Bonne nuit Punpun! Vol.12 - Actualité manga
Bonne nuit Punpun! Vol.12 - Manga

Bonne nuit Punpun! Vol.12 : Critiques

Oyasumi Punpun

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 17 Août 2016

Les effets du fait divers se poursuivent : suite à un bien étrange homicide, Punpun et Aïko ne cessent de s’engouffrer dans une fuite illogique. Ils semblent définitivement perdus. Deux âmes errantes dont les relations prennent des allures de spirale autodestructrice : ils se font souffrir autant qu’ils semblent s’aimer.

Un personnage légèrement mis en retrait fera son retour sur le devant de la scène, à l’instar d’un protagoniste fil conducteur : la mangaka Nanjo. Elle s’interroge quant à son rapport avec Punpun, entre amitié et sentiments amoureux, se remet en question. Pour cela, elle part à sa recherche. Un voyage qui lui permettra d’en apprendre davantage sur son passé en faisant, notamment, la rencontre du père de celui-ci, à Fukushima. Le personnage évolue.

Quant au couple d’amoureux – Punpun et Aïko – leur « road movie » malsain continu de plus belle, toujours dans l’oscillation entre bonheur à fleur de peau et pulsion de mort. La belle Aïko, à raison d’une enfance abominable, est en situation d’extrême faiblesse psychologique. Sa situation requiert l’aide et le cadre d’une personne d’une certaine sagesse pouvant lui témoigner équilibre, sérénité, affection, compréhension ainsi que la perspective d’un avenir meilleur. En lieu et place de cela, elle se retrouve avec Punpun… faible d’esprit subissant le monde, inintéressant et égoïste, lequel – comme si cela ne suffisait point – ne l’a respecte aucunement : Aïko achète un objet, il lui dit que cela est moche au lieu de l’interroger quant à ce qui put susciter chez elle l’envie de se le procurer… préférant la vulgarité à la compréhension de son prochain. Et, Aïko, elle… elle continue de le suivre… puisqu’elle n’a jamais eu personne d’autre dans sa vie… d’un nihilisme affligeant.

En dépit des différentes teintes à la fois sombres et noires traversées au gré des ouvrages de la série, cela sera sans doute la toute première fois qu’un de ceux-ci semblera empreint d’un tel climat crépusculaire : une chute lente et déliquescente : les émotions sont insoutenables, le vrai exulte, le réalisme est insupportable ; le monde semble, à certains endroits, s’effondrer.

L’auteur témoigne à nouveau d’une grande justesse dans la construction de ses personnages. Les planches n’ont jamais été aussi belles : les cinq doubles pages d’affilée mettant en scène Aïko en bord de plage sont à pleurer. Inio Asano paraît vouloir perdre son lectorat quant au devenir de tout cela en alternant à satiété entre espoir et désespoir, jusque dans les toutes dernières pages du livre.

Nombre de thèmes subrepticement égrainés au cours de l’épopée et depuis les débuts seront ici repris et mêlés, comme à l’habitude, au prisme enfantin de la maturation des protagonistes principaux : ciel étoilé, mensonges naïfs, promesses d’un amour, vaines perspectives, rêves mort-nés.

Aïko, climax de l’innocence et de la beauté, ayant commis pour seul péché d’être née dans des environnements familial et sociétal indignes qui auront aliéné son existence toute entière, aura-t-elle droit à ce qu’elle appelle de tout son cœur : une vie simple, humble et modeste, entourée par la nature, à s’occuper d’un jardin anodin avec, pour seule compagnie, Punpun, son amour d’enfance ? Ou va-t-elle sombrer vers le néant dans l’indifférence générale ?


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs