Bride Stories Vol.2 - Actualité manga
Bride Stories Vol.2 - Manga

Bride Stories Vol.2 : Critiques

Otoyomegatari

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 12 Septembre 2011

L'intégration d'Amir dans son nouveau clan, aux côtés de son futur mari Karluk, se poursuit tranquillement. Alors que la jeune femme éblouit par ses nombreux talents, sa route l'amène à croiser celle d'une autre fille du clan qui est un peu son opposé: Pariya, toujours célibataire, repoussée par tous les hommes qui l'ont côtoyée, la faute à un caractère qui peut paraître trop franc et brutal. Mais le lecteur, lui, ne va pas s'y tromper, et c'est au contact d'Amir que va se révéler cette jeune femme instantanément très attachante, qui cache en réalité un bon fond derrière une maladresse touchante.

Mais très vite, une menace vient assombrir les grands horizons des plaines de la Route de la Soie: le clan d'origine d'Amir, mené par son oncle et son frère Azher, débarquent dans le but de récupérer la jeune femme pour l'offrir en mariage à un clan plus important, dominé par un homme réputé pour sa grande brutalité envers les femmes. Et s'il le faut, ils n'hésiteront pas à utiliser la force... Mais le clan de Karluk n'est pas décidé à laisser repartir la délicieuse Amir... Karluk en tête !

Chose rare dans l'univers de Kaoru Mori, qui nous avait habitués, que ce soit dans Emma, Shirley ou le premier volume de Bride Stories, à un ton posé: avec l'arrivée brutale du clan d'Amir dans le petit village de Karluk, la mangaka nous offre pour la première fois une véritable scène d'action, s'étalant sur quelques dizaines de pages ! Mais attention, pas une scène d'action comme les autres !
En effet, pas question pour Kaoru Mori de tomber dans la facilité ou de trahir l'essence de son oeuvre: si action il y a dans la lutte entre le clan d'Amir et celui de Karluk, la mangaka y apporte une inventivité appréciable, qui se voit notamment à travers la façon qu'ont les villageois de se défendre, y allant franco ou enchaînant les stratégies en encerclant leurs ennemis autour des pâtés de maison, lâchant un troupeau de moutons sur eux, ou repoussant les assauts avec ce qui leur passe sous la main. Ici, Mori utilise habilement les caractéristiques de l'univers qu'elle a mis en place pour nous offrir un résultat délicieux, sublimé par la mise en avant des relations entre les différents protagonistes. Ainsi, si l'on se régale face aux frasques des villageois pour contrer l'ennemi et protéger Amir, on est touché par les réactions montrées par la jeune femme et Karluk face à la situation, et le tout atteint même une petite apothéose via la rébellion finale du jeune garçon face à l'oncle d'Amir.
De même, on appréciera un ton qui ne s'aggrave pas plus que de raison. Pas de morts, que ce soit dans un camp ou l'autre, et pas d'exagérations dans la représentation des membres du clan de Karluk, qui n'apparaissent jamais foncièrement mauvais, tout au plus brutaux, voire, au contraire, compatissants, à l'image du frère d'Amir.
Et si l'on pouvait craindre que le trait de l'auteure ne colle pas à une narration plus vive, on est vite détrompé, tant le découpage coule de source, propose un rendu fluide et étonnamment dynamique. C'est, en soi, un petit exploit, quand on voit que la mangaka ne néglige à aucun moment son habituel grand souci du détail: même pendant la lutte, les costumes, objets et fonds restent très riches. Du grand art, tout simplement.

Sur ces événements prouvant que l'histoire autour du clan d'Amir ne sera pas à négliger par la suite, nous voici déjà quasiment arrivés à la moitié du volume. La suite revient alors dans des tons plus calmes, et tandis que l'on voit l'étranger Smith recevoir des lettres de l'Occident annonçant pour lui de futurs bouleversements (notamment suite à l'évocation de conflits anglo-russe, qui nous permettent de situer sans doute le récit aux alentours du milieu de 19ème siècle, au moment de la guerre de Crimée), que l'on assiste à des scènes mettant joliment en avant la construction du couple Amir/Karluk (que l'on a d'ores et déjà du mal à voir séparés tant ils se montrent touchants ensemble) ou la témérité et l'habileté de la jeune femme, Kaoru Mori se focalise à nouveau sur les si habiles peintures du quotidien qu'elle sait nous offrir. Et cette fois-ci, le tout se centre en particulier sur l'art de la broderie, via l'apprentissage d'une jeune fille nommée Tileke, qui ne sait broder que des oiseaux. Pendant quelques dizaines de pages, Kaoru Mori fait défiler sous nos yeux des pages d'une beauté hallucinante, et présente des broderies bourrées de détails, ou des mains en train de les créer patiemment comme preuves d'un travail de longue haleine. La beauté visuelle est bel et bien là, encore plus incroyable que dans le premier volume, la fluidité allant jusque dans le dessin des mains en train de broder. Les autres talents de Mori étant de réussir à faire de ce genre de passages des scènes captivantes, et, surtout, de parvenir à faire ressortir de tout ceci, via des dialogues pertinents et une petite héroïne d'un jour qui a tout à découvrir de cet art et de ses traditions, les héritages ancestraux que se sont passés les différentes générations du clan au fil du temps.

En somme, difficile de rester de marbre face à ce volume, où tout est parfait. Si elle prouve qu'elle est également capable d'être incroyablement à l'aise dans des scènes plus dynamiques, Kaoru Mori ne néglige jamais cet attachement aux personnages, cet incroyable souci du détail et cette peinture de quotidiens exotiques qui offrent tout leur charme à une série comme celle-ci.
Si la lecture est un délice de chaque instant et qu'on l'apprécie pleinement à chaque page tournée, on a également hâte de voir de quoi la suite sera faite, car elle nous promet d'ores et déjà un changement de cap intéressant, qui devrait se focaliser sur le voyage de Smith à travers les plaines de la Route de la Soie.

L'édition de Ki-oon reste impeccable, et l'on appréciera beaucoup la postface de Kaoru Mori, dan laquelle l'auteure répond à certaines questions de ses lecteurs, offrant ainsi plus de précisions sur certains éléments de l'univers qu'elle dépeint.




Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs