Blue Period - Collector Vol.8 - Manga

Blue Period - Collector Vol.8 : Critiques

Blue Period

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 17 Mars 2022

Faisant partie, à juste titre, des lancements les plus remarqués de Pika Edition en 2021, Blue Period s'offre enfin une édition collector dans nos contrées. Et pour un manga parlant d'Art, quoi de mieux qu'un sketchbook en guise de supplément ? En plus d'une jaquette alternative représentant Yatora et Yotasuke avec un joli vernis sélectif (que les fans se rassure, la jaquette standard et imprimée au verso), c'est donc ce bonus que nous découvrons avant tout ici, celui-ci étant claqué sur l'édition collector japonaise du même volume. Au programme, un joli petit livre au même format que le tome, avec une belle couverture cartonnée bien épaisse et, à l'intérieur, réparties sur 24 pages, 13 illustrations couleurs en comptant celle de la page de garde (dont 4 en doubles-pages) puis 8 illustrations en noir et blanc. L'ensemble est astucieusement choisi, dans la mesure où il met suffisamment en avant Yatora ainsi qu'une bonne partie des personnages secondaires importants des premiers tomes, et qu'on y alterne entre desseins d'oeuvres d'art, portraits, véritables petites scènes... ainsi que 2 travaux d'autres artistes invités pour l'occasion, à savoir Marimo Tomori et Chiharu Otsuka, deux personnes faisant partie des différent(e)s collaborateur(ice)s sur la série. Pour un prix total de 10,95€ (donc 3,45€ de plus que l'édition standard), il y a, dans l'ensemble, de quoi ravir les fans du style de Tsubasa Yamaguchi, d'autant que la qualité d'impression est excellente grâce à l'utilisation d'un papier cartonné bien épais. On pourra juste, éventuellement, regretter l'absence de titre sur le dos de ce sketchbook, mais il s'agit vraiment d'un détail.

Revenons à présent au sein de la série, où nous laissions un Yatora plutôt démotivé suite à l'échec de son premier projet, un nouvel autoportrait qui est loin d'avoir convaincu les professeurs. Et c'est donc avec le mental plutôt bas qu'il doit s'attaquer au deuxième sujet imposé par les enseignants: "le paysage de Tokyo", pour lequel il faut produire une maquette et une peinture. Fort heureusement pour lui, ses retrouvailles opportunes avec Maki Kuwana ont permis d'ouvrir les yeux sur certaines choses à chacun des deux jeunes gens pour se regonfler à bloc ! Et ainsi, tandis que Maki se confronte à ses parents pour dire ce qu'elle veut et étudier temporairement la sculpture à l'académie des Arts de Tokyo, notre héros, de son côté, se fie assez vite le désir de représenter à nouveau Shibuya (l'objet de sa toute première oeuvre), mais en tirant parti de son besoin d'élargir ses horizons, d'expérimenter plein de choses, de faire de plus amples découvertes.

La conception du deuxième sujet occupe environ la moitié du tome, et pousse donc Yatora vers de nouveaux horizons. Cela passe, bien sûr, par les nombreuses expérimentations qu'il décide de faire, allant des plus "anecdotiques" (les idoles, conseillées par Maki) aux plus importantes, en particulier ici le Musée d'Edo-Tokyo qui va bien faire prendre conscience d'une chose au jeune homme: la ville ne s'est pas faite en un jour, est le fruit de l'accumulation de siècles d'Histoire et de cultures diverses... alors, comment en représenter efficacement le paysage ? Ici, Tsubasa Yamaguchi nous fait bien ressentir toute l'importance d'accumuler des connaissances sur différents registres, de se nourrir de tout pour enrichir notre propre vision des choses, et cela se ressent bien en Yatora, notamment quand il change d'avis sur l'Histoire: alors qu'avant il voyait ça comme quelque chose de snob voire barbant et très éloigné de lui, il en perçoit désormais toute la richesse et l'importance. La connaissance est donc essentielle pour un artiste, mais encore faut-il ensuite parvenir à accumuler les informations, et à les synthétiser dans une oeuvre. C'est là l'un des gros challenges qui se pose pour notre héros, qui doit y parvenir, en plus d'essayer de créer quelque chose qui serait bien" son oeuvre", c'est-à-dire quelque chose de non-formaté, exploitant sa propre sensibilité et ses propres moyens d'expression, moyens d'expression qu'il continue d'expérimenter. Et même si le résultat ne sera pas forcément excellent, on constatera bel et bien une réelle avancée dans la façon de Yatora d'appréhender les choses, comme le soulignera très bien la professeure Nekoyashiki, enseignante pourtant réputée cruelle derrière son allure insouciante et ses bouilles mimi.

Au rythme des nouvelles explorations, des nouveaux enrichissements, des nouvelles correction de notre héros, cette première moitié de tome est donc captivante, une nouvelle fois, tandis que la deuxième moitié de l'opus change légèrement de registre puisque les vacances d'été arrivent, et avec elles les longs préparatifs pour la fête culturelle, où tous les étudiants sont mobilisés. Se retrouvant dans le groupe de mikoshi qui a pour capitaine Kinemi, Yatora doit donc mettre la main à la pâte pour participer à la sculpture puis à la peinture de cet imposant "clou du spectacle" de la fête. Mais il va de soi qu'entre l'épuisement à force de travailler sous la chaleur, l'indisponibilité de certaines personnes (ce sont les vacances, après tout) et l'arrivée d'un typhon qui pourrait faire des dégâts, rien ne va se passer facilement...

Si cette deuxième partie de tome nous éloigne des cours et des sujets en eux-mêmes, elle n'en reste pas moins très prenante en nous invitant à la découverte d'un autre aspect essentielle de l'université: la vie universitaire elle-même, avec les préparatifs de cette fête. Et si l'ensemble est bien rythmé, c'est en particulier parce qu'il s'agit cette fois-ci d'un travail de groupe, et que qui dit travail de groupe dit présence plus prononcée d'un petit paquet de personnages que l'on prend plaisir à mieux découvrir. Que ce soit Yakumo dont la confiance en lui ne vient pas de nulle part et a été soigneusement bâtie, la pétillante Momo, la vice-capitaine Ayano dont on entrevoit bien les efforts et la personnalité, et surtout la toujours plus attachante Kinemi qui fait preuve d'une abnégation à toute épreuve et dont on entrevoit encore un peu plus le vrai caractère, nombre de visages y gagnent, dans une atmosphère collective appréciable, et pour un résultat qui ne fait que renforcer l'immersion dans le récit.

Il s'agit donc, comme toujours, d'un très bon volume pour Blue Period. Maintenant que le cadre universitaire est bien installé, Tsubasa Yamaguchi en profite ici pour développer un peu plus cet univers nouveau pour Yatora, tout en ne perdant jamais de vue ses réflexions sur l'apprentissage artistique et sa galerie attachante de personnages.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs