Butterfly Beast II Vol.2 - Manga

Butterfly Beast II Vol.2 : Critiques

Chôju Gitan II

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 23 Mars 2022

Ochô est abattue depuis le départ de Hiko vers Kyûshu, d'autant plus que ce dernier a affirmé ne pas penser revenir. Tandis que l'ancienne kunoichi s'interroge sur le malheur pouvant venir de la lointaine région, un événement tout aussi grave cible le quartier de Yoshiwara. Quand Ochô découvre une croix chrétienne sur le sol de son auberge, elle se rend compte que la répression de la religion est aux portes de la cité. Plus grave encore, l'une de ses subalternes pourrait même être une chrétienne déguisée. Son enquête va la mener face Jihyôe Kintsuba, prêtre cherchant à propager sa religion... et à punir ceux qui auraient rejeté dieu en succombant à la répression.

Tandis que le premier volume de la seconde partie de Butterfly Beast abordait l'épopée d'Ochô avec un côté intimiste plus flagrant que sur la première « saison », voilà que la suite confirme toute l'ampleur que souhaite donner Yuka Nagate à son œuvre. Un nouvel arc semble s'ouvrir et aborde moins la traque des réprouvés que celle des adeptes du christianisme, religion largement désavouée à l'époque, dans le Japon du XVIIe siècle. La mangaka s'appuie donc sur une autre réalité historique et traite un sujet auquel on ne s'attendait pas forcément. Si pour certains la traque des shinobis renégats pouvait créer une redondance au sein du récit, force est de constater que l'autrice chamboule ses sujets au moment opportun.

Toute l'histoire d'Ochô prend donc une tournure nouvelle puisqu'à la traque des réprouvés s'ajoute la préparation d'un complot autour des fidèles d'un prêtre catholique, élément déclencheur de divers événements connectant les personnages clés de la série. Difficile de savoir si la mangaka pensait à ce sujet en amont, lors de la publication de la première partie de l'histoire, mais elle se montre en tout cas habile pour associer plusieurs éléments de son intrigue. Parmi les points culminants, il y a le retour attendu d'un personnage qui donnait à Butterfly Beast son leitmotiv.

La série progresse alors sur un chemin intéressant, tout en traitant habilement ses idées. Car avec l'idée de l'interdiction du christianisme au Japon, on pouvait croire à un portrait un poil manichéen des fidèles, présentés comme les nouveaux antagonistes de la série. Mais tout comme elle l'a fait avec les réprouvés, Yuka Nagate reste fidèle à son écriture pleine de nuances : Les conflits présentés sont l'œuvre d'une évolution historique violente, les adversaires de notre kunoichi n'étant pas de mauvais larrons en soit mais des individus auxquelles aucune place n'était accordé dans le Japon d'époque. Et c'est en ce sens qu'une empathie se créer entre nous et ces nouvelles figures, tandis que Raizô, très seconde jusqu'à présent, profite d'un développement plus qu'agréable qui vient lui donner de la consistance au moment opportun. Finalement, Ochô n'est presque qu'une spectatrice impuissante dans cette succession d'événements, son rôle de fière guerrière étant largement remis en question et à juste titre dans un contexte loin d'être binaire et sans nuances.

C'est sur ce programme, dense et bien traité, que Yuka Nagate aborde certainement la partie la plus ambitieuse de Butterfly Beast depuis ses débuts. Tome après tome, la série se bonifie et gagne en complexité, que ce soit par ses propos, ses faits historiques relatés, ou ses personnages qui gagnent en personnalité face à ces événements. On attendra donc les trois dernier tomes avec une grande hâte, en espérant que l'ascension de la mangaka et de son œuvre sera renouvelée.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs