Boy's Abyss Vol.3 : Critiques

Alors qu'il allait se suicider dans la rivière avec Nagi, Reiji en a été empêché par son professeure principale Mademoiselle Shiba, et depuis son existence a pris une tournure nouvelle mais toujours aussi étrange puisque, entre autres, il en est venu à entretenir une relation particulier avec l'enseignante, sous l'impulsion de cette dernière qui semble elle-même avoir bien des pressions et tourments à évacuer. C'est ainsi que Shiba s'immisce toujours plus dans sa vie: elle lui a fait un double de ses clés pour qu'il puisse se réfugier chez elle quand il le souhaite, elle veut secrètement lui trouver une université pour qu'il puisse quitter cette ville sans que ses proches ne le sachent, elle propose même de lui payer l'intégralité de ses frais pour qu'il passe ses années universitaires à Tôkyô...

De son côté, Tchako est sur un petit nuage: elle a rencontré son romancier préféré, Kosaku Esemori, dont elle est fan depuis l'époque du collège, et avec qui elle partage déjà certaines choses, notamment sur ses rêves d'écrivaine. Tous deux se sont même fixés un nouveau rendez-vous le soir de la nouvelle lune ! Et quand ce fameux soir arrive, Esemori emmène l'adolescente jusque dans sa maison natale, là où il écrit. Une fois sur place, il a une bien étrange proposition à faire à Tchako...

Si le début de ce troisième volume nous invite à suivre en parallèle les événement du côté de Reiji et ceux du coté de Tchako, c'est pour ensuite mieux faire se rejoindre les deux amis d'enfance, encore troublés par ce qui leur arrive. Une séquence de confessions plus tard, et les voici finalement plus que jamais unis par un but commun: aller étudier ensemble à la capitale ! Et au gré d'autres instants assez beaux entre eux deux, Minenami Ryo nous fait bien sentir l'importance qu'ils ont l'un(e) pour l'autre, entre elle dont les sentiments exacts transparaissent de plus en plus, et lui qui veut à tout prix protéger son amie d'enfance qui est une vraie lumière pour lui.

Mais derrière tout lumière, il y a aussi l'ombre des secrets, chose que la mangaka saura même nous rappeler visuellement à travers de réguliers jeux sur l'obscurité. Malgré les confessions des deux jeunes gens, il y a des choses qu'ils n'osent pas se dire et qu'ils préfèrent encore cacher, ainsi que les sentiments d'auto-dépréciation qui vont avec. Pire: à l'heure où la situation semble proche de s'améliorer pour Reiji avec la perspective de quitter cette étroite et étouffante ville, la situation prend des virages inverses pour la jeune fille qui, sur la jaquette, s'affiche un visage doux-amer. A la fois dans ses rêves tokyoïtes, dans ses désirs d'avenir et dans ses sentiments, Tchako se voit bafouée, sans pouvoir contrôler elle-même ce qu'elle voudrait pour sa vie, et nous laissant notamment sur des dernières dizaines de pages certes un peu faciles (les rencontres fortuites s'enchaînent facilement) mais terribles pour la jeune fille en particulier.

Ajoutons à cela le retour de Nagi et, surtout, le voile commençant à se lever sur les mystères entourant Kosaku Esemori (ses secrets, son passé, l'énigme de son mariage dépourvu de la moindre passion avec Nagi), et l'on obtient un volume assez fort et intéressant, où l'autrice continue de sonder les différentes faces et la part d'obscurité et de spleen de ses personnages.