Bonne nuit Punpun! Vol.11 - Actualité manga
Bonne nuit Punpun! Vol.11 - Manga

Bonne nuit Punpun! Vol.11 : Critiques

Oyasumi Punpun

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 02 Août 2016

Jusqu’à encore aujourd’hui, ils auraient pu vivre de la manière la plus simple qui soit : dans la jouissance de leur rencontre et de s’être retrouvés : pauvres ; mais riches en leurs cœurs. Néanmoins, aux abords d’un fait divers, le destin semble avoir adopté la tangente : direction l’inconnu, l’inéluctable. Punpun se rend chez Aïko, en sa compagnie. La mère de cette dernière est une sorte de laideron psychopathe ; … folle, vulgaire, dégoutante, et, accessoirement, stupide : une sale bête. La situation dégénère. Punpun est forcé d’intervenir. Dans l’agitation, cette mère indigne perd la vie.


Horreur sociale, éducation honteuse : défaillance sociétale

Inio Asano en revient ici à l’une des thématiques centrales de cette série : cristallisée dès lors davantage par Aïko que le petit Punpun. Si, par interstices, il aura pu être aperçu le pourquoi de la personnalité d’Aïko, cela sera désormais manifeste. La belle Aïko aura passé son enfance auprès d’une personne qui n’a de mère que l’étiquette stérile : une chose infecte et à peine croyable qui n’a rien d’humain : une soi-disant mère qui baigna dans le déni de la réalité et abreuva Aïko de mensonges de sectes, lesquels amèneront le lecteur à comprendre clairement les propos de la jeune fille qui, alors à peine écolière, espérait, du fond de son âme, que Punpun ne lui mentirait jamais. Une vie passée dans la misère, dans le dépouillement constant – financier, culturel et affectif – afin de satisfaire la rente d’une secte lambda. Que fait donc la société pour offrir à chaque enfant l’égalité des chances dès la naissance, à travers un environnement social serein et propice à son développement optimal ? Pas suffisamment. Une société qui n’offre point les mêmes droits à ses ressortissants, mais qui, bien évidemment, leur impose les mêmes obligations : notamment la sélection scolaire ; alors que, de facto et des les débuts, la compétition est faussée à raison des disparités sociales susdites. Comme cette pauvre Aïko, aux racines régulièrement froissées depuis sa plus tendre enfance, et dont les branches semblent désormais vouées à être désemparées de leur sublime feuillage ; dans la violence silencieuse de l’indifférence contemporaine. D’où, par ailleurs, la figure de style graphique présentant Aïko en larmes sur une table d’école sur laquelle est inscrite « Malheur à celui qui est assis à cette table » : le simple fait d’être né en cet endroit aura condamné le sujet…


Le fait divers ; les faits divers

Depuis ses prémices, « Bonne Nuit Punpun ! » porte en lui le mal-être de ses personnages, de la banalité de leur existence. Et si, jusqu’à présent, la violence sociale demeurait celle, malheureusement, de l’ordinaire, une chute bien plus profonde semble être amorcée ici, à travers un fait divers, parmi d’autres : un homicide. Cependant, un autre fait divers prend de plus en plus de poids dans le récit : la secte aux psalmodiassions de « good vibrations » : un agrégat de loosers manipulés où sont venus s’engouffrer bien des personnages de la série… dont le gourou, manifestement incohérent, scande l’amour dans une perspective qui semble pourtant conduire son petit peuple à sa perte. Et pourtant, il ne paraît pas s’agir ici d’une critique de l’auteur à l’égard des sectes : difficile, encore, de se prononcer sur la signification de tout cela à ce stade, bien que certaines pistes soient perceptibles.


Incompréhension du monde et fuite en avant

Punpun et Aïko sont perdus. Avant cela ils ne comprenaient point le monde qui pouvait les entourer, ils le subissaient, continuellement. Désormais, il fera plus sombre que jamais. Si sensibles qu’ils sont, ils pensent, dans le cadre d’une situation – potentiellement et juridiquement – de légitime défense contre une broyeuse d’enfant meurtrière, avoir commis l’incompréhensible. Alors qu’ils auraient dû s’affairer à se précipiter dans le premier commissariat afin de pouvoir ensuite et éventuellement s’exprimer auprès d’un magistrat repu aux affaires sociales du genre, les deux jeunes gens vont s’enfermer dans une fuite sans fin, à l’instar de ces chevaux qui s’engouffrent cadrés de leurs œillères. Ainsi débute d’étranges noces. Un banal voyage en couple, intimiste et en dehors des villes, comme il peut tant y en avoir. Cependant, au grand désespoir, cela sonnera tout autant comme la condamnation de deux destinées ; de la mise aux bancs de la société de ceux qui avaient tout pour vivre heureux ; un amour qu’ils abritèrent en eux depuis l’enfance et que la vie, semble-t-il,  avait stupidement décidée de salir ; salir la beauté ; … il n’y a rien de plus laid,… de plus décadent, nauséabond et insupportable.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs