touchante prouvant que l’auteur arrive définitivement à nous émouvoir lorsqu’il le souhaite.

Enfin les deux dernières ne sont rien d’autres que les premières aventures de City Hunter, en quelque sorte le pilote de cette grande saga qui s’étend encore par le biais de Angel Heart !
Ryo, nettoyeur professionnel, est dans un premier temps, embauché pour protéger une jeune femme devant créer un vaccin qui pourrait sauver bien des vies.
Dans la seconde nouvelle il devra effectuer un contrat d’assassinat sur un acteur ayant perdu pied à la suite d’un rôle de criminel.
On y découvre un Ryo et une Kaori au design bien différent de maintenant mais possédant des caractères très semblables à ceux qu’on connaît. Kaori ne ressemble pas à grand chose dans la première histoire, elle est alors loin d’être aussi séduisante qu’elle le deviendra, mais son design va évoluer d’une histoire à l’autre, où dans la seconde, elle est déjà plus « Kaori ».
L’intérêt de ces deux nouvelles est de retrouver le ton sombre et les histoires tragiques des débuts de la série, saveur qu’on a perdu avec le développement de City Hunter (pour cependant en gagner d’autres).

Au final on se retrouve avec un recueil d’histoires inégales mais dont le principal intérêt est de nous montrer l’évolution de cet auteur de grand talent, même les génies se doivent de commencer, et ils ne sont pas forcément géniaux dés le début.
Quoi qu’il en soit on se laisse séduire par ces histoires respirant la fraîcheur (malgré leur ancienneté), on y sent un auteur passionné qui ne sait pas encore à quel point il ira loin !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Raimaru
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs