Border Vol.4 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 12 Octobre 2016

Critique 2


L'affaire liée à Mirei a eu des conséquences tragiques autant sur Ishikawa que sur son entourage. En ayant fait confiance au fantôme de la mère de la jeune meurtrière, Ango a sans le vouloir précipité sa jeune stagiaire Haruna en état de mort cérébrale. Et cet événement n'a fait que fissurer encore plus la vision qu'il avait du bien et du mal. Il n'est pourtant pas au bout de ses peines, car les problèmes liés à la jeune tueuse, qui a pu s'enfuir, ne sont pas terminés. Une nouvelle affaire de meurtre, dont la victime est l'ancien inspecteur de police Yamaga, semble une nouvelle fois concerner Mirei...

Suivant un déroulement somme toute très classique, la première moitié de tome, consacrée à cette nouvelle affaire, ne manque pourtant pas d'intérêt, car plus que jamais Ango effectue une enquête à sa manière, parfois à la limite de la légalité, afin de retrouver Mirei... mais au bout du compte, qu'est-ce qui l'attend s'il retrouve la jeune fille ? Cédera-t-il à un désir de vengeance, comme semble le lui souffler le fantôme de Yamaga ? Ce que l'on appréciera vraiment ici, c'est la vision des choses qu'Ango est une nouvelle fois amené à façonner en devant éviter de céder aux pires pulsions vengeresses. Et cette vision des choses découlé évidemment de ce qu'il comprend de Mirei et de Yamaga. D'un côté une adolescente qui a tué sans état d'âme, mais qui semble avoir été nourrie par un passé difficile. De l'autre un ex inspecteur tué de sang-froid, loin d'être irréprochable autant dans sa nouvelle vie que dans ce qu'il veut inciter Ango à faire, mais ayant pourtant influé en bien sur certaines vies. En filigranes, le récit se permet aussi une très brève immersion dans des problèmes de société, en tête la misère des mères célibataires au Japon.

Voilà qui marque une nouvelle étape dans la vision des choses d'Ango : décidément rien n'est tout blanc ni tout noir. Depuis que la frontière entre la Vie et la Mort s'est affaiblie pour lui, c'est aussi sa vision de la Justice et des Hommes qui est bouleversée. Certains tueurs peuvent être tout à fait humains, et certaines victimes particulièrement retorses tout en ayant malgré tout des actes justifiés (rappelons-nous qu'après tout, le fantôme de la mère de Mirei a simplement voulu protéger sa fille même si elle l'a tuée... quoi de plus humain pour une mère ?).
Et cette vision des frontières floues des notions de Justice et de Mort, complètement bousculée chez Ango, est bien l'élément essentiel de toute la dernière ligne droite, et on peut même dire qu'à travers le choix final de l'inspecteur vis-à-vis de Haruna, elle trouve une concrétisation à la fois inattendue, forte et quelque part osée. Sur ce plan-là, Border livre une conclusion convaincante et satisfaisante... et le problème vient alors de toutes les autres pistes, purement et simplement laissées en plan après une dernière page tellement abrupte qu'on peine sur le coup à croire qu'elle conclut vraiment la série. Quid de la fillette ? de Mirei ? De l'avenir d'Ango ? De plusieurs relations qui ne furent qu'esquissées ? Il faut se dire que ce sera au lecteur d'imaginer tout cela, mais concrètement cela reste très frustrant.

Après avoir été mené de très bonne manière dans l'ensemble, ce quatrième tome offre donc à Border une conclusion qui satisfait au niveau de l'évolution de la vision des choses qu'a Ishikawa, mais qui laisse mitigé quant à toutes les autres pistes laissées en plan. Malgré la pointe de déception, l'ensemble du manga reste pourtant une lecture efficace, qui a su aborder son sujet plutôt convenu (un inspecteur qui voit les morts) sous un angle intelligent, voire déstabilisant.


Critique 1


Ango Ishikawa a jusqu’ici pu compter sur son « don » afin de pouvoir mener ses enquêtes. Nombreuses étaient les victimes, bien que méfiantes au départ, prêtes à coopérer avec lui. Mais, pour une fois, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Les choses ont même dérapé. Ango a pu faire confiance à plusieurs reprises aux fantômes des personnes décédées. Mais était-ce la confiance de trop ? Il est cependant déjà trop tard pour se poser une telle question, le drame s’est produit. Notre héros a pu constater de lui-même que le mal peut se confondre dans le bien, que rien n’est blanc ou noir : un tueur peut se montrer humain tandis qu’une victime peut mentir et amener à des répercussions graves.

Border nous avait laissé sur une fin de volume absolument surprenante et bouleversante. Cela a eu le don de propulser la série vers une tout autre ampleur. Mais la mort cérébrale de la coéquipière de notre héros semble être le début d’une réaction en chaîne où les morts vont tomber comme des mouches. Même écarté de l’enquête, Ishikawa décide malgré tout d’enquêter de son côté afin de trouver la tueuse qui est en liberté. Rien ne sera simple, surtout lorsqu’on sait que d’autres vies sont en jeu. Le personnage principal devra faire des choix et essayer de distinguer la frontière nébuleuse entre le bien et le mal. Résistera-t-il à la tentation ?

Dès les premières pages, il est difficile de ne pas être pris par l’intensité de l’intrigue et de ses enjeux. Petit à petit, Ishikawa fait son enquête et se rapproche tout doucement de la mineure criminelle. De manière simple et efficace, les auteurs nous content le déroulement de l’enquête. Ils ne tombent jamais dans le pathos, tout en ne négligeant pas l’humain et la tragédie. Plus rien ne sera plus pareil. Beaucoup d’interrogations se bousculent et se mêlent aux questions de la vie et de la mort ainsi qu’à son équité. Les conséquences s’enchaînent et ne semblent pas s’interrompre. Quant à ces conséquences, des décisions devront être prises. Au fur et à mesure, le héros s’étoffe et commence à trouver sa propre morale ainsi qu’in fine sa propre raison de vivre. Même s’il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre, il a finalement compris qu’il n’en était pas pour autant déresponsabilisé et étranger à la vie. C’est parce qu’on sait qu’on va mourir qu’on vit. Le tout est de ne pas regretter.

Malgré ce bon déroulement, cette belle montée en puissance, cette intrigante trame, la série s’achève abruptement, sans aucune explication, alors que beaucoup de choses restaient à résoudre. Quid du héros et de ses relations ? Quelles sont les dernières conséquences quant à son dernier choix ? L’éditeur japonais ou les auteurs auraient pu largement répondre à ces questions en rajoutant simplement un ou deux chapitres supplémentaires. Rien de tout cela. On nous plante au pire moment, au sommet morbide et tragique de l’histoire... Quel dommage !! On nous laisse sur une grande frustration et une grande amertume. Il aurait suffi d’un chapitre en plus, rien de plus. Pourquoi un tel arrêt ?

On se retrouve ainsi sur un sentiment mitigé. D’un côté, le contenu du dernier tome de Border était pratiquement sans défaut, juste, sensible, tendu, tragique, humain... De l’autre, on a difficile à accepter une telle conclusion qui s’arrête là où il ne devait pas. La déception est d’autant plus présente lorsqu’un petit rajout aurait suffi à éviter cela. Vraiment dommage ! Mais il serait cependant cruel de rejeter totalement cette petite série qui ne payait pas de mine et qui, sous ses allures simples, nous a agréablement surpris de par la profondeur qu’elle dégageait.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

12 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
titali
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs