Bondz - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 02 Juin 2010

Toko Kawai commence à se faire un nom dans le domaine du yaoi, avec ce quatrième one shot paru dans les éditions Taïfu. Après Caffe latte, Juste au coin de la rue et Cut, c’est ici Bondz qui sort en France, titre signifiant lien, attache, bride, obligation … C’est le titre de la première nouvelle du recueil qui en comporte quatre. Bondz, donc, est un essai sur la recherche d’un plaisir non contenu entre deux hommes, à priori en couple, à priori « normaux ». Repousser les limites devient leur jeu, après une nuit passée ensemble, et les sentiments de Keita et de Tomo vont être chamboulés, entrent dans le jeu et se voient piétinés au passage. Jusqu’où va le désir, où commence l’amour ? C’est ce type de questions que développe cette première nouvelle, principale. Sans être la plus originale, Bondz est l’histoire la plus dérangeante. On sait bien que ce genre de situations existe entre deux êtres, mais voir représenté ce jeu du désir sans passer par l’émotion est assez inattendu, d’autant plus qu’il n’y a rien de malsain, de glauque ou de froid dans la narration, qui se veut tendre malgré le sujet abordé. Ensuite vient « Situation », ou l’histoire de Yô qui, traumatisé par des paroles d’une institutrice de son enfance, refoule l’amour qu’il éprouve pour son meilleur ami, homosexuel et follement amoureux de Yô tout en essayant de ne pas le montrer. Là encore, rien d’exceptionnel mais une jolie nouvelle sur l’importance des mots et l'apprentissage de l’enfance, où comment un petit rien peut avoir de grandes conséquences …

La troisième histoire est la plus originale. Elle raconte la romance entre un étudiant qui aime jardiner et l’une des roses qu’il protège. Rose ayant, l’espace d’une floraison, la possibilité de s’incarner en humain pour vivre son idylle tenue secrète tout ce temps. On y découvre alors beaucoup de sentiments touchants, l’angoisse de la séparation mais la confiance en l’amour, qui refleurira avec le printemps. C’est alors un joli petit conte de fée moderne que nous offre Toko Kawai. Enfin vient « Sakura », le dernier chapitre de ce one shot, qui met à l’épreuve les émotions en les confrontant aux classes sociales. Le riche héritier d’un PDG va ainsi habiter un mois chez un employé lambda, pour découvrir les choses simples de la vie, et l’amour nait peu à peu entre les deux jeunes gens, malgré l’impossibilité totale pour eux de continuer plus avant cette relation. Mais avant de se quitter, il faut voir un cerisier en fleurs … Si toutes les nouvelles de Toko Kawai font perdre en profondeur au manga, ne permettant pas un développement pertinent et à long terme des protagonistes, il propose des tableaux assez originaux, parfois par un petit rien ou par le ton abordé, sur des idées générales pourtant assez classiques. La subtilité de la narration permet alors de découvrir qu’une histoire courte n’est pas forcément synonyme de gâchis, et qu’il suffit parfois de quelques pages pour explorer le fondement et les aléas d’une relation.

Le traitement des graphismes n’a rien de nouveau pour les habitués de l’auteur : traits assez incisifs, mentons un peu longs et anguleux, corps élancés sur visages plus ou moins virils et un peu trop de ressemblances entre les divers personnages des quatre histoires du manga. Ceci dit, le coup de crayon est fin, très épuré par endroits, donnant une impression de douceur ou de légèreté très marquées sur certaines pages. Le cadrage est pertinent, les contrastes un peu légers mais les détails précis et des arrières plans savamment dosés et réfléchis. Seule la couverture est un peu terne sur les couleurs. L’édition de Taïfu Comics est plutôt bonne, avec une préhension agréable, une traduction satisfaisante … Bref, un travail tout à fait correct. On regrettera uniquement une transparence un peu trop marquée et des onomatopées pas toujours adaptées. Mais dans l’ensemble, Bondz se classe parmi les lectures agréables, qui font passer un bon moment et découvrir un peu d’originalité dans le classique.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs