Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 12 Juin 2024
Pendant qu'Anzu, avec l'aide d'un Kiichi enfin parvenu à sortir loin de chez lui, a obtenu de nouvelles informations importantes à Misawano au sujet des blogs, Yuzu a continué de jouer un jeu dangereux... et, à vrai dire, peut-être trop dangereux pour elle: alors qu'elle a décidé de faire confiance à son père Osamu en lui déballant une part de la vérité, lors de son rendez-vous suivant avec lui la jeune étudiante à la surprise et l'effroi de voir apparaître devant elle Makiko Mitarai en personne, tandis qu'Osamu se fait tout petit à côté d'elle. Que fait-elle là ? Osamu a-t-il trahi sa fille ? Dans tout ça, une seule chose est sûre: Makiko a désormais un coup d'avance, en pouvant anticiper les choses et se débarrasser des dernières preuves compromettantes à son égard. Et en apprenant ensuite ce qui s'est passé, Anzu comprend vite que le temps lui est désormais compté: Makiko risque de bientôt comprendre qui elle est vraiment derrière l'identité de Shizuka Yamauchi, et il lui faut alors tenter le tout pour le tout, en allant directement se confronter à l'homme qu'elle avait le moins envie de revoir...
Au bout d'un quatrième volume aussi rondement mené que ses prédécesseurs, c'est une véritable montée de tension que Moyashi Fujisawa enclenchait en dernière page de ce dernier, et dans la première partie de ce cinquième l'heure est venue d'en découvrir toutes les conséquences: face à une Makiko toujours plus manipulatrice et diabolique (l'aplomb avec lequel elle écrase son époux et fait face à Yuzu, en début de tome, est effrayant), on suit avec un intérêt décuplé les agissements précipités mais déterminés d'Anzu, jusqu'à un face-à-face fille-père longtemps attendu et qui va éclairer bien des choses nouvelles sur l'époque où cet homme était encore avec Satsuki, sur les pressions qu'il faisait peser sur elle, sur sa lâcheté détestable vis-à-vis de sa famille et de la clinique Mitarai, et évidemment sur l'incendie. On reste happé par ce qui est efficacement dévoilé par la mangaka, jusqu'à se laisser parfaitement avoir par un rebondissement en forme d'ellipse qui, un peu avant la moitié du tome, semble totalement redistribuer les cartes.
A partir de ce petit saut dans le temps, il serait véritablement dommage de trop en dire, tant Moyashi Fujisawa joue bien son coup, ménageant impeccablement ses effets et ses nouveaux retournements pour mieux nous faire entrer dans une nouvelle phase de son oeuvre. Une phase où nombre de choses nouvelles se dessinent: la place nouvelle d'Anzu, le sentiment de toute puissance d'une Makiko qui pense que plus personne ne pourra lui mettre des bâtons dans les roues, les nouvelles ambitions de cette reine des sales coups, les coulisses familiaux de la clinique Mitarai (quel enfer, cette famille...), la pression qui pèse sur un Shinji désireux de s'émanciper et de choisir sa vie, la volonté de Yuzu de changer, le lien mis à mal entre ces deux-là... Mais vraiment, mieux vaut éviter d'en dire beaucoup plus, pour simplement signaler à quel point Fujisawa reste maîtresse de son histoire, redoutablement construite pour continuellement nous passionner !